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Mort de deux militaires Français à Ménaka, samedi 2 janvier dernier: L’attaque revendiquée par le GSIM d’Iyad Ag Ghali

Comme on s’y attendait, l’attaque à l’engin explosif improvisé (EEI), survenue près de Ménaka, le samedi 2 janvier dernier, contre un blindé de l’Opération Barkhane, a été revendiquée par le  » Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans  » (GSIM). Sur les trois soldats français blessés suite à cette attaque, deux sont décédés et le dernier a survécu.

 

Pour rappel, cette attaque est survenue aux alentours de 11 heures, à Tabankut, localité située à environ 3 km de Ménaka. Les trois soldats de Barkhane, à bord du véhicule objet de l’attaque, relèvent du deuxième régiment de Hussards de Haguenau (un régiment blindé de recherche du renseignement de l’Armée de terre). Les deux décédés ont pour noms le Sergent Yvonne Huynh, âgée de 33 ans et le Brigadier Loïc Risser, 24 ans. Au moment des faits, ils étaient en mission de reconnaissance dans la région de Ménaka.

Signalons que le sergent Huynh est la première femme militaire française à perdre la vie au Mali. Elle appartenait au 5e Régiment du Génie en tant que réserviste, avant de s’engager le 7 novembre 2006 au sein du 3e Régiment d’Artillerie de Marine [RAMa], avec lequel elle effectuera sa première opération extérieure (OPEX) au Tchad, dans le cadre de l’opération Épervier. Après un passage à la Réunion, en tant que chef de groupe au sein du régiment du service militaire adapté, c’est en 2017 qu’elle sera sélectionnée pour rejoindre le 2e Régiment de Hussards afin de servir au sein d’une équipe de recueil d’information.

Quant au Brigadier Loïc Risser, il avait rejoint le 2e Régiment de Hussards quelques mois avant le sergent Huynh. Engagé dans l’Opération Sentinelle en 2017, le brigadier Risser avait déjà une riche expérience opérationnelle étant donné que cette mission au Mali était sa troisième depuis 2018.

Deuxième attaque du GSIM contre Barkhane en moins d’une semaine

Cette attaque intervient cinq jours après qu’une autre ait ciblé une patrouille de la force Barkhane près de Hombori, dans la région de Mopti. Les trois soldats français qui étaient à bord du Véhicule Blindé Léger (VBL) ayant sauté sur un engin explosif improvisé (EID) ont tous péri. Cette attaque avait été revendiquée par le  » Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans  » (GSIM) d’Iyad Ag Ghali. Lequel indiquait que c’était en représailles contre la présence militaire française au Mali ainsi que les caricatures contre le Prophète (PSL).

Le même groupe a aussi revendiqué l’attaque survenue, le samedi 2 janvier dernier, à Ménaka, tuant deux militaires français. Il convient de préciser que Ménaka faisant partie de la zone dite des trois frontières (Mali-Burkina Faso et Niger) est occupée au Nord par les éléments du GSIM et au Sud par ceux de l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS). Par ailleurs, il faut préciser que ces attaques du GSIM contre l’Opération Barkhane étaient attendues dans la mesure où les militaires français avaient récemment accentué les actions contre ce groupe, notamment dans la zone du Gourma. Ce qui avait donné un avantage certain à l’EIGS, alors que c’est celui-ci qui avait été déclaré ennemi prioritaire lors du sommet de Pau (France) tenu en janvier 2013 entre les dirigeants des pays du G5 Sahel et de la France. Raison pour laquelle certains n’avaient pas hésité à s’en prendre à la France jugée hostile à un dialogue avec les terroristes alors que les nouvelles autorités du pays étaient favorables à cette option pour ramener la paix.

Par ailleurs, selon un observateur averti, ces attaques au Centre et au Nord-est, survenues en moins d’une semaine contre l’armée française, ne sont pas anodines. En effet, le choix de la zone de Hombori s’explique par le fait que le chef d’Etat-major des armées françaises, le Général François Lecointre, s’y est récemment rendu lors de sa visite de 48 heures effectuée le 10 décembre dernier au Mali. Quant à Ménaka, c’est là qu’est prévu le déploiement de l’Opération Takuba censée regrouper des forces spéciales européennes.

Majorité des victimes militaires tuées par les EEI

En tout état de cause, avec l’attaque survenue le samedi dernier dans la région de Ménaka, ils sont désormais 49 soldats français tués au Mali depuis le début des interventions militaires en janvier 2013.

Au Sahel, on en compte une cinquantaine depuis cette date. A noter que la majorité des soldats français morts au Mali ont été tués par des engins explosifs improvisés (EEI) appelés aussi mines artisanales. Ces armes touchent non seulement les militaires, mais aussi et surtout les civils ainsi que les combattants des mouvements armés impliqués dans le processus de paix. De plus, pour les terroristes du GSIM, il est important de faire plus de victimes dans les rangs des militaires français dans la mesure où cela pourrait représenter un moyen de pression aux yeux de leur opinion, avec pour conséquence d’accélérer leur retrait du Mali.

Ansongo-Ménaka, la Route de la mort

Sur l’axe reliant Ménaka à Ansongo – également connu sous le nom de  » Route de la mort « , distant d’environ 220 kilomètres, ces armes silencieuses sont très prisées par les terroristes qui évitent d’affronter frontalement les militaires français beaucoup plus équipés qu’eux. Si certains parmi ces engins explosifs se déclenchent lors du passage d’un véhicule grâce à un mécanisme appelé « pressure plate », d’autres sont commandés à distance.

Depuis fin 2016, la base française de Gao abrite un laboratoire d’exploitation contre les EEI, le seul du genre pour toute l’Opération Barkhane. L’endroit ressemble à n’importe quel laboratoire de police scientifique, en plus spartiate et plus exigu. Ce qui n’empêche pas les terroristes de démontrer leur savoir-faire pour fabriquer les engins explosifs assez rustiques mais fonctionnels. Pour leur confection, il suffit de quelques câbles de cinq mètres qui sont bricolés par des artificiers en les mettant bout à bout. Ces engins explosifs ne sont certes pas sophistiqués, mais suffisants pour faire de gros dégâts. Il arrive parfois que ces poseurs de mines artisanales ne soient pas forcément des terroristes, mais des individus attirés par l’appât du gain facile. Raison pour laquelle, certains font même appel à des mineurs qui passent facilement entre les mailles du filet. Pour ce faire, on leur propose juste des montants avoisinant 150.000 francs CFA, selon certains observateurs. Cette situation intervient alors que la France a annoncé qu’elle allait procéder à un allègement de son dispositif militaire actuel au Sahel, qui compte un peu plus de 5000 soldats. Cela, en vue de favoriser la montée en puissance de l’Opération Takuba, censée regrouper les forces spéciales européennes. Toutefois, cette opération peine sérieusement à mobiliser et à se déployer. Les yeux sont maintenant rivés sur le nouveau sommet devant regrouper les dirigeants du Sahel et de la France, en février prochain, au Tchad, où il est attendu d’importantes décisions sur l’avenir de la présence militaire française au Sahel.

M.D

Source : l’Indépendant

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