Nommé depuis 2024, l’actuel premier ministre de la transition, général de division Abdoulaye Maïga était, vendredi 16 mai 2025, devant les membres du Conseil national de transition, pour la présentation du Plan d’Action gouvernement 2025-2026. D’ores et déjà aperçu par plus d’un comme une panacée susceptible de répondre aux aspirations des Maliens et de relever les défis auxquels le pays demeure confronté, ce PAG, censé être débattu ce lundi 19 mai par les mêmes conseillers nationaux, se résume en 8 axes majeurs.
Tel qu’annoncé, le PAG du nouveau PM est bâti autour des 8 axes. Lesquels font référence à la lettre de cadrage du président de la transition. Une lettre qui a été adressée au gouvernement lors du Conseil des Ministres inaugural du 27 novembre 2024. Ces 8 axes sont : le renforcement de la défense et de la sécurité ; les réformes politiques et institutionnelles ; la satisfaction des besoins fondamentaux de la population ; l’amélioration de la carte sanitaire ; l’amélioration du système éducatif ; l’apaisement du climat social ; le renforcement de notre diplomatie ; et la création de conditions pour des élections transparentes et apaisées. Le chef de l’exécutif a estimé que ces axes prioritaires s’inspirent des préoccupations légitimes du peuple malien, exprimées lors des grandes concertations des forces vives de la Nation. Pour l’essentiel, a-t-il souligné aux membres du CNT, le PAG découle des orientations des documents stratégiques, notamment la feuille de route de la transition, les recommandations issues des ANR, le Dialogue inter-Maliens… Ce nouveau référentiel des politiques et stratégies de développement définit les voies et les moyens de la relance économique et jette les bases d’un développement endogène durable.
Défense et sécurité, priorité absolue du gouvernement
Sur ce point, le gouvernement a promis de rester engagé pour assurer l’intégrité du territoire et la sécurité des personnes et de leurs biens. En guise d’illustration, Abdoulaye a mis l’accent sur de nombreux exploits des Forces Armées et de Sécurité ayant repris le contrôle de certaines zones stratégiques, neutralisé des bases de plusieurs groupes terroristes, sécurisé des espaces reconquis. Et de soutenir que les efforts se poursuivront dans le cadre du renforcement de la capacité opérationnelle des FAMA. Dans le cadre du soutien des actions de l’armée, il sera procédé à l’acquisition de nouveaux matériels et équipements majeurs, à la construction de camps militaires, notamment à Bougouni, Koutiala, San, Kita, Diéma et Nioro du Sahel et le mémorial dont la construction a déjà commencé pour immortaliser les héros(soldats) tombés sur le théâtre d’opération. S’y ajoutent la construction et l’équipement de l’hôpital militaire de Banakoroni, le recrutement et la formation de15 000 hommes supplémentaires et la mise en place, à travers l’opération « dougoukoloko », de plateformes opérationnelles. La présence de l’Etat sera renforcée sur l’ensemble du territoire national, surtout au niveau des zones de grande insécurité. S’agissant de la libre circulation des personnes et de leurs biens, le gouvernement a promis de renforcer la sécurisation des axes routiers, de procéder à l’organisation des patrouilles de grande envergure sur tout le territoire national avec le recrutement de 9 000 agents des forces de sécurité.
Des efforts consentis pour des réformes politiques et intentionnelles, la satisfaction des besoins des populations
Parlant du deuxième axe du PAG, le PM a rappelé que des réformes politiques et institutionnelles majeures ont été entamées suivant une approche inclusive. Après l’adoption de la Constitution du 22 juillet 2023, le gouvernement s’est attelé à poursuivre les réformes nécessaires allant dans le sens du renforcement du cadre institutionnel. Au plan des réformes structurelles, l’opérationnalisation du Système Intégré de Gestion des Ressources Humaines de l’Etat et des collectivités territoriales (SIGRH) permettra, pour Abdoulaye, à l’Etat de disposer d’un fichier unifié et d’avoir une plus grande maîtrise des effectifs et de la masse salariale des fonctions publiques. Dans le cadre de l’assainissement de l’écosystème associatif, il sera procédé à la relecture de la loi régissant les associations et la définition des conditions d’exercice de la mission de veille citoyenne par les organisations de la société civile. Les dossiers transmis par les structures de contrôle, dans le cadre de la lutte contre la corruption et les atteintes aux biens publics, seront, a confié Abdoulaye Maïga, instruits systématiquement et des enquêtes seront diligentées. Ainsi, tous les biens saisis ou confisqués en lien avec la délinquance économique et financière, le financement du terrorisme, l’enrichissement illicite et la criminalité transnationale organisée, seront gelés. Quant à la satisfaction des besoins fondamentaux de la population, objet de l’axe 3 du Plan d’Action, le militaire dira que cet aspect se trouve au cœur des priorités du président de la transition. Face à la cherté de la vie due à la flambée des prix des produits de première nécessité et aux difficultés de leur accès, il apparaît nécessaire d’y apporter des réponses appropriées. A cet égard, le gouvernement compte faire de la souveraineté alimentaire une réalité. Cela, en mettant en phase les politiques agricoles et commerciales avec les attentes des citoyens et en reconstituant les réserves stratégiques alimentaires à