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Législatives du 29 mars prochaine à Kati : La profession de foi de Seydou Oumar Traoré

L’élection des députés est très importante pour le parachèvement de l’architecture institutionnelle d’un pays de culture démocratique comme le nôtre. En effet, les prochaines élections législatives de mars et avril 2020 sont spécialement caractérisées par l’émergence de nouveaux types de candidatures, notamment celle des hommes de média, motivés certainement par le désir ardent de participer à l’ancrage démocratique et apporter une nouvelle expertise et une nouvelle vision pour le fonctionnement de notre Assemblée nationale. Ainsi, Seydou Oumar Traoré, journaliste à la Radio Jekafo et candidat dans la circonscription électorale de Kati, a bien voulu nous livrer sa profession de foi.

Selon lui, à travers sa candidature, il n’a plus besoin de rappeler son ferme engagement et sa volonté à devenir député à l’Assemblée nationale. “Quel type de député serais-je ? Quelle qualité de représentant du peuple je rêve de devenir ? Quel type de député exigez-vous que soient vos représentants ? C’est au peuple de choisir son destin ce 29 mars”, s’est-il interrogé.

De sa lecture, l’Assemblée nationale est une institution importante qui a un pouvoir extrêmement grand dans l’architecture de la démocratie. Et de rappeler qu’en vertu de la constitution du 25 février 1991, les députés ont le pouvoir de sanctionner tout manquement à la bonne gestion de l’Etat et toutes dérives des pouvoirs publics en place. “Au nom du peuple du Mali, l’Assemblée nationale peut donc mettre en cause la responsabilité du gouvernement par le vote d’une motion de censure conforment à l’article 78 alinéa 2 et au règlement intérieur en son article 95”, a-t-il laissé entendre.

A ce titre, dit-il, il suffit d’un dixième des députés pour que la motion soit recevable et 2/3 des parlementaires pour la faire passer. Ce qui entrainerait la dissolution du gouvernement en faute, mettrait le Président en difficulté et le menacerait quant à la conduite de l’action publique. Ceci constitue une force efficace de notre démocratie.

Et de poursuivre qu’il est fort regrettable qu’aujourd’hui notre Assemblée nationale actuelle (si elle demeure encore) ne respecte nullement cette expression du peuple. Car, au gré des intérêts partisans, l’Assemblée nationale du Mali qui devait restaurer l’espoir du peuple est devenue une caisse de résonance et personne ou presque ne s’en plaint encore. Au point que la faute est presque devenue la norme. Cela explique, aujourd’hui, les moyens colossaux mis en jeux par des partis au pouvoir, groupes de partis politiques apparemment opposés mais aux intérêts communs, pour continuer à tromper le peuple.

Déjouer le complot

contre le peuple

A ses dires, ces derniers espèrent élire de nombreux députés acquis à leur cause et fort d’une majorité parlementaire soumise, ces partis politiques qui gouvernent ou cherchent à gouverner, espèrent continuer à détourner les retombées économiques et sociales de notre démocratie commune au détriment de nos populations. Et cela n’est ni plus ni moins qu’un complot contre le peuple qui doit être dénoncé et empêché par un vote-sanction.

En ce qui le concerne, il dira, au regard du rôle éminemment important du parlementaire, il voudrait, s’il accédait à l’hémicycle, contribuer à la mise en place d’un groupe parlementaire ou d’une synergie de groupes parlementaires crédibles, capables véritablement de jouer le rôle de gardien de l’action publique et d’arbitre de la vie de la nation comme délégué par le peuple. “J’espère ainsi contribuer à l’édification d’une vraie représentation du peuple où les acteurs, au lieu de soutenir à l’hémicycle des bêtises de clans et de partis, soutiennent les intérêts de leurs mandants, le peuple du Mali appauvrit, martyrisé et abandonné”, a-t-il dit.

