Le mardi 8 avril 2025 restera sans doute gravé dans les mémoires comme l’un de ces moments où le peuple malien, uni dans sa diversité, a su faire entendre sa voix face à ce qu’il considère comme une atteinte grave à sa souveraineté nationale. Devant l’ambassade d’Algérie, située à Daoudabougou, quartier populaire de Bamako, plusieurs centaines de citoyens, majoritairement des jeunes, ont manifesté pour dénoncer la destruction d’un drone malien par l’armée algérienne.
Bamada.net-Drapeaux du Mali et de la Russie en main, pancartes brandies et slogans enflammés, les manifestants ont exprimé avec vigueur leur rejet des « actes hostiles » qu’ils imputent à l’Algérie, accusée d’avoir abattu un drone de reconnaissance malien dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025. Cet appareil, selon les autorités maliennes, opérait strictement dans le territoire national, et n’a en aucun cas violé l’espace aérien de son voisin du nord.
Une manifestation encadrée et hautement symbolique
Organisée à l’initiative de collectifs citoyens, de mouvements de jeunes et d’organisations patriotiques, la manifestation s’est déroulée sous haute surveillance des forces de sécurité maliennes. Si le ton était résolument ferme et nationaliste, l’événement s’est tenu dans le calme, traduisant la maturité d’un peuple qui connaît la valeur du combat pour la dignité.
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« Respectez notre souveraineté », « Touche pas à l’intégrité du Mali », ou encore « L’Algérie doit s’excuser » : tels étaient les mots d’ordre scandés par les manifestants. Certains sont même allés jusqu’à qualifier l’Algérie d’ »État terroriste » et d’ »ingrat », rappelant les nombreuses frustrations accumulées depuis plusieurs années, notamment sur la question du soutien présumé d’Alger à certains groupes armés dans le nord du Mali.
Des discours enflammés ont été prononcés sur place, dans lesquels les orateurs ont appelé à la vigilance nationale, à la solidarité entre les États membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), mais également à un rééquilibrage diplomatique stratégique, notamment en renforçant les partenariats avec des puissances comme la Russie et la Chine.
L’incident du drone : point de bascule diplomatique
À l’origine de cette montée de tensions, un événement à la fois technique et diplomatique : la destruction d’un drone malien de type Bayraktar, survenue près de la zone de Tin Zaouatine, à la frontière entre le Mali et l’Algérie. Pour le ministère algérien de la Défense, le drone aurait franchi l’espace aérien algérien d’environ deux kilomètres, justifiant ainsi son abattage par les systèmes de défense aérienne.
Une version vivement rejetée par le gouvernement de transition à Bamako. Les autorités maliennes affirment que le drone accomplissait une mission de routine dans une zone à forte activité terroriste, sur le territoire malien. D’après une source militaire malienne, « le drone a été abattu à l’intérieur de nos frontières, dans une action que nous considérons comme préméditée et hostile ».
Un rapport préliminaire d’enquête interne, non encore rendu public, aurait conclu à une « violation flagrante de la souveraineté malienne », pointant une action délibérée du régime algérien visant à affaiblir les capacités de surveillance du Mali dans le septentrion.
Une escalade régionale évitable ?
Suite à cet incident, la réaction des autorités maliennes ne s’est pas fait attendre. Bamako a immédiatement rappelé son ambassadeur à Alger. Dans un élan de solidarité, Ouagadougou et Niamey, partenaires du Mali au sein de l’AES, ont adopté la même posture, suscitant à leur tour la riposte diplomatique d’Alger.
Dans la foulée, l’espace aérien algérien a été fermé aux vols maliens, civils et militaires, une mesure réciproque appliquée le même jour par le Mali. Ce blocage aérien, inédit entre les deux pays, intervient dans un climat de méfiance grandissant.
Pour nombre d’analystes géopolitiques, cette situation est symptomatique de la recomposition régionale en cours. Alors que la CEDEAO s’efface progressivement du paysage sahélien, l’AES s’impose comme un nouvel acteur géopolitique assumé. Un positionnement qui semble heurter les intérêts traditionnels de l’Algérie, notamment en tant que médiateur de l’Accord pour la paix de 2015, aujourd’hui largement contesté par Bamako.
Le passé qui hante le présent
Les griefs maliens envers Alger ne datent pas d’hier. Depuis plusieurs années, des accusations persistantes font état de la « tolérance » de l’Algérie à l’égard de groupes armés actifs dans le nord du Mali. Bamako reproche à Alger de jouer un double jeu, en soutenant officiellement la paix tout en maintenant des relais avec certains acteurs qui sapent la stabilité du pays.
« Nous ne pouvons plus faire confiance à un pays qui prétend nous aider à construire la paix tout en détruisant nos capacités de défense », s’est exclamé un jeune manifestant, vêtu d’un t-shirt frappé du slogan « Défendre le Mali – Je suis Malien ».
Vers quel avenir diplomatique ?
Malgré la colère populaire et les tensions diplomatiques, des voix appellent à la désescalade. L’Union africaine, l’ONU et plusieurs chancelleries européennes ont exhorté les deux parties à rétablir le dialogue pour éviter une dégradation de la situation sécuritaire dans une région déjà éprouvée par l’instabilité.
Cependant, pour le gouvernement malien, il n’est pas question de faire abstraction de l’incident. Selon une source diplomatique à Bamako, « la reconnaissance des torts et des excuses officielles sont des préalables à toute normalisation ».
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En attendant, le sentiment anti-algérien semble prendre de l’ampleur dans une frange croissante de la société malienne, galvanisée par les discours souverainistes et patriotiques. Le slogan « Développer avec ceux qui nous respectent » revient de plus en plus dans les cercles citoyens et intellectuels.
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BEH COULIBALY
Source: Bamada.net