hauteur de 84 000 tonnes. Dans la même dynamique, 380 exploitants agricoles seront équipés en tracteurs, motoculteurs et motopompes. Il sera mis à la disposition des exploitants agricoles près de 261 406 tonnes d’intrants agricoles de qualité et 28 400 tonnes de semences améliorées. A cet effet, il est attendu de la campagne agricole 2025-2026 une production d’environ 11 millions de tonnes, toutes céréales confondues, a précisé Abdoulaye, maintenant qu’une distribution alimentaire gratuite de 17 666 tonnes de céréales sera effectuée au niveau de 1 115 000 personnes vulnérables. Dans ce Plan d’Action, il ressort que l’actuel gouvernement projette l’insémination de 20 000 vaches et 800 chèvres, l’amélioration de la santé publique vétérinaire et celle des productions halieutiques et aquacoles avec le renforcement des capacités de 30 000 productrices et producteurs en aviculture. Ainsi, « on dénombre également 22 550 000 têtes de bovins qui seront vaccinées. Des marchés à poisson seront également construits ». Dans le cadre de l’approvisionnement régulier du pays en produits de première nécessité, le Gouvernement entend importer un contingent de 300 000 tonnes de riz, 200 000 tonnes de sucre et 30 000 tonnes de graine de coton. Pour la maîtrise des prix, les missions d’enquêtes et de contrôle sur les cahiers de charges et le suivi des marchés des produits seront renforcés. Il sera administré les prix pour le riz, le sucre et l’aliment bétail. Les efforts entrepris dans le secteur énergétique et qui ont permis d’enregistrer une nette amélioration de la fourniture d’électricité vont se poursuivre par l’accroissement des capacités de production et de distribution en énergie et en eau potable, mentionne-t-on. Dans ce cadre, il est prévu la construction de 4 centrales solaires photovoltaïques et hydroélectriques sur le réseau interconnecté, la réalisation de 2588 km de ligne de transport et 1378 km de ligne de distribution d’électricité. Le nombre d’heures de fourniture d’électricité passera de 6 à 19 heures par jour. Des travaux de raccordement des forages et la construction de deux stations de traitement d’eau avec chacune la capacité de 76 000 mètres cubes par jour seront effectifs.
Le désenclavement du pays, la formation des jeunes, la gestion des fonciers, le secteur miner au cœur du PAG
Le désenclavement intérieur et extérieur du pays, en matière de transports et d’infrastructures sécurisées et de qualité, constitue une préoccupation du Gouvernement. A ce titre, les efforts porteront, entre autres : sur la réalisation des travaux d’aménagement et d’élargissement des routes urbaines à Bamako, Kati et Mopti ; la réalisation des travaux d’aménagement du tronçon Sandaré- Kayes sur 138 km du corridor Bamako-Dakar par le Nord ; la réalisation des études d’avant-projet détaillé pour la réhabilitation du chemin de fer Bamako-Diboli ; la réalisation d’une étude sur la ligne ferroviaire Bamako-Bougouni-Frontière Burkina-Faso ; le renforcement des capacités de la Compagnie Malienne pour la Navigation Fluviale ; l’opérationnalisation de la société Mali Airlines S.A ; la mise en place d’un dispositif digitalisé de gestion des postes de péage et la surveillance des véhicules… Sur la période du plan d’Action 2025-2026, 5000 jeunes bénéficieront de stages de formation professionnelle et 1200 jeunes de stage de qualification. 4160 projets crédibles seront renforcés. 269 emplois seront consolidés en faveur des personnes en situation de handicap. Aussi, a annoncé le PM, un symposium sur l’accroissement des opportunités d’emploi sera organisé ainsi que 15 390 journées de travail dans le cadre des activités à haute intensité de main d’œuvre. Ce n’est pas tout. Dans la dynamique d’un secteur minier rentable, l’Etat n’a daigné se doter d’un nouveau Code minier et d’une société de recherche minière. L’opérationnalisation des fonds, la mise en œuvre du décret d’application de la loi relative au contenu local, permettront d’impliquer davantage les entreprises locales et le personnel malien, aux appels d’offres et aux contrats des sociétés minières. A cet effet, l’investissement minier sera promu par la réalisation de campagnes de cartographie minière et de forages pétroliers et la mise à jour du cadastre minier. La gouvernance dans le secteur sera renforcée à travers l’encadrement et la surveillance des exploitations minières artisanales, pour éviter certains sinistres à l’image de ce que le pays a vécu tout récemment. Dans le souci d’apporter des solutions adaptées aux litiges fonciers persistants et aux difficultés d’accès à un logement décent, les actions du Gouvernement consisteront à mettre en place un cadre sécurisé du foncier, par l’immatriculation systématique de 810000 parcelles et l’opérationnalisation du guichet unique du foncier. Une réserve foncière de 429 hectares sera constituée pour la réalisation de logements sociaux. Aussi, 2 789 logements sociaux seront achevés et mis à la disposition des populations. Au sujet de l’amélioration du cadre de vie des populations, les actions du gouvernement s’inscriront dans la réalisation de 35 dépôts de transit, l’aménagement de 40 000 mètres linéaires de collecteurs naturels, le curage de 677 656 mètres linéaires de caniveaux et la réalisation de 5 stations de traitement de boue de vidange à Tienfala, Kayes, Nioro et Ségou. Les activités de reboisement des grandes surfaces ainsi que la restauration des terres dégradées seront effectives.
