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Mamadou Oumar Sidibé, président du PRVM-Fasoko : «L’homme politique malien est le reflet de notre société»

Dans cette interview, l’ancien candidat à la présidentielle de 2018 aborde plusieurs sujets : la situation politique du pays, les futures échéances électorales, l’absence de son parti dans le gouvernement de Transition. Mamadou Oumar Sidibé donne également des pistes qui, à ses yeux, peuvent permettre à notre pays de gagner la guerre asymétrique contre les terroristes

 

L’Essor : Le Parti pour la restauration des valeurs du Mali (PRVM-Fasoko) n’est pas présent dans le gouvernement de Transition. Est-ce un choix du parti ou bien parce que vous n’avez pas été consulté?

Mamadou Oumar Sidibé: Le parti n’est pas présent dans le gouvernement parce que cette fois-ci nous n’avons pas été consultés par le Premier ministre.

L’Essor : Si vous aviez été consultés, est-ce que vous alliez répondre favorablement ?

Mamadou Oumar Sidibé: Absolument, parce que le souhait de tout parti est de participer à la gestion du pays. En cette période transitoire, tous les Maliens doivent s’unir pour sortir le pays de la situation dans laquelle il se trouve. Aujourd’hui, le Mali a besoin de tous ses fils et de toutes ses filles pour sortir de cette période transitoire. Il en va de l’inclusivité.

L’Essor : Est-ce à dire que malgré son absence de l’équipe gouvernementale, le parti soutient les autorités de la Transition ?

Mamadou Oumar Sidibé: Nous soutenons toute action gouvernementale qui tend vers la sortie du Mali de cette période de Transition. Mais il y a des préalables, le DNI (Dialogue national inclusif) a donné des directives, à leur tour, le président de la Transition, chef de l’état le colonel Assimi Goïta et le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga ont donné des directives. Si l’équipe gouvernementale respecte ces directives qui portent, entre autres, sur la révision de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale avant son application et sur la CENI (Commission électorale nationale indépendante) pour organiser les élections et les réformes institutionnelles. Si le gouvernement s’inscrit dans cette droite ligne et de la bonne gouvernance, il n’y a pas de raison que notre parti ne l’accompagne pas.

L’Essor : Les défis sont énormes, selon vous, quelles sont les chances de réussite de la nouvelle équipe gouvernementale ?

Mamadou Oumar Sidibé: Pour moi, les chances de réussite sont très faibles, surtout si le nouveau gouvernement ne priorise pas les actions. C’est difficile, voire impossible pour le gouvernement de tout faire en si peu de temps. Déjà, un gouvernement a besoin d’au moins trois mois pour s’installer et prendre les affaires en main. Quand on enlève trois mois du reste de la durée de la Transition, il ne restera plus rien. Actuellement, nous assistons surtout aux nominations et les personnes nommées ont besoin d’un certain temps pour prendre connaissance des dossiers et, éventuellement, les traiter. Pour moi, compte tenu du timing, il n’est pas nécessaire de faire certains changements dans les ministères parce que les personnes nommées n’auront pas suffisamment de temps pour traiter les dossiers.

En tout cas, le temps de prendre connaissance des dossiers est trop infime par rapport au temps restant. Il va donc falloir faire avec ce qu’on a, de manière directe et rationnelle. Autrement dit, il faut prioriser les actions et à mon avis, l’action principale à entreprendre aujourd’hui, c’est la sécurisation de toute l’étendue du territoire national. Tant que le territoire national n’est pas sécurisé, tant que l’armée, les forces de sécurité et l’administration ne seront pas déployées sur l’ensemble du territorial national, on ne pourra pas organiser d’élections démocratiques et le pays ne pourra pas se développer. Donc, la première vraie question de la Transition, c’est la sécurisation de l’état malien et de tout le territoire, après viendront les autres.

L’Essor : Vous étiez candidat à la dernière élection présidentielle et vous avez terminé 10è sur 24 candidats. Êtes-vous satisfait de ce résultat et quels sont les principaux enseignements que vous avez tirés de ce scrutin ?

Mamadou Oumar Sidibé: Effectivement, j’ai été 10è sur 24 lors de la dernière élection présidentielle. Très honnêtement, le parti s’attendait à mieux, mais au-delà du résultat, il faut dire qu’il y a eu des failles dues en grande partie à l’organisation même du scrutin. Si l’élection s’était bien déroulée, je suis sûr que le parti allait obtenir un résultat meilleur que celui sorti des urnes. Dès 2018 à la fin de l’élection, nous nous sommes mis au travail pour rehausser le niveau du parti et, surtout, corriger ce qui n’a pas marché. On était présent sur toute l’étendue du territoire, mais à cause de l’inexpérience, le mécanisme n’a pas trop marché. Il y a aussi le manque de moyens qui a joué en notre défaveur mais aujourd’hui, je suis heureux de constater que le parti est en plein essor et qu’il a beaucoup appris de ce qui s’est passé lors de la dernière élection.

L’Essor : Serez-vous candidat à la prochaine élection présidentielle ?

