Sortie bredouille de la rencontre avec le chef de l’Etat il y a quelques jours de cela, l’opposition malienne change de fusil d’épaule. Elle vient de déposer une motion de censure contre le Premier ministre Moussa Mara. L’objectif visé est de le déposer afin que le président leur fasse appel dans le cadre de la formation d’un gouvernement dit de large ouverture.
Les vieilles habitudes, dit-on, ont la vie dure. L’opposition malienne, qui ne dispose que de vingt (20) députés sur les 147 que compte l’Assemblée nationale du Mali, vient de déposer une motion contre le Premier ministre Moussa Mara. Quelle mouche a piqué le parti du «Soninké» de Niafounké, la tête pensante de l’opposition, pour demander le départ de la primature du président- fondateur du parti Yèlèma, qui siège à l’hémicycle avec un seul député.
Comme dit le sage : «Toutes les œuvres du monde ont donné naissance à des merveilles, sauf la politique qui donna naissance à des monstres qui se dévorent». L’opposition a-t-elle bien réfléchi avant d’entreprendre un tel exercice ?
Aujourd’hui, il faut reconnaître que Moussa Mara est entré dans l’histoire. Une fois nommé Premier ministre, il s’est mis au-dessus des partis politiques, malgré sa casquette de président de parti. Il est l’espoir des militants de la demande sociale.
Déposer Moussa Mara, par une motion de censure, par la volonté de partis politiques qui n’arrivent toujours pas à digérer sa mise à l’écart de la gestion publique, serait mal perçu par la population malienne qui attend beaucoup de ce jeune qui a pris la dimension de la précarité dans laquelle vivent ses concitoyens. Et si on livre le Premier ministre aux loups du landerneau politique malien, on assassinera l’espoir des militants de la demande sociale qui ne demandent une seule chose au président qu’ils ont plébiscité à plus de 60% : le changement. Sans lequel il n’y aura jamais de la saine distribution de la justice encore moins de la répartition équitable des ressources du pays entre ses fils.
L’ancien président, Alpha Oumar Konaré, surnommé «professeur» de la démocratie en Afrique et en même temps fossoyeur de notre démocratie, a habitué les démocrates maliens à la formation de gouvernement de large ouverture et dès lors, les fondateurs de partis politiques se sont mués en syndicalistes pour défendre leurs propres intérêts. Et depuis, notre démocratie est devenue une histoire de tubes digestifs.
Brin COULIBALY
SOURCE: Inter De Bamako