135 morts dans le village d’Ogossagou au Mali. Tous des peuls. Une réelle abomination qui doit être dénoncée et punie avec toute la rigueur. Resurgit sur la scène internationale la question dite peule. Elle est complexe mais les manifestations meurtrières qui la structurent sont connues voire prévisibles. Tous les maliens voyaient venir. Au cœur de ces massacres de forts soupçons pèsent sur le PM Boubeye Maiga, initiateur des Ganda Koy dans les années 90, un mouvement d’auto défense contre les touaregs. Il a fortement encouragé le Ganda Koy.
Aujourd’hui le communiqué du gouvernement malien est précis sur les auteurs du carnage : « Sur le rapport du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Conseil des Ministres a adopté un projet de décret portant dissolution de l’Association DAN NA AMBASSAGOU. Depuis un certain temps, l’Association DAN NA AMBASSAGOU s’est écartée de ses objectifs initiaux, en dépit des mises en garde répétées des autorités administratives locales.En application des dispositions de la Loi n°04-038 du 05 aout 2004 relative aux associations, le Conseil des Ministres a prononcé sa dissolution ».
L’association Dan Na a probablement tué les 110 peuls et le gouvernement leur reproche de s’être détourné de leur vocation intiale ». Au fil du temps, elle s’est transformée en une meurtrière milice. Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas des chasseurs traditionnels Dogon qui ont massacré les peuls. C’est une couverture. Ils ont des armes de guerre là où les chasseurs ont des mousquets.
La question peule se révèle au plan transversal en ré-écoutant l’interview d’Ali Nouhan Diallo, peul, ancien président de l’Assemblée nationale. Il dit en substance que s’il était jeune, il prendrait les armes et appelle à une grande coalition pour se défendre. Certains le renvoient à sa communauté parce qu’il parle de la question après avoir abordé des questions arabe et touareg. Il faut dire qu’il est intervenu personnellement quand des touaregs et des arabes ont été pris pour cible. Il les a défendus et à dénoncé les massacres. Mieux, il a pris des risques pour aller au Nord en tant que président de l’Assemblée nationale. Aujourd’hui que sa communauté est visée, il lui est interdit de parler au risque d’être taxe d’ethniciste.
Au delà de ces surenchères et des logiques de défense et d’auto défense, un élément reste constant et structurant. C’est une politique systématique de morcellement territorial de toute la bande sahélienne. Une évidence : le Mali a la plus forte concentration de forces militaires internationales, la décomposition s’aggrave. A qui profite le crime ? C’est exactement la même chose au Sénégal. Nous devrions être attentifs sur ces enjeux devenus transnationaux. On peut voir d’ailleurs la dimension particulière que prend ce ou ces massacres répétés sur les peuls à travers l’Afrique.
Déconstruire le système dans nos pays passent aussi par la prise en compte de ces dimensions. Tous nos pays ont conservé intact les structures coloniales tant au plan politique que territorial. Au delà des questions ethniques, ce qui se passe au Mali relève du business pour reconfigurer des espaces et des territoires, attiser des haines ethniques. Au nom du grand capital international. Une grande tragédie continentale. Elle ne fait que commencer d’ailleurs. Nous devrions y jeter un coup d’œil sérieux car les flammes arrivent bientôt chez nous.
Source: Maliactu.info