Des solutions envisagées pour la santé, l’éducation…
Au sujet de l’axe 4, le gouvernement a promis de s’employer à l’amélioration du plateau technique des structures de santé ce, avec l’acquisition de matériels et d’équipements modernes, la construction de centres de santé et le renforcement des dispositifs de prise en charge des patients et du contrôle sanitaire. Ainsi, il sera mis en place 7 cliniques modulaires, un laboratoire médical de type P2, 3 centrales de production d’oxygène, des incinérateurs dans des CSCOM de 102 communes, un gamma camera et des systèmes solaires pour le fonctionnement des Genxper. Au niveau de l’enseignement supérieur, la mise en œuvre du programme de formation des formateurs à l’ingénierie de la formation se poursuivra afin de permettre aux enseignants-chercheurs d’assumer convenablement leurs tâches. Une plateforme de ressources numériques sera accessible à tous. Des bibliothèques virtuelles seront créées. Aussi, a souligné le PM, les capacités d’accueil et d’études des établissements d’enseignement seront renforcées par la construction et l’équipement de 85 écoles fondamentales et de 11 lycées dont 2 d’excellence. Des laboratoires pédagogiques dans les institutions d’enseignement supérieur aux Universités de Ségou et Sikasso seront réhabilités. Le Gouvernement promet de veiller au contrôle de la qualité d’établissements d’enseignement privé à travers l’évaluation de 1144 d’entre eux.
L’apaisement du climat social, le combat de la diplomatie…
Devant le CNT, le général de division énonçait que dans le cadre de la préservation et la consolidation de la paix, le gouvernement entend renforcer le dialogue social. Dans cette perspective, il sera procédé à l’opérationnalisation du Conseil National du Dialogue social (CNDS), à la dynamisation de 200 cadres de dialogue aussi bien dans les administrations publiques que dans les entreprises privées, et à la poursuite de la mise en œuvre de 60 accords syndicaux non éteints. Dans le cadre de la mise en œuvre du pacte de stabilité sociale et de croissance, les élections professionnelles des représentants des organisations syndicales seront organisées sur toute l’étendue du territoire. Aussi, le gouvernement s’attellera à améliorer les conditions de vie et de travail des agents de l’Etat à travers le suivi de la mise en œuvre du cadre juridique des rémunérations et à la promotion de l’équité genre dans la fonction publique ce, via le recrutement de 90 personnes en situation de handicap. La crise multidimensionnelle a fortement ébranlé le Mali, affecté le tissu social, imposé des affrontements entre communautés. Elle a été la source de maux et souffrances qui ont affecté la vie quotidienne des citoyens. « C’est pourquoi, une importance capitale est accordée à la reconstruction de notre tissu social, à travers l’organisation de dialogues inter et intracommunautaires, la réinsertion socio-économique de 600 jeunes des zones impactées par les conflits, la poursuite du processus d’intégration de34 000 ex-combattants, l’aménagement de lieux de mémoire et l’assistance de 2000 victimes des violations graves des droits de l’homme », a rapporté le PM. Se prononçant sur l’axe 7 du Plan d’Action 2025-2026, le premier responsable dira que le gouvernement poursuivra ses efforts pour déconstruire les narratifs erronés et les stéréotypes hostiles au Mali. A cet effet, la diplomatie malienne s’emploiera activement à renforcer et diversifier ses relations de partenariat dans le strict respect de la Constitution en vigueur.
Mamadou Diarra