Démarrée le jeudi 12 mai 2022 au terrain de foot de Magnambougou en commune VI, la Campagne nationale de planification est une aubaine pour les acteurs de la santé de la reproduction de rendre encore plus accessibles les produits de contraception.
Depuis 2012, le Mali vit une crise multidimensionnelle dont l’une des conséquences est la violence sexuelle exercée sur les femmes et les jeunes filles. Des populations ont dû quitter leur terroir et surtout des infrastructures de SSR. La 18ème édition de la Campagne de planification familiale, sous la houlette du ministère de la Santé et du Développement social à travers l’Office national de la santé de la reproduction, a été lancée le jeudi 12 mai 2022. Le thème, «Planification familiale en période de crise, solidarité aux personnes déplacées et aux victimes de violences», vise à contribuer à la réduction de la mortalité maternelle et néonatale par l’augmentation du taux de prévalence contraceptive à travers le recrutement des utilisateurs des méthodes modernes de planification familiale.
Mamoutou Diabaté, membre de la société civile, se réjouit du choix du thème de cette 18ème édition. Il permet, dit-il, d’échanger sur la problématique de l’accès des femmes et des jeunes notamment les déplacés, aux services de la SR/PF répondant à leurs besoins et de faire des propositions de solutions appropriées.
Superviseur au sein de l’ONG «Population Service International» (PSI-Mali), membre du consortium ‘’Bangué kolosi Nyeta’’ regroupant l’AMPPF et «Marie Stop international», Mandiou Koba préfère mettre l’accent sur l’utilité de la planification familiale contre la mortalité infantile, néonatale et maternelle, notamment chez les déplacés qui sont au cœur de cette 18ème édition. «Ces déplacés sont vraiment dans le besoin. Ce sont des couches défavorisées qui ont besoin des services de santé notamment les produits contraceptifs », explique-t-il.
Pour le moment, la question est en réflexion parce qu’on a beaucoup de stratégies communautaires. «C’est l’un des volets. Je pense que certaines ont été déjà sensibilisées. Dans les jours à venir, nous souhaiterons amplifier davantage cette activité de rapprochement avec les réfugiés», souligne-t-il.
Amélioration de la santé de la mère et de l’enfant
Pour Mme Yalcouyé Awa Guindo, Présidente nationale de l’Association des Sages-femmes du Mali, la planification familiale, à travers l’accès facile aux produits contraceptifs, est un moyen essentiel et la seule stratégie de lutte contre la mortalité maternelle et néonatale. «La planification familiale permet le bien-être de la famille à travers l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant».
Mme Yalcouyé Awa Guindo explique que la seule stratégie qui peut éviter à une femme de tomber en état de grossesse étant jeune est la planification familiale. De plus, «Quand une femme donne naissance chaque année, cela n’est pas bon pour sa santé». Les multiples grossesses fatiguent l’utérus et jouent sur la santé des enfants. «Enfin, les grossesses trop tardives constituent d’autres dangers. Une femme qui s’est mariée tôt et a commencé la maternité tôt doit arrêter à l’âge de 40 ans».
Diminution de la mortalité maternelle dans le monde de 30%
Selon elle, la seule stratégie qui a montré, au niveau mondial, son efficacité à diminuer la mortalité maternelle de 30%, est la planification familiale. «Quand il y a 100 décès maternels, les 30% peuvent être évités par la planification familiale en rendant surtout l’accès facile aux différents produits de contraception à la portée de la population », a expliqué la Présidente nationale de l’Association des sages-femmes du Mali.
Pour Assétou Niangadou, 30 ans: «la planification familiale joue un rôle important dans un foyer, dans un couple car, elle permet de mettre un temps de récupération pour le corps, chose qui est bénéfique pour la maman et aussi pour l’enfant. En plus, elle amène la stabilité financière également ».
Abondant dans le même sens, Aminata Konta, déplacée venue de Bankass et mère d’un petit garçon, s’est confiée : « Quand j’étais à Bankass, je ne pratiquais pas le planning car l’accès à l’hôpital n’était pas facile. Mais depuis que nous sommes ici, les agents viennent nous informer, nous sensibiliser et l’accès aux produits est devenu facile car on nous les offre afin que la mortalité infantile et maternelle puissent être diminuée en mettant des distances entre les naissances ».
Ce reportage est publié avec le soutien de JDH et FIT en partenariat avec WILDAF et la Coalition des OSC-PF
Source : Le Challenger