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Michel Djotodia: chronique d’une démission annoncée

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En dix mois à la tête de la RCA, Michel Djotodia et son Premier ministre Nicolas Tiangaye n’auront jamais réussi à imposer la paix dans leur pays. Tous deux ont démissionné vendredi 10 janvier 2014, à l’occasion de sommet de la CEEAC, l’organisation sous-régionale d’Afrique centrale. Chronique d’une série d’échecs.

En près de dix mois d’exercice du pouvoir, Michel Djotodia n’aura pas réussi à convaincre. Sur le plan militaire, il a échoué à mettre au pas les combattants de la Seleka, cette armée hétéroclite responsable de graves violations de droits de l’homme.

Jamais une chaîne de commandement digne de ce nom n’a pu émerger. Quant au désarmement des combattants qu’il avait ordonné, il est resté largement une vue de l’esprit.

Série d’échecs

Sur le plan politique, l’échec est tout aussi patent. Michel Djotodia n’a pas su donner de cohérence à son action. Il n’a créé ni mouvance, ni formation, comme l’avaient fait en leur temps Idriss Déby ou Blaise Compaoré dans leur pays respectif.

Autrement dit, le chef de guerre ne se sera pas transformé en leader politique. De même, alors qu’il a pris le pouvoir au nom des communautés du nord, victimes selon lui de marginalisation, il n’a rien entrepris pour améliorer leur sort.

Michel Djotodia n’est pas le seul responsable de cette série d’échecs. Le Premier ministre Nicolas Tiangaye en partage la responsabilité. Les deux hommes, qui ne s’estiment guère, n’ont jamais travaillé en confiance et ont souvent donné l’impression d’être concurrents.

L’arrivée au poste de Premier ministre de M. Tiangaye à Bangui, le 17 janvier 2013, à la suite des accords de Libreville, suscitait au départ l’optimisme. Cet avocat, ancien défenseur des droits de l’homme, bénéficiait d’une réputation d’homme intègre. Le président de l’époque s’appelait François Bozizé. Il sera renversé deux mois plus tard.

Les ex-rebelles imposent leur loi

Après le départ de M. Bozizé, Michel Djotodia devient le nouvel homme fort du pays. C’est alors un ancien consul de la Centrafrique dans le Darfour, mais aussi un chef rebelle. M. Tiangaye est maintenu à son poste, mais le tandem ne fonctionne pas.

En fait, le Premier ministre ne parvient pas à s’imposer face aux détenteurs de la force armée, les hommes de la Seleka. Sa sécurité ne semble même pas assurée et en décembre, il doit rester quelques jours dans le camp Mpoko, contrôlé par la Fomac, la Force d’Afrique centrale.

Au fil des mois, cet attelage qui ne va pas dans la même direction ne parvient pas à restaurer l’autorité de l’Etat. Les ex-rebelles imposent leur loi à l’intérieur du pays. Les exactions se multiplient en toute impunité. La colère des populations gronde.

Des groupes d’autodéfense se créent. Ils s’en prennent aux civils musulmans. Des tensions interreligieuses apparaissent. La capitale est secouée par des violences qui conduisent 500 000 personnes à fuir leur maison et différents pays à rapatrier massivement leurs ressortissants.

C’est manifestement ce qui a fini de convaincre les chefs d’Etat d’Afrique centrale, et notamment l’influent voisin tchadien, que la transition devait être relancée avec d’autres acteurs.

Et maintenant ?

Les membres du Conseil national de la transition devront se réunir en session extraordinaire pour désigner le nouveau chef de l’exécutif. Ils devront faire leur choix dans un délai de quinze jours. Ce délai court à partir de la constatation de la vacance du pouvoir par le président de la Cour constitutionnelle, Zacharie Ndouba.

Cette étape devrait se dérouler ce samedi matin, a-t-il confié à RFI. Le président du CNT, Alexandre Ferdinand Nguendet, doit en effet, dès son retour du Tchad, lui remettre en main propre les documents du sommet de Ndjamena. C’est lui, en tant que chef du CNT, qui assurera l’intérim à la direction de l’exécutif, comme le prévoit l’article 23 de la charte de la transition. Un intérim qui donnera lieu à de complexes tractations, car pour l’heure, aucune personnalité ne semble s’imposer.

Il s’agit donc d’identifier une personne compétente qui fasse consensus au sein des différentes sensibilités de la Centrafrique, et qui convienne aux partenaires du pays. En France, le Quai d’Orsay se défend de vouloir s’immiscer dans le choix. Il encourage néanmoins vivement les acteurs du pays à se décider rapidement.

 RÉACTION : Déclaration du porte-parole du Quai d’Orsay Romain Nadal« La France, par la voix de Laurent Fabius, a pris acte de cette décision annoncée à l’issue de la réunion de la Communauté des Etats d’Afrique centrale à Ndjamena. Il appartient maintenant au Conseil national centrafricain de décider d’une nouvelle équipe dirigeante.

Laurent Fabius a souligné que la France était aux côtés des Centrafricains pour les aider à résoudre durablement la crise que connaît ce pays, en application des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. La France n’a aucun rôle dans le processus de désignation (d’une nouvelle équipe dirigeante). Elle ne s’immisce pas.

Il n’y a pas d’ingérence française dans un processus qui relève du Conseil national de transition centrafricain, et qui est soutenu par les Etats de la région de l’Afrique centrale. Mais effectivement, notre souhait est qu’une équipe dirigeante puisse être désignée rapidement, tout simplement parce que la transition est en cours et le pays traverse une crise grave. Il faut que les responsables soient désignés pour diriger cette transition. »

rfi

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