Le peuple malien a, partout à travers le monde, encore manifesté son désaccord avec les résultats définitifs de l’élection présidentielle. En effet, après la marche du 25 août, des millions de Maliens ont encore battu le pavé à Bamako, Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Nioro du Sahel, Yelimané, Niafunké, Paris, Bruxelles, Genève, Barcelone…pour contester contre les résultats de la présidentielle proclamés par la Cour constitutionnelle et en même temps réclamer la libération de Paul Ismaël Boro et Moussa Kimbiri, enlevés la semaine dernière par des hommes cagoulés.
Les candidats Mohamed Ali Bathily, Mountaga Tall, Choguel Kokalla Maiga, Dramane Dembélé ; des présidents des partis dont Konimba Sidibé ; l’épouse de Paul Ismaël Boro, étaient tous présents à cette marche de Bamako qui a quitté de la place de la Liberté pour rallier la Bourse du travail.
Au cours du trajet, les manifestant scandaient des slogans très hostiles à IBK et Manassa Dagnoko, considérés comme les deux grands acteurs de ce hold-up électoral. Sur des banderilles et panneaux brandis par les manifestants, on pouvait en effet lire le sentiment de rejet de ces deux protagonistes du jeu électoral, pour lequel, sans détour, les marcheurs ont épinglé le vol de leurs voix électorales, mais aussi la corruption qui a amené à proclamer IBK vainqueur. Ce qui n’empêchait pas de chanter, tel un hymne de guerre : « Le président élu du Mali, Soumaila Cissé ! », « Libérez Paul ! Libérez Moussa Kimbiri ! », les manifestants confirmaient ainsi les mobiles de leurs protestations.
Plus que jamais déterminés, ces manifestants affirment qu’IBK ne sera que le président de la communauté internationale et non celui des Maliens. Pour eux, IBK et ses acolytes, conscients de leur impopularité, ont bourré des urnes et la présidente de la Cour constitutionnelle a proclamé ces résultats frauduleux tout en rejetant les requêtes de l’Opposition. Aussi, estiment-ils que les enlèvements dont celui de Paul Ismaël Boro, rentrent dans le cadre d’une stratégie du régime en place pour leur faire oublier leur combat, notamment celui de la contestation des résultats frauduleux de la présidentielle.
Devant la Bourse du travail, en présence de plusieurs centaines de milliers de marcheurs, le directeur de campagne de Soumaila Cissé, Tiebilé Dramé, a félicité le peuple malien pour sa mobilisation dans la réclamation de sa victoire volée. Avant de terminer, le président du parti du Bélier blanc a laissé entendre que Paul Ismaël Boro et Moussa Kimbiri sont des prisonniers politiques et doivent impérativement être libérés.
A son tour, l’avocat et le candidat indépendant Mohamed Ali Bathily s’est beaucoup penché sur les violations de la loi par la Cour constitutionnelle. « On ne vas encourager les violations des lois dans ce pays. Les gens ont en tête que violer la loi en faveur de celui qui est au pouvoir n’est pas grave », précise Mohamed Ali Bathily avant d’ajouter : « Manassa Danioko a violé la loi sur les règles de fonctionnement de la Cour constitutionnelle en son article 8. Et les autres membres qui doivent constater sa démission ne l’ont pas fait. Eux aussi ont donc violé l’article 10 de cette loi. C’est pourquoi nous rejetons les résultats proclamés par cette Cour », a-t-il dit sans détour.
Selon le président des APM, la requête pour forfaiture contre les membres de la Cour constitutionnelle a été déposée à la Cour suprême en fin de la semaine dernière. « J’invite le président de la Cour suprême à dire le droit et annuler les résultats proclamés par Manassa qui est considérée comme ayant démissionné », a-t-il conclu.
Présente à la marche, l’épouse de Paul Ismaël Boro, Mme Boro Fatoumata Tall, a dénoncé l’enlèvement barbare de son époux avant d’inviter tous à l’aider pour sa libération.
Mountaga Tall, Choguel Kokalla Maiga, Konimba Sidibé, Mme Kadidia Fofana …ont tous dénoncé avec la dernière rigueur l’enlèvement de Paul Ismaël Boro et Moussa Kimbiri. Ils affirment rester déterminés jusqu’au respect du vote des Maliens.
Pour sa part, le porte-parole du CDR, Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath, a précisé que Paul n’est pas en prison. Il est dans la liste des grands hommes comme Nelson Mandela, Thomas Sankara, Modibo Keita…Pour lui, l’enlèvement, la torture sont les armes des faibles et Paul est la voie de la vérité. Avant de terminer, Ras Bath dira qu’on ne peut avoir confiance qu’au peuple malien et le combat pour le respect du vote des Maliens continuera.
« Je suis fier de vous. Vous qui êtes massivement sortis pour réclamer votre victoire, votre vote », introduit Soumaila Cissé, président élu pour ses partisans. Pour le chef de file de l’Opposition, malgré les arrestations extrajudiciaires, les interpellations arbitraires et enlèvements ; malgré les actes de torture et les traitements cruels, inhumains ou dégradants sur plusieurs de ses partisans, le peuple est toujours déterminé à faire respecter son vote.
Après avoir condamné les enlèvements barbares de Paul Boro et Moussa Kimbiri, l’Honorable Cissé invite ses partisans à rester mobilisés pour leur libération. Avant de clore, il a déploré que les deux victimes, Paul et Kimbiri, soient en grève de la faim.
Le député de Nianfunké a, par la suite, invité les autorités à respecter la loi et libérer ses deux militants.
Boureima Guindo
Source: Le Pays