« Il est plus urgent de proposer des actions concrètes et de s’atteler à leur mise en œuvre». C’est le principal message que le ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine a délivré lors de la conférence régionale de Kayes. Il a invité les candidats à l’émigration à suivre la voie légale, tout en saluant la contribution des migrants dans cette région
Les autorités veulent faire du Mali un «véritable eldorado» pour la jeunesse. C’est dans cette optique que Kayes a abrité le 10 avril 2019 une conférence régionale d’information et de sensibilisation sur les risques et dangers de la migration irrégulière. «C’est un véritable honneur pour moi d’échanger avec vous sur la question migratoire, de partager également les alternatives du gouvernement en la matière, sa vision et convenir des réponses à apporter aux multiples défis qu’elle impose. Il n’est point nul besoin de rappeler le rôle de la diaspora dans la région de Kayes, car c’est un rôle bien reconnu et cela depuis fort longtemps.
C’est le lieu pour moi de saluer l’engagement de tous les fils de la région qui œuvrent quotidiennement pour l’amélioration des conditions de vie de leurs parents, partant de leurs villages», a indiqué le ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine à l’ouverture des travaux.
En effet, l’unanimité se dégage sur les opportunités qu’offre la migration en termes de développement pour notre pays et particulièrement pour la région de Kayes, dont nombre des ressortissants vivent en Europe, dans la sous-région et en Afrique centrale. Cependant, ces apports importants de la diaspora ne doivent pas nous faire perdre de vue les multiples tragédies liées à la migration.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estiment à 3.771 le nombre de personnes décédées (jeunes, femmes et enfants) dans la Méditerranée en 2015 contre 5.000 pour l’année 2016 et plus de 2.260 pour l’année dernière. Ces statistiques ne sont pas exhaustives, si l’on tient compte de nombreux cas de morts et de disparus dans le désert du Sahara et dans d’autres corridors migratoires moins connus.
Courant 2015, les services du département des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine ont enregistré 376 cas de jeunes maliens ayant péri dans la Méditerranée et plus d’une centaine, un an plus tôt. De janvier à décembre 2018, plus de 8.000 de nos compatriotes ont été rapatriés à travers le monde. Les rapatriements de l’année dernière ont concerné en majorité des Maliens de Libye, d’Algérie, d’Angola, du Mozambique et d’Arabie Saoudite. « Cette situation est une tragédie qui heurte la conscience universelle et nous interpelle tous en tant que responsables et en tant qu’humains.
Vous conviendrez avec moi que désormais, le temps n’est plus au diagnostic des causes de la migration, ni aux commentaires interminables sur ces conséquences dramatiques, mais plutôt à celui de l’action et de la prise de conscience vis-à-vis du phénomène migratoire. Il est plus urgent de proposer des actions concrètes et de s’atteler à leur mise en œuvre», a estimé le ministre Yaya Sangaré. Il a rappelé que le gouvernement, qui bénéficie de l’appui de ses partenaires, a mis en place de nombreux dispositifs.
Il s’agit, notamment de la création d’un Fonds social pour la prise en charge de nos compatriotes en situation de détresse dans les pays d’accueil et de transit et d’un Fonds d’insertion et de réinsertion pour l’accompagnement des migrants de retour et des candidats potentiels à la migration irrégulière, de la mise en place de nombreux programmes au niveau du ministère en charge de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne.
Seydou Diamoutene
Source: Le 22 Septembre