Il s’est dit convaincu que les maux ou les dérives de notre gouvernance actuelle sont le fait du dysfonctionnement de l’Assemblée nationale qui se manifeste par un laisser-aller général. Il ajoutera que telle une circulation sans panneaux de signalisation et sans policiers, notre nation est devenue un grand désordre commun, à savoir les morts civils et militaires se comptent par milliers, devenant presque la norme ; le détournement des fonds publics, la justice globalement prise en otage par les pouvoirs publics gangrenée par la corruption, le favoritisme et le clientélisme mettant sérieusement en cause son indépendance et rôle de la justice (juste et équitable). “Dans ce tohu-bohu, le magistrat qui n’est autre que l’émanation de la société est, pour la grande partie, tenté ou soumis à la règle générale d’accaparement et d’enrichissement illicite, devenue la norme sociale”, a-t-il déploré.

S’agissant de l’éducation, il a laissé entendre que celle-ci est délaissée au point que les pouvoirs publics, sachant que l’éducation ne peut donner de bons produits, préfèrent inscrire leurs progénitures dans des rares écoles privées prestigieuses du pays ou de l’extérieur, laissant le peuple à son propre sort.

A le croire, les grèves perpétuelles dans le domaine scolaire sont principalement la faute du gouvernement et du président de la République parce qu’ils n’ont jamais pensé la vraie école qui donne une meilleure qualité de l’enseignement, offrant ainsi une chance égale à tous les enfants du pays avec. “C’est possible d’améliorer au double les conditions actuelles de enseignants si les mesures justes à tous les niveaux sont prises. Les grèves décrivent une situation de malaise général dans le monde scolaire et aucune pression, aucun micmac, ne peuvent cacher ce désarroi général.

Or, le meilleur investissement pour l’édification d’une nation, est celui dans les ressources humaines. Les décideurs n’en ont pas assez conscience et ont des priorités qui ne sont pas forcément celles du peuple. C’est une divergence dans les finalités”, a-t-il martelé.

La nécessité d’un nouveau type de gouvernance

De son point de vue, la paupérisation de la population est un facteur aggravant de l’insécurité, de la corruption généralisée et des révoltes quotidiennes et catégorielles que traverse notre pays. Et d’ajouter qu’une bonne gestion financière édictée par l’Assemblée nationale permettrait d’optimiser les investissements et de rationaliser les dépenses. “Au lieu de cela, nous assistons à un partage des recettes de l’Etat entre les institutions et les départements et malheureusement, l’hémicycle qui devrait exiger des résultats et évaluer les bons financiers alloués sur le budget d’Etat aux institutions, ne joue plus ce rôle car se contentant simplement que chacun ait sa part et qu’elle-même ait une part meilleure.

Le meilleur exemple que les députés donneraient au peuple et aux institutions et départements ministériels, c’est de faire une restitution publique de la gestion du budget qui est alloué par an à l’Assemblée nationale. Elle s’appliquerait la transparence et l’en imposerait par la suite aux autres”, a regretté Seydou Oumar Traoré.

Dans son réquisitoire, il dira que l’Assemblée nationale et ses députés sont coupables de la situation que nous connaissons car ils ont le moyen de corriger, d’arrêter, de sanctionner et de censurer si les intérêts du peuple ne sont pas défendus. Au lieu de cela, précise-t-il, nous avons des députés élus par le peuple, mais qui agissent au détriment du peuple pour des intérêts de groupes, c’est le revers de la médaille pour le peuple malien.

Pour lui, un nouveau type de gouvernance est nécessaire et désormais possible au Mali. En effet, le peuple doit prendre son destin en mains en désignant au moins, cette fois-ci, des hommes sincères, dignes et patriotes capables de se démarquer des intérêts privés. “Nous devons imposer cette nouvelle vision à nos représentants, les évaluer à la fin, les féliciter et soutenir au meilleur des cas, mais les blâmer et les sanctionner au pire des cas”, a-t-il conclu.

                          Boubacar PAÏTAO

Source : Journal Aujourd’hui-Mali

 

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