Le mariage précoce est un phénomène qui prend de l’ampleur au Mali ! De nombreuses filles vivent le calvaire d’une vie d’adulte précocement contractée sans leur consentement. Avenir brisé se résume la vie de ces enfants trop tôt mariée d’où l’urgence de briser le silence pour sauver cette couche fragile non moins relève du développement socio-économique de notre pays .
-« Tanti, je ne peux plus rester chez toi, ils m’ont repérée et ils viendront me chercher pour m’amener chez lui pourtant je ne veux pas y retourner quitte à me tuer… » S’exprime ainsi Awa, la jeune fille de ménage âgée qu’à peine 16ans à sa patronne qui l’avait prise à son service à Bamako.
L’histoire n’Awa n’est pas singulière, elle est presque similaire à celle de Mariam. La différence, Mariam avait été forcé par son père à se marier à l’âge de 15 ans à un jeune infirmier de 35ans. L’écart d’âge, ajouté à la maltraitance, ont fini à avoir raison de la jeune fille qui a abandonné son foyer 5ans plus tard.
Mariam conte son histoire « Mes parents étaient séparés et mon père s’est remarié à une dame qui ne m’aimait pas du tout. Elle m’a fait voir de toute les couleurs c’est elle qui a fini par convaincre mon père de me forcer au mariage avec le fils d’un voisin qui cherchait une femme. J’étais en classe de 9èmelorsqu’ ils m’ont forcé à épouser le monsieur qui est devenu mon mari. Une fois le mariage scellé, il m’a amené à Ségou, il était très violent avec moi, nous avons eu 2enfants en 5ans de mariage. Ma première grossesse a été difficile on m’a fait une césarienne, deux ans après j’ai eu un autre enfant qui m’a beaucoup fatiguée. Je ne voulais plus avoir d’autres enfants et je voulais avoir une vie comme les autres filles avec qui j’ai fait l’école c’est pour ça que quand j’ai eu l’occasion de fuir je suis rentrée à Bamako mais j’ai coupé tous les liens avec mon père, je vis actuellement chez une cousine de ma mère »
Des survivantes qui viennent s’ajouter à un bilan déjà alourdi des victimes de mariage précoce sous nos cieux !
En effet selon les résultats du partenariat mondial d’organisation « Fille, Pas Épouses », le mariage des enfants fait référence à un mariage formel ou toute union informelle où une ou les deux parties ont moins de 18ans.
Toujours selon ces résultats ceux sont 15 millions de filles qui sont mariées chaque année avant leurs 18ans, 28 filles sont mariées chaque une minute et 1fille toutes les deux secondes.
Au Mali, selon EDS V, 20% des filles maliennes sont mariées avant l’âge de 15ans et 50% avant l’âge de 18 ans ; 37% des femmes ont eu leur premier enfant avant l’âge de 18 ans ; 15% des décès maternels proviennent de chez les adolescentes.
Mariage Précoce, un danger sur le santé des filles et fille-mère
Selon, le Dr Maïga du Centre de Référence de Lafiabougou, le mariage précoce constitue un réel problème de santé public.
Selon ses dires, les filles de moins de 15ans sont 5fois plus susceptibles de mourir pendant l’accouchement que les femmes de 20ans. Avant d’ajouter qu’un mariage précoce peut avoir des conséquences néfastes tant sur le plan physique que mental sur l’enfant.
« Qui dit mariage précoce parle de rapport sexuel précoce, de grossesse précoce, des choses qui occasionnent très souvent des complications au niveau de l’accouchement entrainant très souvent la fistule. » a-t-il indiqué.
Toujours selon le Dr Maïga, le mariage précoce peut entraîner des traumatismes chez l’enfant allant jusqu’à compromettre son insertion sociale. En effet, selon les spécialistes des droits des enfants, le mariage précoce constitue une entrave au développement socio-éducatif des enfants singulièrement des filles.
Il s’agit d’une pratique qui favorise la déscolarisation des filles, selon un rapport du Ministère de l’Éducation Nationale : en 2013, 14,44% des filles ont accédé au fondamental 2 contre 56,8% des garçons ; et 24, 5% des filles l’ont achevé tandis que ceux sont 32,6% des garçons avaient achevé leur cycle.
Conscient des conséquences de la problématique du mariage précoce, certains acteurs de la place s’impliquent de plus en plus dans la lutte contre ce phénomène en faveur de la promotion des droits humains notamment les droits des filles.
Et c’est dans ce cadre que depuis 2016, réuni en consortium : l’Alliance-More than Brides, Save the Children, Population Council, Siawi et Oxfam, ont mis en œuvre un projet dénommé « Le mariage des enfants n’est pas un jeu » dans 5 pays (Mali, Niger, le Pakistan et l’Inde) avec l’appui financier du Ministère des Affaires Étrangères des Pays-Bas.
Conformément aux objectifs du projet « Le mariage n’est pas un jeu d’enfant », certaines ONG de la place notamment l’Ong SORO, Fawe-Mali et l’ONG –Walé se sont fortement impliquées dans la lutte contre le mariage des enfants à travers de fortes campagnes de sensibilisation et autres action pour éradiquer le phénomène dans notre pays.
Khadydiatou SANOGO