« Les Etats-Unis ont été exploités par d’autres pays de manière amicale ou moins amicale depuis de nombreuses décennies. L’Union européenne a été particulièrement rude à l’égard des Etats-Unis. Les Européens font en sorte qu’il est quasiment impossible pour nous de faire des affaires avec eux et pourtant, ils nous envoient leurs voitures et tout le reste aux Etats-Unis. Ils peuvent faire ce qu’ils veulent mais s’ils le font, on mettra alors une grosse taxe de 25% sur leurs voitures et, croyez-moi, ils ne continueront pas à le faire très longtemps. L’Union européenne ne nous a pas bien traités et nous sommes dans une relation commerciale très injuste ».
Ces propos inamicaux malveillants et protectionnistes, à la limite de la déclaration de guerre, proviennent du Chef d’Etat du pays qui est actuellement considéré par les critères occidentaux comme la première puissance du monde (deuxième puissance économique après la Chine). Mais comment un président américain, dont la puissance économique du pays dépend essentiellement de ses échanges commerciaux internationaux, peut vouloir faire le choix du protectionnisme et de l’unilatéralisme ?
Depuis son accession à la magistrature suprême aux USA, le Président Donald Trump ne cesse de compromettre les bonnes relations politiques et économiques traditionnelles qui unissent son pays au reste du monde, notamment au monde occidental. En annonçant une hausse massive de 25% sur l’acier et 10% sur l’aluminium, le locataire de la Maison Blanche agace ses partenaires commerciaux.
Pour montrer que la menace de protectionnisme est universelle, les conseillers de la Maison Blanche avertissent que les alliés traditionnels des USA ne seraient pas traités de façon préférentielle. Ce manque de lucidité sur les questions internationales est-il à considérer comme une simple escalade verbale ou va-t-il amener le numéro un américain à précipiter son pays dans la guerre commerciale avec le reste du monde, en l’occurrence avec ses partenaires européens ?
Quoi qu’il arrive, les alliés traditionnels du pays de l’Oncle Sam qui pourraient être victimes de ce nouveau mur protectionniste, se préparent à la riposte. C’est le cas du Canada qui est en première ligne pour l’acier. Car 90% de ses exportations sidérurgiques sont destinés à son grand voisin. Il y a aussi tous les autres fournisseurs qui promettent de réagir. Quant aux européens, ils menacent de cibler des segments précis de produits américains, pour mener leurs représailles économiques. Or l’acier ne représente que 2% du commerce mondial.
De sorte qu’en voulant protéger la sidérurgie américaine, Trump prend carrément le risque de pénaliser les exportations de textile, de l’automobile ou de l’agroalimentaire américain. A terme, les analystes économiques estiment qu’une éventuelle guerre commerciale des USA contre le reste du monde compromettrait gravement l’économie américaine. Est-ce la raison de la démission annoncée de Gary Cohn, le conseiller économique de la Maison Blanche ? Quoi qu’il en soit, cet ancien banquier de Goldman Sachs, un libéral convaincu, s’opposait à la décision de Donald Trump d’imposer des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium.
Gaoussou Madani Traoré
Le Challenger