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Moussa Balla Coulibaly propose : « Le futur président de la République devra soumettre au peuple un projet de nouvelle Constitution avant la tenue des législatives »

Moussa-balla-xConnu pour la pertinence de ses analyses et la perspicacité de sa vision, Moussa Balla Coulibaly, qui avait, avant la date, appelé à  » une transition sans ATT conduite par le président de l’Assemblée nationale « , revient encore une fois à la charge.

 

A travers une tribune dont L’Indépendant a obtenu l’exclusivité, l’ancien président du Conseil économique, social et culturel (CESC) propose que le futur président de la République soumette, avant la tenue des législatives, un projet de nouvelle Constitution au suffrage universel. Avec pour objectif que la prochaine Constitution puisse  » être l’expression malienne de la démocratie, comme existe l’expression française, anglaise, américaine… ».

 

A l’occasion, il passe en revue les 53 ans d’histoire du Mali, allant de la  » démocratie à parti unique  » au coup d’Etat du 22 mars 2012  » perpétré par un groupe hétéroclite d’officiers subalternes et de sous-officiers « . Selon lui, notre pays est aujourd’hui à la croisée des chemins. D’où cette analyse et ces propositions pour une véritable renaissance du Mali.  
En cinquante ans, nous avons pratiqué la Démocratie venue d’ailleurs sous toutes ses formes.
1960-1991 : Démocratie à Parti unique
Dite populaire quand la gestion de l’économie est étatique, l’entrepreneuriat privé étant l’exception. Ce système politique fut celui de l’Europe de l’Est, de la Chine qui le perpétue avant la touche de Deng Xiaoping (qu’importe la couleur du chat, tant qu’il attrape la souris). Ce système peut être aussi tout simplement un moyen de confiscation du pouvoir en perdant toute connotation idéologique. Tel fut le cas sous la IIe République.
La révolte populaire de mars 1991 qu’accompagne un coup d’Etat militaire met fin à la Démocratie à Parti unique.
1992-2002 : La Démocratie occidentale
La revendication fondamentale de la révolte populaire est l’instauration du multipartisme intégral, c’est la démocratie occidentale. Cette revendication est plus que satisfaite. Au jour J, temps T, nul ne peut donner le nombre exact des partis politiques maliens. Car, au jour J, temps T, un parti est en train de naître.
La multiplication des partis politiques n’est que le décorum de la Démocratie occidentale, l’essentiel étant la coexistence d’une majorité qui gouverne et d’une minorité qui contrôle la gouvernance et prépare des solutions alternatives.  Durant les deux premiers quinquennats, l’opposition a choisi comme objectif d’empêcher la majorité de gouverner par une occupation permanente de la rue par des militants et par des élèves et étudiants. Ce fut une période de crise permanente.
2002- 2012 : Un indépendant à la tête de l’Etat
Un indépendant, c’est-à-dire quelqu’un qui n’appartient à aucun parti politique, est  » élu  » président de la République avec l’aide, sinon la complicité des partis politiques créés pour la conquête et l’exercice du pouvoir. L’indépendant, tirant la leçon du passé récent, met en place un système appelé  » consensus  » et qui empêche l’institution d’une opposition crédible. Il invite tous à la table du festin ; étant entendu que le maître d’hôtel sert la tablée selon les indications de l’occupant du Palais. De fait un homme seul manipule tout le système politique. Il règne et gouverne seul ! Cet exercice solitaire du pouvoir n’a d’autre nom que la DICTATURE.
Le multipartisme intégral accouche du CONSENSUS qui est l’EMASCULATION des partis et de toutes les institutions de la République. Et ce qui devait arriver arriva : une mutinerie se transforma en coup d’Etat perpétré par un groupe hétéroclite d’officiers subalternes et de sous-officiers. La veulerie du chef, qui est un Général d’Armée, assure la réussite du coup d’Etat qui, comme d’habitude, obtient le ralliement de la hiérarchie militaire prête à participer au partage du gâteau.
En cinquante ans, nous voici donc au terme de notre pratique de la démocratie sous toutes les formes : démocratie populaire, pluraliste et consensuelle, une pratique qui aboutit à la destruction de l’ETAT.
Que faire face à ce constat douloureux ?
Cette interrogation qui s’impose exige une réponse pour la construction d’un avenir digne de notre grand passé ! Il est certain que l’Etat à construire ne peut être que DEMOCRATIQUE, c’est-à-dire que la souveraineté appartient au peuple qui l’exerce soit directement, soit par délégation. C’est l’organisation de la délégation de la souveraineté par le peuple qui requiert les élections.
Dans le cas précis du Mali qui est sous un régime de tutorat, il faut répondre urgemment à l’exigence des  » partenaires  » d’un président de la République élu et proprement élu. Une fois que le peuple aura délégué la souveraineté, doit être entreprise, sous l’autorité du président élu, la refondation de l’Etat.
Sortir du formalisme démocratique
Il faut absolument sortir du système qui nous a conduits à la catastrophe, c’est-à-dire du formalisme démocratique. Partant de nos réalités, de nos valeurs de société, nous devons construire notre propre expression de la Démocratie. Inutile d’élire des assemblées qui ne sont que des chambres d’enregistrement accompagnant l’Exécutif dans le reniement des règles républicaines, partant la destruction de l’Etat.
Le président de la République élu doit mettre en place une commission de rédaction d’une nouvelle Constitution qui sera soumise à référendum avant la tenue des prochaines élections législatives. Il nous faut absolument sortir du mimétisme qui est un reniement de nous-mêmes.
La prochaine Constitution doit être l’expression malienne de la démocratie. Comme il existe l’expression française, anglaise, américaine…de la démocratie. Ce sera là un jour nouveau pour le Mali. Ce jour nouveau doit être la renaissance du Mali.
Moussa Balla COULIBALY, Ancien président du CESC, 
Ancien président du CNPM

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