Les députations sont prévues pour les mois prochains. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à être candidates. La plus jeune femme présidente de parti politique est candidate à son tour et se présente sous les couleurs de son parti (Parti pour le Renouveau et le Développement-PRD) en Commune IV. Assétou Sangaré ne s’est pas faite en un seul jour. Elle est aujourd’hui membre de l’EPM (majorité) ancienne porte-parole de la coalition lors des campagnes présidentielles 2018. Elle a du parcours, académique, politique et social. Lisez son portrait.
Une femme leader née…
Fille cadette d’une fratrie de 3 filles, de père douanier et de mère médecin.
“Moi depuis toute petite, j’ai toujours aimé organiser les choses en équipe. J’ai toujours aimé être dans un groupe, prendre une part de responsabilité dans le groupe. Je me rappelle un événement du 1er cycle, lors de l’organisation d’un concours d’exercice en calcul, j’étais devant le groupe pour aller demander à la direction de nous donner les moyens qu’il faut et que c’est nous-mêmes qui allons organiser notre concours inter primaire”, nous raconte-t-elle. Elle continue pour dire “Une autre fois, c’était au niveau fondamental, j’étais dans un groupe où on se battait pour organiser des concours de théâtre ente les différentes classes. J’ai toujours aimé être avec des gens et défendre des causes avec eux. Au lycée, aussi, j’étais parmi les représentants de notre lycée dans les soirées ‘’Tenues traditionnelles’’ où notre lycée a été classé 2ème de Bamako. J’ai présidé le comité d’organisation et cela a réussi”. Avant de passer son Bac, elle a connu des associations pour l’assainissement et la salubrité ici. “On n’était pas exactement des associations, mais des groupes de nettoyage et de plantation d’arbre”, reconnait-elle.
Après son baccalauréat malien, Assétou s’envole pour le Canada et 12 ans après, elle revient avec deux masters et deux maitrises en sciences économique et sciences Po. Elle explique, “au Canada, j’étais bénévole pour aider les étudiants étrangers dans l’Association des étudiants internationaux de notre université. J’aidais les nouveaux étudiants à faciliter leur intégration. Et 4 ans après, elle devint la présidente de ladite association qui s’occupait de tous les étudiants étrangers. En plus de cette association des étudiants étrangers”. Assétou a connu l’association “Coalition pour la liaison interculturelle”.
Après ses études avant de retourner au pays, Assétou a travaillé dans une Banque au Canada et fait un stage de perfectionnement au Parlement canadien pendant 2 ans.
Retour définitif au pays en 2008-2009.
Beaucoup de gens restent au Canada, mais Assétou malgré les grandes opportunités qui lui étaient ouvertes, a décidé de revenir au pays pour apporter sa pierre à la construction de l’édifice national. “Moi je suis profondément malienne, ancrée et attachée à sa famille et à son pays. D’abord je n’étais pas partie avec l’idée de rester. J’étais juste aller acquérir un savoir, une connaissance un parcours pour revenir apporter ma part à la construction de mon pays. Je n’ai jamais perdu cela de vue. J’ai toujours voulu marquer l’histoire de mon pays faire ma part. Je ne pourrais pas tout faire, mais j’ai toujours eu dans ma tête que je sui venue dans ce monde-là pour faire quelque chose. Je ne sais pas quoi, mais c’est dans ma tête comme ça”. Elle n’a jamais voulu rester en dehors du Mali, précise-t-elle. Assétou n’est pas retournée bredouille pour venir tout reprendre à zéro comme le font bon nombre d’étudiants après leurs études à l’extérieur, elle atterrit avec un projet au compte de l’agence canadienne pour le développement international dont elle était cheffe divisionnaire (consultante séniore), “Développement des femmes dans le milieu rural”. Ledit projet de 2007 prit fin avec le coup d’Etat de 2012.
Vie et parcours politique.
Comment de l’économiste, Sangaré a dévié vers les sciences Po. Elle fait savoir que : “à un niveau 2ème, 3ème année je me suis rendue compte qu’on a beau été brillante en économie, c’est un peu difficile de faire valoir tes idées de stratégie économique de développement si tu n’as le pouvoir politique ou si la décision politique n’est pas de ton côté”. J’ai compris que la politique est extrêmement importante. C’est avec cela qu’on pourra développer son pays. En cherchant à faire valoir ses idées si elles sont bonnes pour la population, la vie de tes compatriote et le bien être de tes concitoyens. C’est ce qui m’a poussée à aller faire une maîtrise en sciences politiques”.
Elle a aussi remémoré : “J’ai commencé à avoir une opinion politique assumée à partir de 2009. Ensuite avec Moussa Mara, nous avons créé l’Association (Coalition jeunesse action-CJA). On a commencé petit de nos quartiers, notre commune et ainsi de suite. C’était en 2008 avant de créer le parti politique (Yéléma). Je suis toujours fière d’avoir participé et d’être membre fondatrice du parti (Yéléma) “. Assétou a quitté le parti Yéléma en 2016 et reste catégorique sur son silence sur les causes de son départ. “Yéléma est et restera ma première famille politique. J’en suis fière”, répète-t-elle.
