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Mali: un regain de violence lié à «l’absence de l’Etat et l’accès à l’armement»

Au Mali, au moins 135 personnes ont été tuées samedi matin dans la zone de Bankass, près de la frontière avec le Burkina Faso, par des assaillants que plusieurs sources décrivent comme étant habillés en tenues de chasseurs traditionnels.

Selon l’ONU, les violences dans le centre du Mali ont coûté la vie à près de 500 personnes en 2018. Pour Baba Dakono, chercheur à l’Institut d’études et de sécurité, basé à Bamako, l’absence des structures de l’Etat dans cette partie du pays a contribué à créer ce contexte de tension.

Baba Dakono : Depuis 2014-2015, les affrontements historiques entre communautés et groupes socioprofessionnels ont connu un regain de violence lié en partie à l’absence de l’Etat mais également à l’accès facile à l’armement dans ces localités. Ce qui fait que les conflits qui opposaient les groupes socioprofessionnels et qui mettaient en jeu des gourdins se font aujourd’hui à coup de Kalash’, donc les victimes sont beaucoup plus importantes. Les représailles sont aussi à la hauteur de la violence des actes qui sont perpétrés.

Mali, plus de cent morts dans un massacre dans le village peul d’Ogossagou Comment les populations locales se défendent-elles ? Pourquoi est-ce qu’on entend régulièrement certains acteurs des milieux associatifs, ou autres, déplorer le manque d’encadrement, de protection de la part des autorités ? L’armée a des présences ponctuelles dans certaines localités, même des patrouilles, mais encore une fois, l’armée elle-même est cible de ces attaques, donc [elle est] beaucoup plus préoccupée – que ce soit l’armée nationale ou toutes les forces militaires présentes dans le pays – de se protéger face à cette menace.

Donc c’est le désarroi des populations face à cette insécurité – qui, en plus de cibler les acteurs militaires, cible les civils, cible les forains – qui fait que chacun à recours soit à un groupe d’autodéfense [soit] à s’armer individuellement pour faire face à l’insécurité. Et encore une fois c’est peut-être la communautarisation, ce conflit constitue un raccourci. Pourquoi est-ce qu’il n’y a pas d’enquêtes qui sont ouvertes, ou même d’arrestations ? Il y a des enquêtes qui sont ouvertes, mais encore une fois, ces enquêtes peuvent difficilement aboutir, dans la mesure où il n’y a pas une présence effective et dans la durée des acteurs qui puissent mener correctement ces enquêtes.

Là, c’est de la collecte d’information ponctuelle et à des endroits peu accessibles selon le contexte sécuritaire, donc oui il y a eu des enquêtes, de nombreuses qui ont été ouvertes depuis quelques années, mais qui n’ont pas abouti.

RFI

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