Le 1er décembre 1944 des dizaines de tirrailleurs sénégalais ont été tués par l’armée coloniale française à Thiaroye, au Sénégal. Le 1er décembre 2024, des députés français vont réclamer une commission d’enquête afin que toute la lumière soit faite sur cette tragédie.
Les députés français ont choisi cette date pour marquer le 80ème anniversaire de ce massacre commis un 1er décembre. Le Sénégal a prévu des cérémonies ce même jour.
La commission aurait vocation à vérifier “la complétude des archives disponibles”, en raison de possibles “destructions” et d’”archives non rendues publiques”, écrivent les députés signataires. Une question centrale pour le Sénégal, qui a constitué une délégation d’historiens, d’archivistes et de documentalistes envoyée en France pour consulter et numériser les archives détenues par la France, afin de faire toute la lumière sur cette tragédie.
L’objectif serait aussi “d’étudier (…) les raisons ayant orienté la France à ne pas reconnaître ce massacre, et la diversité des niveaux d’information de l’administration française”. La commission permettrait enfin de répondre à “la question de la reconnaissance et l’indemnisation, y compris financière, des victimes et leurs ayants droits du massacre de Thiaroye”, selon les députés.
Plus d’une centaines de députés issus de sept groupes parlementaires différents ont signé ce texte, “preuve que l’on arrive encore à travailler ensemble quand il s’agit de (…) dévoiler une page sombre de notre histoire”, a affirmé à l’AFP le député LFI (gauche radicale) qui en est à l’origine, Aurélien Taché.
Parmi eux, le président macroniste (Ensemble pour la République) de la commission des Lois, Florent Boudié, le président MoDem (centre droit) de la commission des Affaires étrangères Bruno Fuchs, ou encore la députée socialiste Colette Capdevielle.
Le 1er décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye, près de Dakar, des troupes coloniales et des gendarmes français avaient tiré sur ordre d’officiers de l’armée française sur des tirailleurs africains rapatriés après s’être battus sous le drapeau français, qui réclamaient leurs arriérés de solde.
En juin, Paris avait reconnu six tirailleurs “morts pour la France” à titre posthume, une décision mémorielle inédite dans ce dossier douloureux entre la France et ses anciennes colonies mais largement insuffisante pour les députés signataires.
Mais fin juillet, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko avait critiqué cette décision, affirmant notamment que ce n’était pas à Paris de “fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés”.
Selon le bilan des autorités françaises à l’époque, au moins 35 tirailleurs avaient trouvé la mort à Thiaroye. Un chiffre qui reste encore sujet à controverse, certains historiens l’estimant beaucoup plus élevé.
Source : AFP