L’Assemblée nationale a adopté jeudi la loi instituant des autorités intérimaires dans les collectivités territoriales du Nord. Une disposition prévue dans l’accord de paix, qui était attendue depuis des mois par ses signataires.
L’accord de paix d’Alger, signé le 21 juin dernier, prévoyait la mise en place d’autorités intérimaires au sein des collectivités territoriales du Nord dans un délai de trois mois. Il en a finalement fallu neuf. Jeudi 31 mars, les députés maliens ont adopté la loi instituant des autorités intérimaires dans les collectivités territoriales, c’est-à-dire les communes, les cercles ou encore les régions, du nord du pays.
Concrètement, cette loi va permettre au gouvernement d’installer des autorités intérimaires dans les collectivités territoriales du septentrion malien, dont la plupart sont hors-service depuis 2012 en raison de la crise sécuritaire. Chaque autorité intérimaire sera composée de représentants du gouvernement, de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion), de la Plateforme (groupes armés loyalistes), et des autorités traditionnelles. Selon le nouveau texte, elle aura la même taille et les mêmes compétences que le conseil qu’elle remplace.
Un « recul démocratique » selon l’opposition
« Nous attendions ça depuis longtemps, affirme Mohamed Ag Intalla, aménokal de Kidal et député du Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti présidentiel. C’est une bonne chose, qui va permettre d’apaiser les tensions car tout le monde sera représenté dans ces autorités intérimaires ». De son côté, l’opposition a appelé ses députés à ne pas voter cette loi, qui selon elle constitue un « recul démocratique » et une « violation flagrante » de la Constitution.
« Il aurait fallu faire une topologie plus fine. Toutes les collectivités locales du Nord n’ont pas arrêté de fonctionner ces dernières années. Il y a des élus qui se sont battus vaille que vaille pour tenir leurs postes. Il est profondément injuste de les spolier au profit des groupes armés », s’insurge Soumaïla Cissé, président de l’Union pour la république et la démocratie (URD) et chef de file de l’opposition. Selon ce natif de Niafunké, près de Tombouctou, cette loi va également aggraver la fracture entre le Nord, où les collectivités territoriales seront gérées par des autorités intérimaires, et le Sud du pays.
Source: Jeune Afrique