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Mozambique : regain de tension entre le pouvoir et l’opposition

Le symbole a beaucoup fait rire sur les réseaux sociaux. Lundi 14 septembre, une colombe est restée postée plusieurs minutes aux pieds du leader de l’opposition mozambicaine, Afonso Dhlakama. Celui-ci participait aux vingt ans de l’Université catholique aux côtés de l’ancien président Joaquim Chissano, avec lequel il a signé en 1992 les accords de paix qui mirent fin à seize années de guerre civile. Plus de vingt ans plus tard, et alors qu’il menace de prendre le pouvoir par la force dans le centreet le nord du pays, c’est toujours le même homme qui détient la clé de la paix au Mozambique.

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Mais samedi, le convoi d’Afonso Dhlakama s’est fait attaquer par des hommes armés près de Chimoio (centre), alors que l’opposant s’en revenait d’un meeting dans les environs. Ressorti indemne, le chef de la Renamo a immédiatement dénoncé une attaque des forces d’intervention spéciale de la police, qui a démenti. « Il faisait noir, comment ont-ils pu distinguer qui que ce soit ? », a déclaré le commandant de police Armando Mude, le soir de l’incident.

Sauf que le journaliste André Catueira de l’agence portugaise Lusa a assisté à la scène. Selon lui, trois hommes de la Renamo ont été blessés par des tirs contre leurs voitures, et les assaillants, armés de kalachnikovs, portaient des uniformes de la police. Alors que le Frelimo, le parti au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1975, a accusé lundi la Renamo de simuler une attaque et de chercher des prétextes pour réenclencher une guerre, lesmédias locaux s’embrasent une nouvelle fois autour des différentes versions.

Paradoxalement, Afonso Dhlakama, qui a dénoncé une embuscade orchestrée par le Frelimo, a assuré quelques heures après l’incident qu’il considérait « qu’il ne s’était rien passé » et qu’il poursuivrait le dialogue. Cet incident n’est en effet qu’un affrontement de plus entre les troupes gouvernementales et les hommes de la Renamo ces derniers mois. La presse locale fait ainsi état de plusieurs escarmouches depuis juin dans la province riche en charbon de Tete (ouest). Un seul mort parmi l’armée selon les chiffres de la police, plusieurs centaines selon la Renamo.

Le scénario rappelle de manière inquiétante l’année 2013, où la Renamo n’avait pas hésité, suite à des provocations de l’armée, à reprendre les armes pour imposer au gouvernement une modification de la loi électorale. L’accord de cessations des hostilités, signé le 5 septembre 2014, avait permis à Dhlakama de sortir de sa cachette dans les montagnes de Gorgossa (centre) et de concourir pour la cinquième fois aux élections d’octobre.

Un an après, la situation est de nouveau tendue, alors qu’Afonso Dhlakama a ordonné fin août à sa délégation de ne plus siéger lors du dialogue de paix hebdomadaire qui prend place habituellement le lundi à Maputo. Et pour cause : 114 rounds de dialogue plus tard, la branche armée de la Renamo n’est toujours pas réintégrée dans l’armée régulière et la police, comme le prévoit l’accord du 5 septembre, et la mission d’observation internationale chargée de surveiller le cessez-le-feu a été renvoyée.

En parallèle, l’ancien rebelle de la guerre civile qui mène la Renamo depuis 1979 et s’enorgueillit d’avoir apporté la démocratie au Mozambique, est arrivé une nouvelle fois second aux élections d’octobre. Afonso Dhlakama conteste à nouveau le résultat, d’autant qu’il a cette fois opéré une remontée insoupçonnée, raflant plus d’un tiers des voix.

Un score dont il tire désormais la légitimité pour réclamer un partage du pouvoir. Il revendique ainsi six provinces sur onze, situées dans le centre et le nord du pays, où, en tournée permanente, il organise des meetings populaires pour démontrer sa force de nuisance.

« La Renamo est déjà en train de gouverner », assure-t-il à ses supporteurs depuis quelques semaines. Suite à l’échec du dialogue de paix, Afonso Dhakama a récemment annoncé la création de deux nouvelles bases militaires en Zambézie (centre) et d’une police de la Renamo, chargée d’assurer la sécurité des nouvelles provinces autonomes qu’il entendinstaller « par la force s’il le faut ». En face, le président Nyusi oscille entre fermeté et tentatives ratées de conciliation, au gré des dissensions dans son propre camp.

Face à cette incertitude, plusieurs centaines de personnes, sur les 6 000 déplacés suite aux affrontements de 2013 et 2014, se refusent à rentrerdans leurs zones d’origine. « Il n’est pas garanti que le cessez-le-feu tienne. Ici sont présents des militaires des deux parties et avec l’augmentation des différents, la peur est revenue », a déclaré Feliz Candeado, un habitant déplacé de Gorongosa, à l’hebdomadaire Savana.

La population dénonce des exactions commises par les forces gouvernementales, des vols d’animaux, des abus sexuels, qui rappellent les heures sombres de la guerre civile. « Nous voudrions bien savoir si c’est encore la population qui doit “alimenter” les militaires que le gouvernement envoie », s’indigne-t-il.

 

Source: lemonde.fr

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