Sauf revirement de dernière minute, c’est aujourd’hui vendredi 19 avril 2019 que les députés du Rassemblement pour le Mali, RPM et ceux de l’Opposition voteront la motion de censure déposée 72 heures avant, contre le Gouvernement. Ce serait une première fois dans l’histoire de notre jeune démocratie que la majorité dépose une motion de censure contre le gouvernement sorti de ses flancs. Les députés du RPM passent du coup des défenseurs aveugles d’un système qui a conduit le pays dans l’impasse à l’audace de dire non quand le pays est menacé dans ses fondements.Vont-ils aller jusqu’au bout en votant cette motion ?
Tous les regards seront tournés aujourd’hui vers l’hémicycle du Mali où se dérouleraient les débats autour de la motion de censure déposée conjointement par la Majorité et l’Opposition contre le gouvernement de Soumeylou Boubèye Maiga, SBM. Cette motion de censure, première du genre dans l’histoire de notre démocratie, car déposée par la Majorité contre son gouvernement, semble être un tournant décisif dans la résolution de la crise politique. Par le seul fait de déposer une motion de censure contre le gouvernement, les députés du parti majoritaire à l’hémicycle sont en train d’écrire une page glorieuse de l’histoire de notre pays. Mais, la question que beaucoup des maliens se posent est celle de savoir si les députés de la Majorité pourraient résister à la pression du gouvernement auquel ils sont, pour la plupart, redevables en tant qu’opérateurs économiques ? En tous les cas, les députés RPM jouent leur avenir politique. S’ils venaient à capituler en votant contre la motion de censure, ils se seraient discrédités aux yeux de l’opinion nationale et s’exposeraient à la sanction populaire aux prochaines échéances électorales. Mieux, la reconstruction ou la redynamisation du RPM, qui est le souci majeur des cadres et militants du parti des tisserands, ne serait plus qu’une illusion.
Donc, les députés RPM sont aujourd’hui entre le marteau du gouvernement qui déploiera tous les moyens humains et financiers pour mettre à minorité les élus rebelles et les humilier si possible, et l’enclume du peuple dans sa large majorité qui attend des députés un coup de grâce salvateur. Les conséquences de l’une ou de l’autre hypothèse sont énormes pour notre pays et sa démocratie. La première conséquence, en cas d’échec de la large majorité des députés frondeurs à faire aboutir la motion, est l’inimitié d’une frange importante du peuple envers ses élus et la mise à rude épreuve de leur légitimité. La deuxième conséquence pour tous les députés est les risques qu’ils pourraient encourir dans leurs bases et même dans leurs lieux de résidence.
S’agissant des conséquences de l’hypothèse où le gouvernement échapperait de justesse au vote des 2/3 des députés nécessaires pour faire partir le PM et son équipe ; SBM et son staff sortiront non seulement très affaibli, mais aussi et surtout,s’exposeront à la vindicte populaire. Tous les ingrédients d’un soulèvement étant réunis, il est fort à parier que si rien n’est fait pour résoudre les multiples crises qui secouent le pays, un soulèvement populaire n’est pas à écarter.
En somme, les députés de la majorité ont entre leurs mains le destin de toute une nation. De leur comportement ce vendredi, dépendra la résolution ou la crispation de la crise politico-sociale. Ils sont alors entre la Gloire et la Pleutrerie.
Youssouf Sissoko
Source: Infosept