Le centre du Mali déserté par l’Administration publique, l’on se demande bien comment pourraient s’y tenir des élections communales comme le prévoit le Gouvernement en convoquant le Collège électoral pour le 20 novembre prochain. La région de Mopti est au cœur de l’insécurité et dans le cercle de Djenné tous les maires et sous-préfets se sont regroupés au chef-lieu du cercle s’ils ne sont pas à Bamako.
Qu’on n’aille surtout pas demander au sous-préfet de Kouakrou, dans le cercle de Djenné, de rejoindre son poste pour y superviser des élections dans les conditions d’insécurité que l’on connaît, lui qui a échappé à un attentat il y a de cela deux mois à peu près. En effet, lorsque les terroristes ont effectué une descente à son bureau pour s’en prendre à lui, il ne s’y trouvait pas et a pu prendre la poudre d’escampette pour sauver sa vie.
Lui comme ses collègues en poste dans plusieurs localités du centre du pays ne peuvent être en poste à cause de l’insécurité ambiante, la zone étant pratiquement tombée sous le contrôle des hommes du chef djihadiste, Amadou Koufa, ou de la troupe de la nouvelle milice peul qui s’est récemment illustrée par des attaques d’une rare violence.
Les habitants des communes rurales du cercle de Djenné commencent à s’habituer au triste spectacle de parade des présumés djihadistes qui se déplacent allégrement. Pour éviter des surprises désagréables, notamment une attaque militaire d’envergure, les combattants de cette nouvelle milice se présentant comme des défenseurs de l’ethnie peul squattent les petites forêts de la zone (Nabé en pular). C’est à partir de ces endroits qu’ils opèrent et leur niveau d’équipement militaire reste impressionnant pour appeler quelques questions importantes : où s’approvisionnent-ils en armement et munitions ? Qui les équipe alors et surtout qui les entraine au maniement de ces armes modernes dont ils font usage.
Cette dernière question, bien qu’anodine en apparence, est pourtant pleine de sens car pour voir un berger se transformer en un redoutable tireur, il faut vraiment qu’il puisse passer entre les mains d’un bon instructeur. De toute façon, les populations soumises au diktat de ces groupes armés s’étonnent de les voir manipuler si bien des armes automatiques et en si peu de temps. Qu’on ne s’y méprenne donc point : il y a bien des instructeurs bien formés derrière eux. Mais qui sont-ils et d’où viennent-ils restent de grandes questions sans réponses.
Le cercle de Djenné, rappelons-le, couvre une superficie de 4.563 km2. Il se situe dans le delta intérieur du Niger avec 25% de superficie en zone exondée. Il est limité au nord par les cercles de Ténénkou et de Mopti, tous deux en proie à l’insécurité imposée par le groupe d’Amadoun Koufa; – au sud par les cercles de Tomian et San (Région de Ségou, encore plus ou moins en sécurité) ; à l’est par les cercles de Bandiagara et Tomian (tous deux connaissant parfois des attaques terroristes ; à l’ouest par les cercles de Ténénkou et Macina qui sont à l’heure actuelle l’épicentre même de la montée en puissance des nouveaux groupes armés qui terrorisent le centre du pays.
Dans ces conditions, il est impensable de pouvoir tenir des élections dans cette localité du pays. S’y ajoute qu’au nord aussi les élections communales annoncées pour le 20 novembre n’y seront pas effectives. A quel jeu se livre alors le gouvernement ?
Attendons de voir ce que sera cette annonce d’élections locales car on a connu d’autres pour lesquelles on a même procédé à une parodie de dépôt de listes électorales et paf ! Pipi de chat !
A.D
Source: journallesphynxmali
