Là où des mesures draconiennes ont échoué durant des années, la pandémie de la covid-19 a réussi en quelques mois. Pour la toute première fois, depuis des décennies, le monde assiste à un ralentissement véritable des migrations internationales. Selon les dernières estimations de la note d’information de la Banque mondiale sur les migrations et le développement, les fonds envoyés par les migrants vers leur pays d’origine devraient également connaître un recul de 14 % d’ici 2021. Vers l’Afrique subsaharienne, les remises des migrants pourraient reculer de près de 9 % en 2020, à 44 milliards de dollars.
Cette chute des envois s’explique par « l’atonie de la croissance économique, l’insuffisance des niveaux d’emploi dans les pays d’accueil des migrants, la faiblesse des cours du pétrole et la dépréciation des monnaies des pays d’origine des transferts d’argent par rapport au dollar », indique la Banque mondiale dans un communiqué de presse du 29 octobre 2020.
Il faut ajouter à ces facteurs, indique l’institution monétaire internationale, le ralentissement des nouveaux départs et la hausse des retours vers les pays d’origine. « Ces migrations de retour ont été observées partout dans le monde depuis la levée des mesures nationales de confinement, qui ont bloqué de nombreux migrants dans les pays d’accueil », précise la Banque mondiale qui ajoute que « la hausse du chômage parmi les migrants et les réfugiés, provoquée par des restrictions plus strictes en matière de visas, devraient accentuer encore ce phénomène ».
Selon Dilip Ratha, auteur principal de la note et chef du programme KNOMAD, « les facteurs sur lesquels reposent les remises migratoires sont fragilisés et ce n’est pas le moment de baisser la garde sur les menaces qui pèsent sur ces flux vitaux. »
Face à cette situation, susceptible de créer des mécontentements voire une déstabilisation des communautés, le directeur mondial du pôle Protection sociale et emploi de la Banque mondiale, Michal Rutkowski demande aux pays d’accueil d’intégrer les migrants dans les mesures de soutien qu’ils décident. « De leur côté, les pays d’origine ou de transit doivent mettre en place des dispositifs de soutien au retour », propose-t-il.
À travers cette note d’information, le groupe de la Banque mondiale juge opportun que les pays d’origine des migrants travaillent à leur réinstallation. Cela passe par l’encouragement de ces migrants à la création d’entreprises, mais aussi en les dotant d’emploi.
Ces mesures sont jugées nécessaires parce que « l’accélération des migrations de retour risque de déstabiliser les communautés locales qui, dans l’immédiat, sont contraintes d’organiser les quarantaines et, à moyen terme, devront accompagner la recherche de logement et d’emploi et les efforts de réinsertion ».
Rappelons toutefois que malgré ce recul attendu, les envois de fonds des migrants « devraient constituer une source de financement extérieur encore plus importante pour les pays à revenu faible et intermédiaire en 2020 ». Selon cette note d’information, « ces transferts ont atteint un niveau record de 548 milliards de dollars en 2019, dépassant les investissements directs étrangers (534 milliards) et l’aide publique au développement (environ 166 milliards) ».
Fousseni Togola
Source: Le Pays– Mali