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Mouvement d’humeur des revendeurs de ciment plus de cent camions bloqués à la frontière Sénégal-Mali

Suite à un malentendu avec les autorités au sujet de la valeur de référence pour la taxation du ciment en provenance du Sénégal, les importateurs décident de ne pas dédouaner leurs commandes. Conséquence : une très longue file de camions chargés de ciment est en attente à la frontière, entre Kidira et Diboli.

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« Qu’on ne parle pas de grève ou de bras de fer entre nous et les autorités. Ce n’est ni l’un ni l’autre. Nous sommes tout simplement libres de dire tout haut ce que nous voulons afin qu’on nous entende pour prendre en compte nos doléances que nous jugeons fondées ». Ainsi parle Mamadou Draméra, porte-parole du jour, en lieu et place du président de l’Association de revendeurs de ciment, Alou Bathily.

C’est en quelque sorte un appel du pied lancé au Gouvernement pour lui signifier que c’est faute de ne pas être écoutés que les importateurs de ciment agissent de la sorte. En d’autres termes, la porte du dialogue n’est pas fermée de leur côté, contrairement au camp des autorités publiques où on dénote une sorte de radicalisation. De quoi s’agit-il exactement ?

Sous l’effet de la concurrence nationale, déclare-ton, le prix du ciment a connu une baisse au Sénégal. Ce serait dû au démarrage des activités d’une nouvelle cimenterie, la troisième du Sénégal et appartenant au Groupe Dangoté. Mais en fait de baisse, les cimentiers du Sénégal ont aligné le prix du ciment exporté vers le Mali sur celui produit localement dans les usines de la firme indienne Wacem. C’est ainsi qu’au lieu de 48 500 FCFA la tonne comme auparavant, les importateurs maliens s’approvisionnent donc au prix de 42 500 FCFA la tonne chez les industriels sénégalais.

Dès lors, les importateurs ont voulu que cette baisse soit répercutée par la douane sur la taxation du ciment importé du Sénégal, notamment en ce qui concerne la valeur de référence à partir de laquelle il est appliqué la taxe de 18% en vigueur. En d’autres termes, les importateurs veulent que ce taux soit appliqué sur le prix d’achat de la tonne à 42 500 FCFA, au lieu de 48 500 FCFA.

La Direction nationale du commerce et de la concurrence (Dncc), selon les dires des importateurs, avait accepté le principe, notamment au niveau des intentions d’importation. Mais toujours selon les importateurs, au bout d’une quinzaine de jours, des instructions contraires auraient été données à la Dncc pour reconduire l’ancienne valeur de référence, à savoir 48 500 FCFA.

Pour les professionnels du commerce de ciment, c’est comme un diktat de l’Etat qui tient à ne considérer que l’ancien prix d’acquisition de la tonne, nonobstant la confirmation de la variation du prix attestée par les documents  qui accompagnent les cargaisons, de l’embarquement jusqu’à l’arrivée. Des vérifications effectuées par des services de l’Etat au niveau du Sénégal ont confirmé l’application de ce nouveau prix d’achat du ciment par les importateurs maliens. Il y a visiblement donc un malentendu qui pourrait se transformer en une véritable source de conflit si le fil du dialogue, actuellement rompu – comme le déplorent les importateurs – n’est pas rétabli pour trouver une solution mutuellement avantageuse.

 

 

Un manque à gagner de plus de 3 milliards de FCFA

 

Mais il est clair que si l’Etat accède à la demande des importateurs, c’est pour supporter un manque à gagner important au plan financier, au moment où, au contraire, la tendance est à l’accroissement des sources de recettes budgétaires pour lesquelles la Douane reste le plus grand contributeur. En effet, sur la base d’une importation annuelle de près de 1,5 millions de tonnes (chiffre d’une prévision minimaliste), l’Etat perdrait près de 3,240 milliards de nos francs en accédant à la demande des importateurs de ciment. Est-ce le premier point de blocage car il y en aurait d’autres.

Selon une source très au fait des questions budgétaires, une mesure comme celle demandée par les importateurs, pour être appliquée, nécessite certaines dispositions au niveau, à la fois du ministère de l’Economie et des Finances et de celui du Commerce. En clair, il ne suffirait pas d’un simple changement apporté au niveau des déclarations d’intention, pour la bonne et simple raison que le ciment importé, au-delà de son apport budgétaire, constitue un des produits stratégique sur lesquels l’Etat veille comme du lait sur le feu. En effet, autant il faudrait faciliter son importation aux fins d’éviter une pénurie préjudiciable au secteur des BTP, autant il faudrait veiller à aménager les conditions d’un développement stratégique du secteur pour que le Mali ne soit pas, encore et toujours, le déversoir de la production de pays voisins qui se développeraient ainsi sur son flanc et à son détriment.

A ce niveau, il nous revient que cette baisse du prix du ciment au Sénégal pour s’aligner sur le prix de cession de la tonne par l’industriel local, Diamond Cement du Groupe Wacem, ressemble fort à une entente sur les prix réalisée par les industriels sénégalais afin de mieux capter la demande de ciment en provenance du Mali, puisque le marché intérieur sénégalais devient de plus en plus étroit, avec trois gros calibres qui se le disputent : la Sococim, les Ciments du Sahel et la nouvelle cimenterie de l’homme le plus riche d’Afrique, Ali Dangoté dont l’usine est installée à Pout dans la région de Thiès.

 

 

 

ENCADRE

Wacem en difficulté pour satisfaire la demande locale

Récemment, les autorités publiques ont pris des mesures relatives à la suspension des exonérations sur les importations de matériaux de construction. Des décisions saluées par les industriels qui y voient déjà la volonté manifeste de poser les jalons de la construction d’un environnement favorable à l’épanouissement des industries locales. C’est certainement cette dynamique qui justifie, en partie la réticence du Gouvernement à suivre une manipulation des prix du ciment importé. Effectivement, si le principe est acquis, il peut y avoir de graves conséquences à l’avenir car les industriels sénégalais, sur la base d’une entente sur les prix, pourraient encore tirer le coût de cession de la tonne vers la baisse, pour s’accaparer du marché national malien.

Du côté des importateurs, on semble conscient des enjeux, mais il y a que l’opérateur local du ciment, le Groupe Wacem, ne parvient pas à satisfaire la demande locale. Forcément, il faudrait recourir à l’importation de ciment pour satisfaire les besoins toujours croissants du secteur du BTP. Si tout marche bien à Wacem, la capacité de production déclarée de ses usines est de 1,5 million de tonnes. A peine la moitié de la demande nationale annuelle. Ce qui fait que les gros porteurs passent plusieurs jours devant ses usines avant de disposer du stock à charger, pendant que les camions envoyés au Sénégal reviennent vite avec leur chargement.

De part et d’autres, des arguments existent, en mesure de soutenir chacune des positions. Reste à les confronter directement à travers une concertation pour débloquer la situation afin de nous éviter une éventuelle pénurie de ciment.

 

 

La rédaction

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