A l’image de l’Adéma, qui connaît des remous nés du ralliement au camp d’IBK, le « Fare », le parti, qui a porté la candidature de Modibo Sidibé à la dernière présidentielle, est également confronté à une violente tempête politique. Un tournant difficile qui risque de prendre l’allure d’une véritable option juridictionnelle pour le contrôle de ce jeune parti. Atmosphère délétère…
Le « Fare », ce jeune parti, aux grandes ambitions politiques, qui a porté la candidature de l’ancien Premier ministre, Modibo Sidibé, à la dernière présidentielle, ne semble plus respirer la sérénité d’antan qui l’avait pourtant propulsé, sur le terrain, comme l’une des formations politiques les plus en vue sur l’échiquier.
Au cœur de la discorde : le quiproquo né du ralliement du parti au camp d’IBK, le grand vainqueur du scrutin présidentiel.
Aussitôt après la parenthèse du premier tour, le parti, à travers son candidat, Modibo Sidibé, se référant à une alliance électorale signée entre les partenaires du FDR, s’est engagé publiquement à soutenir le candidat issu de ce rang politique, classé au second tour, à savoir Soumaïla Cissé, candidat de l’URD.
Face à cette position du candidat, il y a eu un tollé au sein de nombreuses structures du parti, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, dont les responsables ont appelé, à leur tour, de voter pour IBK, arrivé très largement en tête du scrutin.
Les résultats partiels du second tour, rendus publics par le ministère de l’administration territoriale, sur l’ensemble des ressorts électoraux du pays, attestent bien à quel point le malaise couve au sein de cette jeune formation politique qui a eu véritablement du mal à surpasser cette nouvelle épreuve politique.
Tout était, ou presque, devenu calme quand, il y a quelques jours, une réunion de clarification a été convoquée au QG de campagne à laquelle beaucoup de responsables politiques et du staff de campagne du candidat, y compris le groupe des dissidents, avaient pris part.
Si rien n’a filtré de cette rencontre ultime, attendu dans le milieu politique comme celle de la clarification, il n’empêche que chez les militants, en tout cas pour une grande partie d’entre eux, on a espéré que le rendez-vous serait au moins l’opportunité pour les responsables du parti et le staff de campagne du candidat de s’entendre sur le minimum.
Dans l’optique, dit-on, de surmonter ce cap difficile et de préserver, pour le parti en conséquence, de biens meilleurs auspices.
Eh bien, il n’en est rien : le « Fare » semble ne pas retrouver le nécessaire compromis dont il a besoin pour sa cohésion.
Et pour cause : une frange importante du parti, dont des responsables politiques clefs, à l’image de Soumana Mory Coulibaly, considéré à tort ou à raison comme le chef de file de la rébellion politique, n’a pas apprécié des propos prêtés au candidat, lequel aurait déclaré récemment que ceux, dans le parti, qui ne veulent pas aller dans l’opposition, doivent le quitter pour ceux qui s’y conforment.
En fait, rapporte-t-on, avant-hier, dans la soirée, des émissaires du parti auraient rencontré Modibo Sidibé à son domicile, sis à Faladié, pour lui signifier officiellement, au nom de l’écrasante majorité des responsables, la volonté du parti de basculer dans la mouvance présidentielle, en construction.
Une démarche, fondée, dit-on, par la réalité du terrain, se traduisant, en dépit des consignes fermes du candidat, par le choix unanime et sans équivoque des militants « Fare » en faveur d’IBK, lors du second tour de la présidentielle.
Voilà que les positions sont désormais tranchées au sein du « Fare » pour le positionnement du parti sur l’échiquier national. Si la logique du candidat du parti, Modibo Sidibé, et de son proche entourage, c’est qu’il n’y a plus de concession possible quant à la ligne politique à suivre, celle de s’opposer à la nouvelle majorité présidentielle, la dissidence, elle, n’envisage pas autrement la situation outre que celle qui la permet de récupérer le parti et de l’orienter dans la direction politique souhaitée, conformément, dit-elle, à la volonté largement exprimée par les militants sur le terrain.
Dans cette perspective orageuse pour le parti, certains des protagonistes de ce clash politique, comme le chef de file de la rébellion politique, Soumana Mory Coulibaly, n’écarte pas la logique d’une prochaine bataille judiciaire pour le contrôle de l’appareillage politique.
Dans cette option juridictionnelle, a-t-on appris de sources crédibles, rien de sera laissé au hasard, du côté de la dissidence, laquelle est déjà à l’œuvre pour se constituer un impressionnant pool d’avocats, pour les besoins de la cause.
Comment le camp de Modibo Sidibé perçoit-il cette nouvelle épreuve pour le parti ?
En tout cas de cause, au sein du « Fare », du moins dans sa frange modérée, celle qui semble joué à l’apaisement, la nouvelle confrontation politique qui se profile à l’horizon, opposant les ténors du parti, n’annonce rien de bon pour ce jeune parti qui s’était pourtant distingué par sa vitalité sur le terrain.
Affaire à suivre donc…
Sékouba Samaké
Source: info-matin