Face à la pression des groupes armés affiliés à Amadou Koufa, toutes les écoles de Sévaré à Korianzé (Région de Mopti) ont été fermées. Alors que les enseignants et les administrateurs ont abandonné plusieurs localités de cette zone, des milliers d’enfants sont dans la rue. A Bamako, le silence des autorités face à cette dramatique situation est tout simplement incompréhensible.
Les djihadistes livrent une chasse contre les écoles dites classiques. Profitant souvent de l’absence des forces armées, les groupes armés brulent les écoles, menacent le personnel enseignant, diffusent (dans les mosquées) des messages de propagande et réclament « la fermeture des ‘’ écoles classiques’’ au profit des écoles coraniques (Medersa).
La région de Mopti a le taux de scolarité le plus bas (24%). A cela, s’ajoute l’insécurité dans le Macina (Delta du Niger). Les écoles sont plus affectées dans les CAP de Djenné et de Ténenkou. De nos jours, plus de 142 écoles sont fermées, avec des centaines d’enseignants et élèves affectés en raison des menaces et de la psychose qui règne dans ces localités.
A en croire des sources locales 16 638 enfants ne vont plus à l’école et 368 enseignants ont été contraints d’abandonner leur poste dans l’académie de Mopti au cours des quatre dernières années. L’enseignement fondamental est complètement paralysé dans les cercles de Douentza, Ténenkou, Djenné, Koro, Bankass et Youwarou. Sur les sept cercles que compte la région de Mopti, seul celui de Bandiagara n’a aucune école fermée à cette date.
Le cercle de Ténenkou est le plus touché avec 64% des établissements fermés. La localité a été le théâtre de plusieurs attaques depuis fin 2016.
L’absence des autorités dans cette région renforce la présence des groupuscules qui règnent en maîtres absolus. Dans les localités de Ténenkou et de Douentza, des dizaines d’écoles ont été systématiquement détruites par les djihadistes, Dans leurs prêches, ceux-ci indiquent clairement qu’il n’y a d’autorité que celle enseignée dans le coran
Récemment, à Dioura (localité située à une vingtaine de kilomètres de Ténenkou), des hommes armés sont arrivés tard dans la nuit sur une trentaine de motos et deux véhicules. Ensuite, ils ont organisé un prêche au cours de ce prêche, ils ont ordonné la fermeture sans délai de toutes les écoles et l’arrêt des émissions de la radio rurale qu’ils accusent de transmettre des messages diffamatoires. De même, ces djihadistes ont promis de détruire tous les « symboles de l’Etat ».
En juillet, Sah subissait le même sort. Des hommes armés, après avoir saccagé les locaux de la direction de l’école, ont mis le feu aux salles de classes. Des tables et bancs ont été incendiés. Ensuite, comme lors de précédentes attaques d’autres établissements scolaires en ce mois de novembre dans la même région, les assaillants ont menacé de brûler d’autres écoles qui dispensent les cours en français.
A Douenza, la situation n’est guère plus reluisante. Plusieurs écoles et cantines scolaires ont été vandalisées depuis le début de l’année, selon les « autorités éducatives. ». Les enseignants sont pris à partie jusqu’à l’intérieur de leur domicile. Certaines écoles ont même été transformées en quartiers généraux, où les djihadistes siègent lors de leurs incursions.
Face à cette situation, le gouvernement affirme qu’il fera tout pour rétablir l’ordre républicain sur le terrain. Mais ce discours reste en décalage avec la réalité sur le terrain. Les autorités peinent à faire face à cette situation qui traduit tout l’échec du régime en place, et envisagent un redéploiement des enseignants dans d’autres localité moins affectées. Pour les élèves, le chemin de l’école reste encore long.
Mémé Sanogo
Source: L’ Aube