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Mobilité urbaine dans le district de Bamako : UNE DÉMARCHE NOVATRICE POUR LE TRANSPORT URBAIN

Aujourd’hui, le constat est patent : citoyens et autorités sont conscients des difficultés de mobilité dans la capitale. D’où la mise en oeuvre d’un ambitieux projet s’inscrivant dans le cadre de la réforme du secteur des transports

 

Le directeur national des transports terrestres, maritimes et fluviaux, Mamadou Koné rappelle à cet effet que les usagers de la route, dans le district de Bamako, vivent le calvaire dans la circulation, surtout aux heures de pointe. Le district de Bamako a une superficie d’environ 260 km2. Sur cet espace, on dénombre près de 2500 Sotrama, un peu plus de 10.000 taxis et d’innombrables engins à deux et quatre roues. Les grandes artères sont saturées. Pour rendre la situation encore plus compliquée, la ville est coupée en deux parties par le fleuve Niger. En plus, des collines qui surplombent Bamako ne sont pas exploitées. Des téléphériques peuvent être installés sur ces hauteurs grâce à des investissements pouvant avoir une durée de vie de 20 à 30 ans.
Mamadou Koné fait remarquer aussi que la circulation dans la capitale est dominée par les Sotrama qui sont des véhicules de transport en commun vétustes ayant une moyenne d’âge de 20 ans. Le déficit de communication entre le ministère, la mairie centrale et les autres mairies où viennent travailler, tous les jours, des habitants de 14 communes avoisinantes (qui sont parfois des quartiers dortoirs) ne facilite pas la tâche. “Ces communes doivent être intégrées dans le plan de la mobilité dans le district de Bamako”, estime notre interlocuteur.
Dans les conditions normales, le temps de circulation doit être assez court afin que les travailleurs et l’ensemble des usagers arrivent à destination à temps, rappelle le directeur national. Mais en raison des embouteillages, les transports publics sont lents et ne sont pas rentables. Les reformes des années 80 avec la Banque mondiale, dans le domaine, n’ont pas été concluantes. D’où la nécessité d’un accompagnement afin de gérer le système de transport à l’image des pays voisins ayant la même économie et les mêmes habitudes. Dans la ville de Lagos au Nigeria, la circulation est aujourd’hui bien fluide, souligne notre interlocuteur qui annonce qu’actuellement, des propositions d’investisseurs privés et de pays comme l’Inde et la Turquie sont sur la table des décideurs. C’est d’ailleurs, pour cette raison que le ministre de tutelle a convoqué une journée de réflexion sur la mobilité dans le district de Bamako et environs le 11 juillet courant. L’objectif étant de fédérer l’ensemble des solutions et d’approfondir la réflexion sur le sujet.

RENOUVELER LE PARC- La solution à l’ordre du jour est le système des Bus rapides de transfert (BRT), révèle le directeur national des transports. Il s’agit d’un système qui offre la possibilité de laisser son véhicule au niveau des parkings aménagés à cet effet et bien gardés pour rejoindre son lieu de travail ou de rendez-vous en un temps record. Par exemple, explique M. Koné, pour rejoindre le centre ville en véhicule, à certaines heures de la journée, il faut 45 minutes, voire une heure pour quelqu’un qui quitte Kalaban. Le BRT met 10 à 15 mn avec une vitesse de 70 à 80 km à l’heure. Le BRT entend privilégier le transport public et prend en compte les personnes handicapées.
Il s’agira aussi non seulement de renouveler le parc des Sotrama, mais aussi de réguler l’accès au marché des transports publics. « Tant qu’on n’arrivera pas à rentabiliser le créneau, on ne pourra pas intéresser les opérateurs du secteur”, souligne-t-il.
Le mécanisme d’accompagnement prévoit le regroupement des transports publics en GIE qui renouvelleront leurs parcs. Chaque GIE aura sa ou ses lignes. Des primes sont envisagées pour encourager les promoteurs à abandonner l’ancien système. “Il ne s’agit pas de supprimer les Sotrama mais plutôt d’accompagner les propriétaires pour renouveler le parc, réguler et assurer une rentabilité des investissements. N’importe qui ne pourra plus acheter un véhicule de transport en commun parce qu’un modèle bien précis de véhicule sera mis à la disposition des GIE de transport public, à des prix négociés. Déjà un mémorandum d’entente a été signé avec SIFI, une société qui a accompagné le Sénégal pendant 10 ans”, révèle encore le responsable des transports.

Système performant- Ces GIE, pour être rentables, s’endetteront collégialement, comme dans le système expérimenté en zone CMDT ou dans les associations villageoises. Ils seront regroupés et organisés, accèderont au financement et au renouvèlement.
Pour notre interlocuteur, la solution doit être radicale afin d’avoir un système de transport très performant. Le Syndicat des transports urbains sera pleinement associé à toutes les démarches. La réflexion porte également sur l’utilisation du ticket unique et de la carte d’abonnement dans tout le système du transport.
Autre solution : le Métrobus avec une capacité de 80 à 200 places. Il a été proposé par le président turc Recepp Tayyip Erdogan au président Ibrahim Boubacar Keïta, lors de sa visite dans notre pays en 2018. D’ailleurs, la société « Kalyon » qui a installé le BRT turc a déjà envoyé une mission en 2018 au Mali. La ligne proposée va du 3è Pont, passe par la Tour de l’Afrique et rejoint la colline de Badalabougou, avant de remonter vers le Marché de Médine. La boucle est bouclée par une ligne qui va du Marché de Médine vers le 3è Pont. Les discussions sur ce projet concernent aussi les zones de l’Aéroport international Président Modibo Keïta et la Cité de Kabala.

Babba B. COULIBALY

L’ESSOR

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