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Marième Cissé Diarra, 32 ans : mon handicap, ma force

Déficient auditif, elle a tout d’une femme réussie, trois diplômes, un mari et des enfants. Elle est détentrice d’un BTS en informatique de gestion, d’un master en ingénierie des systèmes d’information réseau et télécommunication et d’une maitrise en droit public interne. Maliennemoi l’a rencontré.

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Depuis quand les premiers signes du handicap ont été détectés ?

D’après mes parents, les premiers signes de mon handicap ont été détectés dès l’âge de trois ans. A ce moment, lorsque ma maman me parlait, je n’entendais rien et je ne réagissais pas. C’est comme ça qu’elle a découvert que j‘étais atteinte de surdité. D’après mes médecins, qui m’ont fait passer le test de l’audiogramme (mes 2 oreilles), je suis atteinte de surdité à 75%.

Comment s’est passée votre enfance au niveau de la famille ?

Mon enfance au niveau de ma famille s’est bien passée. Elle me comprend parfaitement, me soutient et m’encourage beaucoup. Elle me montre son amour et adore s’amuser avec moi car je la fais trop rire. J’ai une famille formidable.

Comment avez-vous été accueillie à l’école ?

J’ai été accueillie à l’école sans problème, avec gentillesse et respect. Les Directeurs et les professeurs étaient très surpris de me voir aller à l’école des entendants car c’était la 1ère fois qu’ils voyaient une personne handicapée auditive suivre les mêmes cours avec les entendant.

Quelle est la première réaction des personnes que vous rencontrez ?

Ils pensent au début, que je suis bête, malade mentale issue des défients mentaux Amaldeme, car ma façon de m’exprimer les étonne. Vous savez pourquoi je parle comme ça ? parce que je n’entends pas ma propre voix ! En classe, lorsque mes camarades et mes prof ont découvert mon courage et mon intelligence, ils ont été très surpris et ont fini par avoir beaucoup de respect pour moi. C’était pour leur montrer, malgré mon handicap, qu’ils ne valent pas mieux que moi. Vous savez, ce qui m’étonne chez les gens, c’est le fait qu’ils me prennent pour quelqu’une de moins intelligente, et parfois j’ai envie de rire d’eux car ils ne connaissent absolument pas ce  qu’est le mot « handicap ». Un jour, ils m’ont demandé comment je fais pour être intelligente à l’école, je leur ai simplement répondu que c’est le Bon Dieu qui m’assiste, et que c’est surtout le fait d’avoir des parents et une famille qui m’ont toujours soutenu ! Ils ont tout fait pour que mon handicap ne soit pas un frein à ma scolarité ! Ils ont dépensé toutes leurs « maigres ressources » pour me permettre d’avoir une scolarité de qualité ! Je ne cesse de les remercier !

Avez-vous pensé à abandonner l’école à un moment donné ?

Oui bien sûr que j’ai pensé à abandonner un jour l’école. C’est parce que mes camarades n’arrêtaient pas de me saboter, de me provoquer et d’imiter la façon dont je parle. Lorsque j’ai expliqué ce problème à mon papa qui est aussi mon confident (rire), il m’a encouragé en me disant de continuer mes études, de fermer mes yeux pour ne pas regarder le mal que les gens me font, d’être forte et battante et de suivre mon chemin, et que tout finira un jour Inch’Allah. J’ai fini par l’accepter et j’ai continué mes études.

Malgré les regards, vous avez décidé de faire de longues études ?

Oui j’ai décidé de faire de longues études, malgré les regards. Pour aller de l’avant et avoir un avenir meilleur. Et aussi c’est pour montrer aux gens (personnes valides) qu’étant handicapée, je peux bien sûr faire des études supérieures pour avoir un avenir meilleur comme eux. Je veux seulement qu’ils sachent que les personnes handicapées sont des êtres vivants comme eux, qu’ils peuvent tout faire malgré leur handicap et que les gens connaissent aussi le milieu des personnes handicapées.

Le droit et après l’informatique, pourquoi ces choix ?

J’ai choisi de faire du droit pour mieux défendre les droits des personnes handicapées au Mali. J’ai choisi de faire aussi l’informatique en même temps que le droit, pour avoir une maîtrise totale de l’ordinateur. Je me suis dit un jour que ce serait facile pour moi après mes études de créer ’une plateforme dédiée à la promotion des droits des personnes handicapées. Ce site web leur permettra également de saisir les opportunités d’emplois ou de formation.

Ces diplômes en main, c’est quoi la prochaine étape, je veux dire vos prochains objectifs?

J’aimerais juste décrocher un boulot qui correspond à mes diplômes.

Vous êtes donc au chômage ? Est-ce à cause du handicap ?

Oui à cause de mon handicap car les chefs d’entreprises, surtout le gouvernement du Mali, ne nous font pas confiance à cause de notre handicap car ils pensent toujours que nous sommes incapables. Si nous sommes incapables de faire un tel boulot, alors pourquoi avons-nous poursuivi nos études supérieures ? Sérieusement ils ne savent même pas ce qu’est le mot handicap et quelles sont les différents types de handicaps? Pour moi il y a 2 sortes de personnes handicapées : une personne handicapée valide, prenons mon exemple suivant : je suis une personne handicapée auditive mais bien portante, c’est-à-dire que je n’entends pas bien, mais je comprends en lisant sur les lèvres des gens pour comprendre ce qu’ils disent. Je n’entends pas la voix sauf un bruit fort. Je suis donc bien portante ! Une personne handicapée est considérée malade mentale si elle est handicapée auditive et malade mentalement. Nous sommes donc normaux et avons aussi des droits comme avoir une famille, des enfants, un bon boulot, de l’argent, une villa, une voiture etc…

Vous êtes membre d’une association de handicapées, quelle est la situation des femmes handicapées ?

Elles sont confrontées à beaucoup de situations difficiles : la pauvreté, l’écart précoce du système scolaire, le chômage, les difficultés à rencontrer un conjoint et l’accessibilité aux services de base.

Vous semblez donc être une chanceuse. Si je peux me permettre, être femme ou handicapée doit-il être une cause d’inactivité ?

Etre une femme ou handicapée ne doit pas être une cause d’inactivité, au contraire être une femme ou une handicapée, doit inciter à surmonter son handicap, se battre jusqu’au bout et avoir confiance en soi.

Votre plus grand souhait ?

Les personnes handicapées ne doivent jamais baisser les bras ni se minimiser car il y a des cas plus graves que leurs situations. Personnellement, depuis que j’ai vu des cas plus graves que le mien, j’ai arrêté de me sentir isolée et c’est ce qui m’a permis d’aller de l’avant. Ils doivent se battre jusqu’au bout et avoir confiance en eux-mêmes. Que le gouvernement et les chefs d’entreprises aient confiance aux personnes handicapées et les recrutent sans à priori. Que les personnes handicapées entrent à la fonction publique et qu’elles bénéficient du même traitement que les personnes valides. Il y va aussi de l’égalité tant revendiquée dans les textes juridiques mais qui ne se reflètent jamais dans la réalité.

Qu’est-ce que vous désirez pour vous-même ?

Ce que je souhaite pour moi-même c’est d’avoir un boulot viable comme tout le monde. Vivre heureuse. J’ai un excellent mari avec qui j’ai deux enfants Mach’Allah ! Donc, je peux dire déjà que je suis comblée…

Source: maliennemoi

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