Avant hier jeudi, 39 organisations et institutions de la société civile et de défense des droits humains ont organisé une marche pacifique pour la paix et la justice. L’objectif était de dénoncer l’impunité des criminels de génocide et de guerre du nord du Mali. C’était sous l’égide du Directeur général de Amnesty International du Mali, Salim Dédéou Traoré ,en présence du président de l’AMDH Maître Moctar Mariko et plusieurs responsables d’organisations de défense de droits humains. La marche a commencé à la bourse du travail en passant par la place de l’indépendance avant d’arriver à la cité administrative. Les marcheurs ont été reçus par le Ministre de la Justice et des droits de l’Homme, Mohamed Ali Bathily accompagné de ses collaborateurs. Un mémorandum a été lu et remis au Ministre de la justice.
Selon Salim Dédéou Traoré, la situation actuelle du pays est très préoccupante. Il indiqué que les organisations de défense des droits humains de Mali condamnent les libérations politiques de 42 éléments des groupes armés intervenue le 15 juillet 2014 à la veille des pourparlers inter-maliens, et de l’ancien juge islamiste de Tombouctou Houka Houka Ag Alfousseyni. Il a rappelé que l’impunité est l’une des causes des différents conflits que le Mali a connus. Il a souligné que la construction de la paix ne saurait faire l’économie d’une justice saine et équitable.
Dans le mémorandum, les marcheurs ont fait des recommandations au gouvernement du Mali. Il s’agit entre autres pour le gouvernement de : « garantir, en toutes circonstances, les droits des victimes de crimes internationaux à la justice, à la vérité et à la réparation ; exclure toute amnistie pour les crimes internationaux y compris les violences sexuelles et l’enrôlement d’enfants soldats, conformément au statut de Rome que le Mali est partie signataire; prendre des mesures appropriées en vue de s’assumer que les responsables des crimes soient poursuivis, jugés et condamnés par la justice malienne et/ou internationale. Promouvoir une paix durable pour toutes les populations du Mali ; Garantir le principe de la séparation des pouvoirs, diligenter l’adoption du décret d’application de la loi N°2012-025 du 12 juillet 2012 portant indemnisation des victimes de la rébellion du 17 janvier 2012 et du mouvement insurrectionnel du 22 mars 2012 ».
Après avoir reçu le mémorandum, le Ministre de la justice a déclaré ceci : « Je suis profondément ému par les motivations de cette marche. Cet acte est légitime. L’Etat du Mali a été sauvé par sa superficie. Il faut que les maliens comprennent que les ambitions de l’Etat sont souvent incompatibles avec les exigences judiciaires. Au moment où les crimes de génocide et de guerre sont imprescriptibles, il faut savoir que tôt ou tard la cour pénale finira par mettre la main sur les coupables. L’avenir appartient à la jeunesse qui aura la responsabilité de faire ce que les dirigeants actuels ne seront pas à mesure de réaliser. Les gens doivent aussi admettre qu’on ne peut pas tout juger au même moment. Ce que le Mali est entrain de chercher à Alger, c’est la refondation d’un Etat de droit et de l’unité nationale. C’est le plus important. Tous les criminels seront jugés par l’histoire. Nous sommes entrain de voir que des auteurs de crime de la seconde guerre sont jusqu’à présent recherchés et condamnés par la CPI. »
Jean GOÏTA