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Mali : vers une alliance de circonstance entre le CSP-DPA et l’Ukraine

Le porte-parole du Cadre Stratégique pour la Défense du Peuple de l’Azawad (CSP-DPA), Mohamed Elmaouloud Ramadane, a annoncé une alliance naissante entre le CSP-DPA et l’Ukraine. Cette coopération, encore en phase initiale, semble déjà annoncer de profonds changements dans la lutte contre les groupes armés et les mercenaires dans la région.

Dans une interview exclusive qu’il a récemment accordée à Contre-Poison, le porte-parole du Cadre Stratégique pour la Défense du Peuple de l’Azawad (CSP-DPA), Mohamed Elmaouloud Ramadane, a officialisé l’alliance en gestation. Selon Mohamed Elmaouloud Ramadane, la relation entre le CSP-DPA et l’Ukraine a été motivée par un ennemi commun à savoir le groupe Wagner. « Nous avons un dénominateur commun : les mercenaires russes de Wagner, qui ont aussi envahi l’Ukraine », affirme le porte-parole. L’Ukraine, en guerre contre la Russie depuis plusieurs années, voit en Wagner une menace directe, tout comme le CSP-DPA qui lutte contre ce groupe paramilitaire actif au Sahel.

Ramadane a rappelé que cette coopération est encore au stade préliminaire, mais que des discussions ont déjà été entamées. « La coopération entre le CSP-DPA et les Ukrainiens en est à sa première phase. Il est trop tôt pour révéler sur quels plans l’Ukraine nous a aidés », explique-t-il. Toutefois, il n’a pas caché son souhait de voir cette aide s’étendre à des domaines militaires, notamment en termes d’armement et de formation des combattants de la rébellion. « Nous avons besoin d’aide, particulièrement sur le plan militaire, afin de stopper l’avancée des criminels de Wagner », insiste-t-il, soulignant l’urgence d’un soutien international face « à l’impérialisme russe ».

Interrogé sur la temporalité de cette relation, Ramadane précise que les contacts avec l’Ukraine ont été établis au début de l’année 2024, dans un contexte où les hostilités contre le groupe Wagner se sont intensifiées. Cette alliance géopolitique entre le CSP-DPA et l’Ukraine est le fruit d’un besoin commun de contrer une « menace transnationale », a-t-il affirmé. Ramadane exprime également son amertume vis-à-vis de la Russie, qui « était auparavant un pays de médiation » mais a « choisi son camp en prenant partie pour les putschistes de Bamako ».

Pour le porte-parole du CSP-DPA, cette ingérence de la Russie dans les affaires maliennes n’est pas sans conséquence, en particulier pour les populations civiles du nord du Mali. « Elle a une grande part de responsabilité dans les exécutions extrajudiciaires des civils azawadiens », accuse-t-il.

Le Mali a rompu ses relations diplomatiques avec l’Ukraine, l’accusant de soutenir le terrorisme international, en réaction aux déclarations de deux responsables ukrainiens. Le porte-parole du renseignement militaire ukrainien et le représentant de Kiev à Dakar ont affirmé que leur pays avait apporté une aide aux rebelles du Cadre stratégique permanent (CSP) lors de la bataille de Tinzaouatene, dans le nord du Mali, où plusieurs soldats maliens et leurs alliés russes de Wagner ont perdu la vie fin juillet. Soutenu par le Burkina Faso et le Niger, avec lesquels il forme la Confédération des États du Sahel, le Mali a saisi le Conseil de sécurité des Nations unies, exhortant cette instance à prendre ses responsabilités face au « soutien affiché » de l’Ukraine au « terrorisme international ».

L’intervention étrangère, notamment celle de la France à travers l’opération Barkhane, est également abordée. Ramadane se montre critique envers ces interventions, estimant qu’elles n’apportent pas de solution durable à la crise sahélienne. « Il est difficile qu’une force étrangère parvienne à sécuriser un pays donné ou bien trouve une solution durable à un conflit », déclare-t-il. Pour lui, la clé de la paix réside dans la reconnaissance internationale de la nature politique et historique du conflit au nord du Mali, ainsi que dans un soutien diplomatique et humanitaire adéquat pour les populations locales.

Sur le plan international, Ramadane appelle à des partenariats avec la France, l’Union européenne et les pays voisins du Mali, tout en soulignant que « le Sahel est devenu un fief de déstabilisation de toute la sous-région ». Il va plus loin en proposant que l’Azawad devienne un « garde-frontière » de l’Afrique du Nord et de l’Europe, jouant un rôle clé dans la maîtrise des flux migratoires et dans la lutte contre le trafic de drogues, précise-t-il.

Pour Ramadane, son ambition pour l’Azawad est qu’en plus d’être un « État indépendant », il devienne « démocratique, respectueux des droits de l’homme ». Il a également insisté sur la capacité de l’Azawad à jouer un rôle stabilisateur dans la région. « L’Azawad sera la clé de voûte de la sécurité de la sous-région », déclare-t-il, tout en mettant en avant les richesses naturelles de cette région, notamment en or et en pétrole, qui en font une cible pour les forces étrangères.

« Nous garantissons à l’Union africaine et à la Cédéao que nous serons un pays respectueux, un partenaire crédible, qui jouera pleinement son rôle pour l’émergence du continent africain », conclut-il.

MD/Sf/ac/APA

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