Après Yéléma, Assétou a milité dans un autre parti de la place, mais pas pour longtemps. Le temps juste de rassembler ses idées afin d’en faire un document et de s’élancer dans l’arène politique. Elle osa et créa avec d’autres hommes et femmes le parti (Parti pour le Renouveau et le Développement-PDR), en février 2018.
Avec le PRD, Assétou Sangaré, a soutenu la candidature du président sortant dans l’optique dit-elle, de la consolidation des acquis et en tenant compte des difficultés dans lesquelles IBK a eu à diriger le pays. Elle termine membre de l’EPM et porte-parole de la coalition majorité politique. Aujourd’hui, Assétou Sangaré est chargée de mission au ministère des Maliens de l’Extérieur.
Candidate aux législatives et contre les alliances Opposition/Majorité
Assétou Sangaré est candidate aux élections législatives prochaines, en Commune IV et s’inscrit contre les alliances contre nature qui se passent entre l’opposition et la majorité pour les députations. “Je reste directe dans mes bottes sur la ligne politique que j’ai choisie. J’ai choisi la majorité et je reste dans ce contexte. Je ne ferai pas d’alliance avec l’opposition. Nous devons respecter la politique et la vraie politique en respectant même nos électeurs”, a prêché la politologue. Elle estime que les coalitions opposition et majorité sont une très belle chose pour la jeune démocratie malienne qu’il faut préserver. La plus jeune femme présidente de parti politique relève que le PRD est membre de l’EPM et signataire de l’accord politique de gouvernance qui est la nouvelle composition de la majorité, selon elle.
Pour sa candidature, les préparatifs vont bon train. Les organisations sont en cours, les portes en portes, des réunions et autres. “Nous ne sommes pas à notre première participation”, a confié Mme Sangaré. Le PRD est en action pleine pour le bon déroulement des élections législatives.
Une femme malienne présidente du Mali, la première femme présidente peut être rêvée si on approche Assétou Sangaré et regarde son parcours politique, mais elle refuse de répondre à la question “si elle veut être présidente un jour”. “Si les circonstances se présentent et que le parti accepte, pourquoi pas” ? S’interrogea-t-elle lors de notre échange sur ses ambitions politiques personnelles.
Femme et politique pour Assétou
“Pour moi, homme c’est grand ‘’H’’. Femme/ homme”, évoque-t-elle directement. Pour la présidente du PRD, le genre n’existe pas en matière politique. “Pour moi un homme ou une femme peu importe notre genre, on a les mêmes rôles dans le développement de notre pays. Une fois le travail fini, on est femme. Quand je rentre chez moi, je suis la mère, je suis la femme”, précise-t-elle pour faire la démarcation de la question du genre dans la sphère politique. A rappeler que pour clore sa maitrise en sciences politiques, Assétou a traité comme thème : “Rôle des femmes en politique en Afrique”.
Sur la situation malienne, Assétou dit être très préoccupée sur la question sécuritaire et la grève des enseignants. Elle soutient que les préoccupations ne se limitent pas qu’à ces deux, mais elles demeurent son souci majeur. Elle reste derrière l’Armée et invite à l’apaisement et la consolidation des acquis politiques et démocratiques.
Qu’est ce qui a fait Assétou ? Témoignage
Courage et abnégation, c’est ce que soutient un ami d’enfance qui a préféré l’anonymat pour des questions d’appartenance politique NDRL ! Il a juste coïncidé à la fin de l’entretien. Dans la présentation, nous découvrons qu’ils (Assétou et son ami anonyme), sont amis depuis plus de 35 ans. La même chose est confirmée par le permanent au siège du parti, Yoro Diakité. “Assétou est courageuse. Elle aime la ponctualité et la rigueur dans le travail”, nous dit-il avant de conclure que “Assétou est une école pour nous. Elle nous apprend beaucoup sur ce qu’est la politique au Mali et ce qu’elle doit être. Je suis fier de travailler avec elle”.
Sa réponse à la question : “Pour faire simple, ne jamais abandonner m’a toujours caractérisée. Si j’ai une qualité qui me plait réellement, c’est de ne jamais abandonner. Je n’abandonne jamais. Toujours aller de l’avant peu importe la situation ou les événements. C’est difficile que quelque chose m’arrête”, nous confia Mme Sangaré. “J’ai beaucoup hérité de ma maman”, dit-elle-même si elle insiste qu’elle aime ses deux parents au même niveau, adore bien son mari, ses deux enfants et tous les membres de sa grande famille.
Assétou préfère le “Yassa”, sauce d’oignon, boit rarement d’eau fraiche, fan des émissions documentaires.
Foi en l’avenir du Mali…
Le Mali de demain fait rêver Assétou et elle croit que c’est le devoir de l’actuelle génération pour faire ce Mali en se battant bec et ongle pour le faire. “Nous n’avons pas d’autres choix, nous n’avons pas d’autres responsabilités que de contribuer à cette réalisation. On n’a pas le choix. Sinon on aurait échoué”, pense la cadette des dirigeantes femmes de parti politique Assétou Sangaré. Sur ce, notre organe a pris congé de la plus jeune femme présidente de parti politique rencontrée au siège de son parti PRD à Lafiabougou.
Koureichy Cissé
source: Mali Tribune