Alors que le péril de l’extrémisme violent se fait de plus en plus menaçant sur les pays du Sahel, les Chefs d’Etat de la zone ne cessent de crier haut et fort à l’aumône. Seuls, et sans ressources, la force militaire conjointe du G5 Sahel peine à faire face au défi sécuritaire qui se pose avec acuité. Le rendez-vous diplomatique phare de la semaine, le Forum de Paris sur la Paix, a servi de tribune aux présidents tchadien, nigérien et malien afin de rappeler la communauté internationale à plus d’intérêts pour la zone.
Le Sahel serait-il un nouvel Afghanistan sous les tropiques ? La question qui peut sembler mal pensée mérite pourtant d’être posée. Et pour cause, les attaques terroristes sont de plus en plus meurtrières et ciblent civils comme militaires. Le Mali et le Burkina Faso sont particulièrement visés par la horde de l’extrémisme armée et un risque réel de contamination vers d’autres pays frontaliers existe.
Les pays de la zone, sous le parrainage de la France, avaient cru trouver la bonne riposte en mettant en œuvre la maxime « l’union fait la force ». Le G5 Sahel est donc né le 16 février 2014 pour apporter une solution sous-régionale à un problème qui l’est tout autant. Sa force militaire, elle, a été créée en 2017. Sauf qu’il y a un grand hic, les armées la composant, exception faite de celle du Tchad, sont dans une déliquescence quasi-totale. Et peinent à faire face à la puissance de feu et au stratagème des groupes armés.
En cause, selon les chefs d’Etat qui étaient présents au Forum de Paris sur la Paix, la communauté internationale n’accorderait pas assez d’intérêts à la sécurité du Sahel, le financement des 2,4 milliards d’euros nécessaires à l’opérationnalisation de la force tardant à venir. Pour le président Issoufou, le G5 Sahel a bel et bien une stratégie mais les ressources manquent pour la mettre en œuvre. IBK, quant à lui, pense que la communauté internationale fait surtout semblant de les écouter sans poser d’actes concrets. Il reconnait toutefois que les forces armées nationales sont mal préparées face à la détermination des terroristes qui maitrisent si bien l’art de la guerre asymétrique.
Et c’est bien là, l’autre face de la réalité. Même avec le financement nécessaire, beaucoup doutent de la capacité des armées nationales composant la force conjointe à faire face valablement aux terroristes. Au Mali, malgré une hausse exponentielle des dépenses militaires, la grande muette ne se porte guère mieux. Et il est fort à parier que le syndrome du « plein armement et du déficit de formation » soit une pathologie sous-régionale commune. Un fait qui pourrait expliquer la réticence de plusieurs puissances étrangères à financer la force, à leur tête l’Amérique de Trump. Beaucoup semblent craindre, qu’après financement, que les armes fraichement acquises tombent entre de mauvaises mains. Ce scénario catastrophe serait l’étincelle pour un embrasement total du Sahel, qu’à Dieu ne plaise !
Toute chose qui renvoi les Etats membres à leur devoir de formation de leurs soldats. Mais là aussi, ils ne peuvent le faire seul et le soutien de puissances militaires étrangères dans ce domaine serait inestimable.
Car des années de vétusté de l’appareil militaire ne peuvent se dépoussiérer en quelques mois, le péril terroriste a beau être menaçant. En tout cas, il semblerait que la communauté internationale soit occupée par d’autres dossiers brulants tels que la Syrie ou l’Irak.
Ahmed M. Thiam
Source: Infosept