« Il a changé le monde »: sur son panneau d’affichage lumineux, l’Apollo Theater, temple de la musique noire au coeur de Harlem, rend un hommage appuyé à Nelson Mandela, symbole de l’admiration que vouaient les Noirs américains à l’ex-président sud-africain.
« En 1990, Nelson et Winnie Mandela ont visité Harlem, New York, peu de temps après sa libération de prison », rappelle la salle de spectacles dans un communiqué: « L’histoire triomphale de son combat contre les politiques racistes du gouvernement sud-africain a résonné profondément au sein de la communauté de Harlem ».
Devant l’Apollo Theater, qui s’enorgueillit d’avoir lancé les carrières de Stevie Wonder, Michael Jackson ou James Brown, un petit mémorial improvisé a été érigé. Sur des photos de l’icône de la lutte anti-apartheid, des passants écrivent au marqueur quelques mots ou déposent une bougie: « Tu nous manques », « Nous t’aimons Madiba ».
En 1990, New York est la première ville américaine où Mandela pose le pied, et des dizaines de milliers d’Américains le saluent, brandissant des poings serrés, quand son convoi traverse des quartiers noirs de Brooklyn –750.000 personnes, selon la police, citée à l’époque par le New York Times.
La visite de celui qui n’est pas encore président d’Afrique du Sud se déroule alors que New York est dirigée par le premier –et unique à ce jour– maire noir de son histoire, David Dinkins.
« Oui, il était vieux et tout ça… », soupire Akamzioche Dike, un habitant de Harlem: « Mais ce qu’il a fait pour l’abolition de l’apartheid en Afrique, le fait qu’il ait passé toutes ces années en prison (…), ce n’est pas quelque chose que tout le monde peut faire dans ce monde ».
Dans un film de Spike Lee
La connexion new-yorkaise de Mandela emprunte aussi le chemin du cinéma, à travers la personnalité de Spike Lee. Le cinéaste de Big Apple, ardent défenseur de la cause noire dans tous ses films, avait même fait tourner une courte scène à Nelson Mandela dans son film « Malcolm X ». Mandela y apparaissait parlant à des enfants dans un collège et citant un discours du militant noir américain assassiné en 1965.
Pour saluer la mémoire de l’ancien président sud-africain, décédé jeudi à l’âge de 95 ans, l’actuel maire de New York Michael Bloomberg a du reste annoncé l’ouverture en septembre 2014 d’un lycée baptisé « Ecole Nelson Mandela pour la justice sociale », situé sur le campus d’un lycée visité par Mandela en 1990.
A la nuit tombée jeudi, une veillée s’est déroulée face au siège de la mission sud-africaine aux Nations unies où, dans le froid et sous la pluie, une vingtaine de personnes se sont réunies. « Ce que je retiens de lui, c’est cet esprit tourné vers l’intégration de tous, l’invitation, l’accueil de tout le monde à table », explique à l’AFP Sandra Zikalala, une Sud-Africaine vivant aux Etats-Unis depuis les années 90.
« Il n’y aura plus personne comme lui. Espérons que des hommes politiques ont appris de lui et rempliront le vide que l’on ressent maintenant qu’il nous a quittés », conclut-elle.