Incarcéré pour présomption de faux et usage de faux, de malversation et de détournement de ristournes de la confédération des sociétés coopératives des producteurs du coton, Bakary Togola, après plus d’une année de prévention de liberté, avait bénéficié de la liberté provisoire contre une caution de 3,5 milliards dont la moitié, selon nos sources, est constituée de titres fonciers à l’authenticité douteuse. Les chefs d’inculpations, selon les explications du procureur Kassogué, lors d’un point de presse, ont trait notamment au défaut de justification de plus de 13 milliards, entre 2013 à 2018, montant dont seulement 4 milliards environ seraient réellement revenus aux paysans selon les justifications qu’ont pu apporter les services du président de la Confédération des Sociétés Coopératives de Producteurs de Coton (C-SCPC).
En définitive, environ 9 autres milliards manqueraient à l’appel, avait soutenu le procureur, en se fondant sur des enquêtes du Pôle économique ayant permis de déceler que des comptes de la Compagnie Malienne de Développement de Textile (CMDT) ont effectivement été débités d’un montant cumulé de 13,431 milliards FCFA entre 2013 et 2018 au profit de la Confédération des Sociétés Coopératives de Producteurs de Coton (C-SCPC). Sur lequel seuls 8,854 milliards ressortent des pièces justificatives disponibles dans la comptabilité de la Confédération. Sur ce montant comptabilisé, il n’existe aucune trace pour 4,886 milliards. Ce qui fait, selon le procureur, un total 9,462 milliards FCFA, non justifiés.
En plus de ces accusations non vidées, Bakary Togola est fortement cité dans la disparition du fonds de stabilisation de la filiale coton. Chiffré à 18 milliards de nos francs, ce fonds aurait pu sauver la campagne précédente. En effet, logé dans un compte bancaire à la
BMS-SA, sous la responsabilité du ministre de l’Economie et des finances et le président de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton du Mali, cette manne est censée venir au secours des paysans en cas de chute du coton à l’internationale. Au lieu de quoi, ladite manne paysanne aurait été dilapidée par leur président avec une présumée complicité au plus haut niveau de l’Etat.
Avec l’avènement du désormais ancien procureur anti-corruption, Mohamoud Kassogue, à la tête du ministère de la Justice, tout porte à croire que le richissime paysan pourrait regagner sa cage. Et pour cause, selon nos sources, les paysans ne se sont jamais accommodés de la libération provisoire de Bakary Togola et estiment qu’il ne la doit qu’à des pressions exercées sur Mohamoud Kassogué. On comprend ainsi les révélations du commandant Baba Cissé, lors de son point de presse pour justifier le coup de force contre le duo Bah N’daw et Moctar Ouane.
Selon lui, « Le Président, Bah N’daw, bloquait Assimi Goïta dansses initiatives d’arrestations d’anciens dignitaires du régime déchu. Bah N’daw n’étant plus aux affaires pour être constituer un blocage et avec l’avènement du M5 à la Primature dont l’audit des structures étatiques figurait parmi les exigences, tout indique que Bakary Togola ne s’est pas encore tiré d’affaires. En tout cas, les cotonculteurs, par-delà les 9 milliards, lui réclament également la restitution de leur fonds de stabilisation et haussent par ailleurs le ton sur un bureau provisoire.
Amidou Keita
Source : Le Témoin