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Migrants maliens de retour de la Lybie: le récit d’un calvaire émouvant

Violences, humiliations, emprisonnements, tels sont les lots de souffrances que nos compatriotes ont endurés dans leur aventure libyenne qui s’est malheureusement achevée par un retour volontaire au bercail, la semaine dernière. Des brimades et des persécutions de tous genres dont certains rapatriés n’ont pas hésité à dénoncer au cours des témoignages poignants et émouvants.

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Le jeudi 24 août 2017, ce sont plus d’une centaine de nos compatriotes qui ont été rapatriés de la Libye. Ils ont été accueillis à leur descente d’avion à l’aéroport international Modibo Keïta par les autorités du pays, notamment le chef de cabinet du ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Moussa Alou Koné.
De l’aéroport, le groupe, composé d’hommes et de femmes, a été transporté au Centre d’accueil de la Protection civile sis à Sogoninko où nos compatriotes de retour ont été recensés avant de recevoir des vaccins et soins appropriés. Ils ont été hébergés sur place avant d’être reconduits vendredi, pour la plupart, auprès de leurs familles respectives.
Parmi eux se trouvaient des mineurs ainsi que des malades. Plusieurs d’entre eux étaient détenus dans les prisons libyennes, selon un responsable de la Protection civile de Bamako, précisant qu’il s’agit d’une opération de rapatriement volontaire qui a été organisée par le ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine en partenariat avec l’Organisation Internationale de la Migration (OIM).
« Vu la difficulté qu’ils côtoyaient quotidiennement en Libye, ils ont accepté de revenir volontairement au pays», le gouvernement a tout mis en œuvre pour «faciliter leur retour», pour «les prendre en charge à Bamako et les acheminer jusqu’à leur destination finale, dans leurs familles respectives », a-t-il déclaré.
Avant leur départ dans leur foyer respectif, notre équipe de reportage a fait un tour vendredi au Centre d’accueil de la Protection civile pour recueillir les témoignages de quelques rapatriés partis chercher fortune dans le pays de l’ex-Guide libyen Mouammar Kadhafi, mais dont l’aventure s’est achevée par un rêve brisé, à cause de la situation invivable dans ce pays de transit marquée par des brimades, des persécutions ou encore des violences de toute sorte.
En réalité, cette arrivée en masse s’avère, tout compte fait, comme une délivrance pour ces aventuriers qui n’ont trouvé que l’enfer, souffrance, violence et humiliation dans ce qu’ils considéraient comme un eldorado.
Dans leurs témoignages, beaucoup ont fait état de mauvais traitements, d’absence de soins et de violences à caractère raciste. La plupart des jeunes présents dans le groupe avaient gagné la Libye dans l’espoir de traverser ensuite la Méditerranée pour se rendre en Europe. D’autres (pour les plus âgées) vivaient, depuis des années sur le sol libyen et y travaillaient pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles ici. Il s’agit du cas de ce cinquantenaire qui a requis l’anonymat lequel a témoigné avoir passé plus de dix ans en Libye pour rien si ce n’est la souffrance.
Mody Sissoko, originaire de la région de Kayes, a expliqué s’être rendu en Libye en 2013 et avoir été arrêté en pleine mer, alors qu’il faisait route vers l’Italie, puis renvoyé en Libye où il a été incarcéré par la suite.
« On nous a trop maltraité et je remercie le gouvernement pour son secours », a-t-il affirmé.
Makan Démbélé raconte avoir aussi été maltraité au point qu’il avait perdu tout espoir de revoir un jour le Mali et sa famille.
« J’ai été en prison sans communication avec ma famille, sans communication avec mes amis. Dans toutes les prisons de Libye, ils frappent les gens, ils maltraitent les gens, surtout l’Africain noir. Il faut que le gouvernement poursuive cette action pour soulager nos autres compatriotes restés là-bas. Ils souffrent tous et tous veulent rentrer au bercail. J’implore les autorités à poursuivre cette action de rapatriement », a-t-il ajouté.
« Les Arabes-là n’aiment pas les ‘blacks’ ; on est là-bas par obstination inutile… C’est ce qui explique toutes ces souffrances à notre égard : on ne nous aime pas. On est pris pour des vendeurs de drogue. On est obligé de se cacher constamment, on se cache même pour aller faire des achats à la boutique, pour aller prendre un crédit… Comment peut-on travailler ? Même si les gens viennent t’appeler pour aller travailler, tu as peur. Peut-être qu’il va te prendre pour t’envoyer en prison », se souvient Youssouf Diarra, originaire de la région de Ségou.
Les rescapés qualifient la Libye de jungle. Selon eux, les jeunes migrants qui arrivent à y trouver du travail ou à y exercer quelques activités génératrices de revenus sont la cible des tracasseries de tout genre de la part des groupes armés.
« La plupart des gens sont en difficulté là-bas… Ils (Ndlr, les responsables maliens) n’ont qu’à tout faire pour les ramener », souligne Djibril Minta, originaire, lui, de Mopti.
« Celui qu’on trouve sans papier là-bas est tout de suite pris pour un terroriste. On le prend et on le garde (Ndlr, en prison) », témoigne ce dernier qui a vécu à 200 km de Tripoli avant son retour au Mali.
« On se sert des villas privées pour emprisonner les gens là-bas… Tu as beau chercher dans toutes les prisons, tu ne verras aucun prisonnier. Il y a des gens qui sont morts là-bas. Il arrive que l’on fasse même descendre des femmes avec leurs enfants de leur taxi pour les emprisonner et on les retire tout leur argent », a-t-il dénoncé.

Par Mohamed D. DIAWARA

 

Source: info-matin

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