Victime de tortures répétées et étranglée, le sort de la petite Angèle, 4 ans, retrouvée morte dans sa maison vendéenne, suscite horreur, consternation et colère sur place, après l’annonce jeudi de la mise en examen de sa mère et du compagnon de celle-ci, pour actes de tortures et de barbarie.
La mère de la fillette, qui a reconnu l’avoir étranglée sans avoir voulu la tuer, a aussi été mise en examen à la Roche-sur-Yon pour meurtre sur mineurs de 15 ans. Son compagnon a été placé sous le statut de “témoin assisté” pour ce meurtre.
Angèle a été retrouvée morte lundi dans la maison où sa mère et le compagnon de celle-ci s’étaient récemment installés, dans un hameau du village de Saint-Georges-de-Pointindoux, situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de La Roche-sur-Yon. Ils venaient d’appeler les secours mais le décès remontait à dimanche.
Un bouquet de fleurs, deux roses blanches et un ours en peluche sont posés au pied de la porte de la petite maison en pierre aux murs usés, située le long d’une route passante, a constaté l’AFP. Jeudi, au fil de la matinée, plusieurs voitures sont venues se garer en face et leurs occupants ont déposé de nouvelles fleurs, ou peluches.
“Dors petit ange. C’est l’indignation. Une mamie”, dit un message accompagné de quelques fleurs des champs, collé sur une des fenêtres de l’habitation, scellée avec les scotchs rouge de l’enquête criminelle.
Une pancarte “assassins” était présente devant la maison mercredi soir, selon un voisin, mais elle a été retirée.
“Quand j’ai vu les pompiers là-bas, j’étais loin d’imaginer que c’était pour une gamine de 4 ans. Ça fait mal au cœur”, réagit Danielle, une voisine qui vient de déposer une fleur.
“Je ne savais même pas qu’une enfant vivait dedans. Dimanche soir, j’étais là avec mes petits enfants, je n’ai rien entendu”, raconte Éric, qui habite en face de la maison.
– Signalement en 2011 –
Rapidement placés en garde à vue lundi, compte tenu des blessures et hématomes relevés sur le corps de la fillette, et confrontés au résultat de l’autopsie réalisée mardi, la mère de la fillette et son compagnon ont avoué des actes violents répétés, qu’ils ont justifiés par des “punitions”, infligées au cours de la dernière semaine de vie d’Angèle.
Son corps portait “de nombreuses traces de coups” et des morsures, “au vu des traces très marquées qui subsistent”, selon le parquet. Ses cheveux ont été arrachés en plusieurs endroits et elle présentait des brûlures au deuxième degré sur 30% à 35% de sa surface, provenant de douches brûlantes données par punition.
Le père de la fillette, qui demeure en Charente-Maritime, a indiqué au parquet que la mère l’avait quitté lorsque la petite avait environ 18 mois et que, depuis, il avait du mal à voir régulièrement sa fille.
L’arrivée de la famille n’avait pas été signalée aux services sociaux vendéens. Mais le père de la fillette avait alerté les services sociaux fin 2011, dans le Val-de-Marne où la mère habitait auparavant. “Le papa nous avait alertés dans le cadre d’une séparation de couple”, a indiqué jeudi à l’AFP Michèle Créoff, directrice générale adjointe du Conseil général du Val-de-Marne, chargée de la famille et l’enfance.
La situation de la fillette, alors accueillie dans une crèche de Limeil-Brévannes, avait “été évaluée” par les services de protection maternelle et infantile. “Rien ne pouvait laisser supposer une maltraitance”, a assuré Mme Créoff. “L’enfant se développait bien” et la mère “avait de bons réflexes”.
“Il y avait un conflit de couple assez intense” entre les parents, a-t-elle cependant ajouté. “Ils se disputaient la garde de l’enfant” et “le juge des affaires familiales avait été saisi.”
Les services du Val-de-Marne ont conclu l’enquête un mois plus tard, jugeant “la relation relativement satisfaisante avec la mère” et ont perdu la trace de l’enfant en juillet 2013, quand celui-ci a quitté la crèche, a précisé un porte-parole du Conseil général.
© 2014 AFP