Mamadou Oumar Sidibé: Inch-Allah, le parti donnera un candidat. Si le choix du parti se porte sur moi, j’accepterai volontiers, il n’y a aucun souci. Je rappelle simplement que c’est le parti qui va désigner son candidat lors de la conférence nationale. Attendons donc la conférence nationale.

L’Essor : Concrètement, comment le parti prépare la prochaine échéance électorale ?

Mamadou Oumar Sidibé: Déjà en 2020 lors des élections législatives avortées, le parti était représenté dans 45 des 49 cercles. On a été 2è dans quatre circonscriptions et le parti a obtenu quatre députés. Dans quinze autres circonscriptions, on est arrivé en troisième position et quatrième et cinquième dans les circonscriptions restantes. C’est pour vous dire que le PRVM Fasoko est aujourd’hui un parti national implanté dans tout le pays. Mais comme on le dit, l’implantation est un cycle, il faut la continuer et la renforcer dans la perspective des futures échéances électorales.

L’Essor : Quelle est l’ambition de votre parti pour la prochaine élection présidentielle ? Obtenir un score supérieur à celui de 2018 ou atteindre le deuxième tour ?

Mamadou Oumar Sidibé: Pour être honnête avec vous, notre objectif est de gagner l’élection. Les gens peuvent ne pas nous faire confiance et même dire que c’est prétentieux de la part d’un parti jeune comme le nôtre, mais je le répète, notre parti ne sera pas là pour amuser la galerie, nous allons nous battre pour gagner. Mais comme on le dit en bambara, «AllahDébé Fanga Di» (seul Dieu peut donner le pouvoir).

L’Essor : Si les choses ne se passent pas comme prévu, seriez-vous prêt à faire une coalition au deuxième tour ?

Mamadou Oumar Sidibé: S’il y a un deuxième tour, on ne peut écarter l’hypothèse d’une alliance, mais à condition que la vision de ce parti ou de cette coalition soit la même que la nôtre. Autrement dit, il faut que notre parti retrouve son programme dans la vision ou le projet de société de la coalition. En tout cas, il faudra que la coalition ou le parti accepte au moins une partie de notre programme de campagne.

L’Essor : Monsieur le président, nombre de nos concitoyens ont une image plutôt négative de l’homme politique. Ils pensent que la classe politique a échoué et est responsable de la situation dans laquelle le pays se trouve aujourd’hui.

Mamadou Oumar Sidibé: Pour moi, la poire est partagée en deux. Nous sommes tous d’abord Maliens avant d’être hommes politiques. Nos concitoyens doivent comprendre que l’homme politique est le reflet de la société, il n’est que l’incarnation de la société dans laquelle il vit. Aujourd’hui, il est clair que l’homme politique malien doit se corriger et projeter une autre image, mais cela n’est pas valable seulement pour la classe politique ou une catégorie sociale. Le changement est aussi valable pour la base.

L’homme politique ne peut changer si la base ne change pas, il faut que celle-ci comprenne que les hommes politiques ou plutôt les gouvernants travaillent pour la population. Si la base change et sanctionne correctement ceux qui ne travaillent pas, les gouvernants vont forcément changer. Tant que la base continuera à prendre de l’argent, à vendre sa voix et demander que l’homme politique soit clair, c’est impossible.

Nous sommes dans un parti qui est pour la restauration des valeurs du Mali. Nous voulons faire la politique autrement, c’est difficile, très difficile parce que les Maliens ne semblent pas avoir encore compris qu’un homme politique doit être vertueux et digne de confiance, un homme politique ne doit pas trahir, voici les vertus que nous enseignons au sein de notre parti. Nous ne sommes pas un parti qui pense que l’argent peut et doit tout faire. Si les Maliennes et les Maliens comprennent notre volonté de restaurer les valeurs du pays, je pense que cela sera bénéfique pour tout le monde, y compris la classe politique elle-même.

L’Essor : En tant que président de parti, quel est aujourd’hui votre plus grand souhait ?

Mamadou Oumar Sidibé: Mon plus grand souhait aujourd’hui est que le Mali soit un pays apaisé, qu’il retrouve la cohésion sociale parce que le tissu social est très fracturé. Mais on ne peut avoir un pays apaisé que si la paix revient sur l’ensemble du territoire national. Il n’y a pas de cohésion sociale et il n’y a pas de développement sans sécurité et aujourd’hui, le Mali va très mal sur le plan sécuritaire. Il faut corriger rapidement cette situation ; ce n’est pas facile, ce n’est pas gagné, vu les enjeux mais il faut s’y mettre. Il faut que gouvernants et gouvernés travaillent en symbiose pour pouvoir battre l’ennemi sur le terrain. L’ennemi est en nous, il est dans nos familles, il est dans notre voisinage, donc il va falloir être très vigilant pour gagner cette bataille qui est une guerre asymétrique. Une guerre asymétrique ne se gagne pas seulement avec les armes, elle demande également beaucoup d’intelligence et de volonté.

Propos recueillis par
Souleymane Bobo TOUNKARA

Source : L’ESSOR

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