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Montée en puissances des eaux du fleuve Niger à Bori/Tombouctou : Plus de 100 familles sinistrées…

Depuis quelques jours, le village de Bori dans la commune Lafia (Aglal), cercle de Tombouctou vit un sinistre sans précédent dû à la montée fulgurante des eaux du Delta intérieur du Fleuve Niger. Une catastrophe, jamais vue, ni vécue par ces populations, qui a envahi une grande partie du village notamment les espaces publics comme le marché hebdomadaire, la mosquée de vendredi, le centre de santé communautaire, les périmètres irrigués, les jardins maraichers, les zones de pâturage de proximité…

Le mercredi 05 décembre 2018 vers 5h du matin, les populations du village de Bori (Gaoudel) dans la commune de Lafia (Aglal), cercle de Tombouctou, se sont réveillées dans la tourmente et dans l’angoisse. Cette date restera longtemps gravée dans la mémoire collective des populations de ce village. Et, pour cause, la montée en puissance des eaux du Fleuve Niger a occasionné l’effondrement de 40 maisons et laissé 111 familles sans abri avec des dégâts matériels importants.

Depuis un certain temps, le village de Bori est menacé par la montée fulgurante des eaux du Delta intérieur du fleuve Niger. Une situation qui a occasionné l’écoulement de la digue de protection du village. En effet, la puissance des eaux a forcé la digue de protection pour entrer dans la marre (Tarafaro) situé en plein centre du village, après une première tentative stoppée par les habitants. Ainsi, toutes les constructions périphériques de la marre ont été emportées, le marché hebdomadaire noyé, la mosquée de vendredi inondée, les points d’eau submergés, le centre de santé communautaire encerclé par l’eau.

Une mission de supervision sur le terrain

Aussitôt saisi par les autorités locales, le Gouverneur de la région de Tombouctou a dépêché une mission de supervision sur le terrain, le lendemain (06 décembre), pour faire le constat et évaluer les dégâts en vue de prendre des mesures urgentes et idoines pour apaiser la situation en général, et atténuer la souffrance des victimes, en particulier. Sur place, la mission de supervision, comprenant tous les services techniques concernés, a  fait un don composé d’une (01) tonne de mil, de 50 bâches, 50 couvertures et 50 moustiquaires pour témoigner la solidarité et le soutien des autorités à l’endroit des populations de Bori. Le chef de l’Exécutif régional a également instruit à tous les services techniques de la région de se mettre contribution selon leurs moyens et leurs expertises et voir les mesures urgentes à prendre.

Un geste vivement salué par les populations, les autorités locales et les chefs coutumiers et religieux.

Pour sa part, le Chef de village, Youssouf Mahamar Haïdara a indiqué que toute sorte de contribution quelle que soit sa nature serait nécessaire pour les familles sinistrées afin d’amoindrir leur souffrance. De son côté, le Maire de la Commune Lafia, Aboubacrine Talhata Touré, joint par nos soins, a laissé entendre  que la situation est plus ou moins sous contrôle. Mais, dit-il, la menace reste et demeure toujours parce que l’eau n’a pas encore commencé à reculer. M. Touré a également rappelé la situation alarmante qui prévaut à Korkadji, un quartier périphérique du village dont les maisons sont fortement menacées et le périmètre entièrement envahi par l’eau.

Selon le premier responsable de ce quartier, Mohamed Aboubacrine Touré dit Hamma Zaria, les gens sont obligés d’utiliser les pirogues actuellement pour moissonner. Pire, poursuit-il, ils manquent d’espaces secs pour étaler leurs récoltes. « Beaucoup de cours sont devenues très humides. Il y a même des endroits où l’eau souterraine commence à sortir progressivement. Vraiment la situation nous dépasse. Cela nous préoccupe beaucoup » a-t-il confié.

Écoulement de la digue de protection

Dans la foulée, les ressortissants de Bori résidents à Bamako ont convoqué une réunion d’urgence, le 13 décembre 2018, sur la situation au village. Objectif, faire l’état des lieux, évaluer les dégâts et chercher des solutions pour prendre des mesures urgentes. A ce titre, Ahmadou Imnar, non moins cadre au ministère de l’Energie et de l’Eau, ayant coïncidé avec le sinistre a fait un long témoignage sur les tenants et les aboutissants. Connaissant et conscient des enjeux, en tant que responsable à l’hydraulique, il a tout d’abord souligné la gravité de la situation. M. Imnar dit avoir alerté la population à travers le chef de village des risques et des dangers que la montée des eaux peut causer cette année afin que des dispositions soient prises au préalable. Une alerte qui, selon lui, n’a pas été prise au sérieux. « La cause principale de l’écoulement de la digue de protection était la négligence. Les gens ont préféré travailler dans leur champ que d’entretenir et veiller sur la digue » a-t-il constaté. Et de poursuivre : « Il n’y a pas eu non plus d’intervention immédiate ni de la Protection civile encore moins de l’Administration. Du coup, toutes les maisons riveraines de la marre Tarafaro ont été envahies. Certaines familles ont même perdu d’importants matériels dans l’eau par manque de secours ». Cependant, il a apprécié le soutien, la solidarité et l’entraide dont les populations ont fait montre envers les victimes.

Lever des fonds

A l’issue de la réunion, les participants ont décidé de démarcher les services techniques de la région de Tombouctou pour traiter et entretenir les points d’eau restants afin de rendre l’eau potable pour éviter les risques de maladies endémiques comme le choléra. Une liste de contribution volontaire a également été ouverte pour lever des fonds afin de faire face à la situation immédiate et à long terme. A ce sujet, les ressortissants de Bori à Nouakchott ont déjà envoyé une enveloppe symbolique au village. L’Association Tiessou composant les 19 villages riverains du fleuve Niger dans le cercle de Tombouctou ont également décidé de cotiser la somme de 50 000 francs CFA par localité. Par ailleurs, il convient de tirer la sonnette d’alarme par rapport à l’insécurité alimentaire à laquelle le village pourrait être confronté avec l’envahissement d’une grande partie de ses périmètres irrigués.

Bref, une partie du village a été envahie et d’autres endroits demeurent toujours sous la menace des eaux car le niveau reste encore vif et abondant partout et ailleurs. Il faut signaler que cette année l’abondance des pluies et la montée des eaux du fleuve ont été remarquables.

  Ahamadou Touré

Le Rèpère

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