La société minière a préparé presque toutes les conditions pour transformer le site en pôle agro-business après la fin très proche de l’exploitation de l’or
Les ministres du Développement rural, Bocari Treta, et des Mines, Boubou Cissé, se sont rendus samedi sur le site de la société minière Morila située dans la commune rurale de Sanso (cercle de Bougouni). La mine d’or de Morila a entamé ses travaux d’excavation en février 2000. Le capital de cette société est détenu à 40% par Randgold Ressources, 40% par AngloGold Ashanti et 20% par l’Etat malien. Le capital investi est évalué à 56 milliards Fcfa.
Le site de la mine comprend une carrière, un parc à boue, des dépôts de stérile, de minerai, des ateliers de sous-traitants, une usine, une centrale électrique. Des lacs artificiels, un camp et village, les maisons des travailleurs construites à Sanso et une piste d’atterrissage font partie des réalisations.
La mine est essentiellement dirigée par des Maliens et emploie près de 1300 personnes dont 99% de nationaux. Ce qui fait la fierté du directeur général Adama Koné qui a accueilli la délégation ministérielle.
La fin de l’extraction du minerai est prévue pour la fin de ce mois. La mine commencera alors le traitement des dépôts de minerai. Cette phase s’achèvera en octobre prochain. On comprend que la production de la mine est sur une pente descendante. « Comme un avion qui a sorti son train d’atterrissage et qui s’apprête à se poser », a schématisé le directeur général de la société minière. La mine produira 209,7 tonnes d’or à la fin 2017. Elle s’est engagée dans un programme de réduction progressive des effectifs du personnel avec un plan de dédommagement précis. Il est aussi prévu un fonds de réinsertion des travailleurs. Ce fonds était crédité d’un montant de 179,8 millions Fcfa au 31 décembre 2014.
En attendant, la mine de Morila a enregistré des résultats satisfaisants. A savoir la production de 6 461 000 onces d’or, soit 201 tonnes d’or de 2000 à 2014. La mine a payé 711 milliards Fcfa de dividendes aux 3 actionnaires de son ouverture à la fin 2014, 142 milliards Fcfa de dividendes à l’Etat malien depuis l’ouverture et 946 milliards Fcfa de contribution directe à l’économie nationale entre 2000 et 2014.
En se désengageant, la mine envisage de convertir le site d’exploitation aurifère en un pôle agro-business viable. D’où tout le sens de la visite de la délégation ministérielle qui est venue prendre connaissance du potentiel agro-sylvo-pastoral et piscicole des lieux. Les responsables envisagent même la possibilité de promouvoir l’écotourisme dans cette zone. Ils ont élaboré un plan d’utilisation des terres en fonction des vocations.
Il faut dire que le site de Morila ne manque pas de potentiel en dehors de l’or. Déjà, les responsables de la mine ont préparé la sortie de l’extraction de l’or en initiant des activités agricoles, avicoles, apicoles et piscicoles. L’aspect végétatif général présage de la réussite de la reconversion du site en pôle agro-business. La mine a si bien veillé à la préservation de l’environnement dès son installation que le site présente l’apparence d’un endroit vierge, apte à être transformé en exploitations agricoles.
Les responsables de la société avaient souhaité cette visite d’une délégation ministérielle afin de bénéficier des conseils que les visiteurs pourraient leur fournir afin de réussir la reconversion du site. Ils veulent prouver qu’une autre vie est possible pour les sites miniers après l’exploitation de l’or. L’ambition est de réaliser un agro-village viable d’ici 2017 ; de fournir un revenu de remplacement aux anciens travailleurs et aux communautés environnantes ; de contribuer à la sécurité alimentaire ; d’améliorer les moyens de subsistance de la communauté.
La délégation ministérielle a visité la ferme avicole où plus de 6000 pondeuses sont en phase active de ponte, les étangs piscicoles où une opération de pêche a fait remonter les carpes ensemencées dans les plans d’eau. Ces étangs procurent d’ores et déjà un revenu d’un million de Fcfa par mois aux promoteurs.
Le problème crucial auquel les responsables de la mine sont confrontés est la disponibilité des terres dans les villages environnants. Ils ne savent pas la forme juridique qu’il faut conférer à l’exploitation de ces terres. Le ministre du Développement rural, Bocari Treta, a expliqué que les terres agricoles relèvent du département qu’il dirige. Il a invité la direction de la mine à prendre attache avec les services spécialisés (directions centrales et régionales, Assemblée permanente des chambres d’agriculture, chambres régionales et locales d’agriculture) pour déterminer la forme juridique appropriée pour exploiter les terres en question en conformité avec la Loi d’orientation agricole (LOA) et la Politique de développement agricole (PDA).
La collaboration avec les communautés ne devrait pas en principe poser de difficultés majeures, dans la mesure où, la société minière a entretenu pendant des années des relations fructueuses avec les villages. Ainsi, elle a investi 6,7 milliards Fcfa de 2000 à 2014 dans le développement communautaire. Le fonds des avaries a porté secours pour un montant total de 214,7 millions Fcfa, la mine a réalisé une banque de céréales et livré 4 tracteurs de 70 CV chacun aux 4 communes d’intervention. La mine a versé 5,07 milliards Fcfa de patente aux communautés locales, dont 3,04 milliards à la commune de Sanso, 1,26 milliard Fcfa au Conseil de cercle de Bougouni et 773 millions Fcfa au conseil régional de Sikasso.
Elle a réalisé, entre autres, des forages, fourni des équipements médicaux aux différents centres de santé, construit des classes et des clôtures d’école. Des plaines rizicoles ont été réalisées à Morila et à Fingola. Ainsi que des jardins maraîchers. Des ponts et radiers, deux mosquées ont été édifiés à Sanso et Domba. Sanso a également bénéficié d’un nouveau bâtiment pour sa mairie, d’un marché et d’installations d’adduction d’eau.
M. COULIBALY
source : L Essor