Les circonstances de la libération de Soumaïla Cissé vont peser gravement sur le Mali et la sous-région. On peut bien comprendre que pour éviter de faire la fine bouche ou pour ne pas paraître ingrat, Soumaïla Cissé, après sa libération, botte en touche pour refuser l’idée que les circonstances et les conditions de sa libération puissent constituer des germes d’une déstabilisation encore plus grande du Mali. Mais la contrepartie de l’élargissement de plus de deux cents dangereux terroristes qui étaient détenus au Mali et au Niger, laisse un goût amer.
Les images des réjouissances des terroristes libérés, avec leur chef Iyad Ag Ghali, qui circulent, ont pu heurter des consciences et susciter la peur. Ces terroristes savourent leur impunité et exultent pour avoir vaincu l’ordre républicain et avoir fait plier tous leurs adversaires. Le Niger a participé au «deal» en acceptant de libérer une dizaine de terroristes détenus dans ses prisons.
Les auteurs des attaques de Grand Bassam en Côte d’ivoire ont ainsi été eux aussi libérés. Les autorités maliennes ont accepté, sans aucune difficulté, l’exigence du chef terroriste, Iyad Ag Ghali, pour la libération de Mimi Ould Baba, présumé être le commanditaire de l’attaque à Ouagadougou de l’hôtel Splendid et de la plage de Grand Bassam. Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire rumineraient leur frustration pour n’avoir pas été consultés pour une telle libération. On devine que les Etats-Unis d’Amérique pourront avoir le même sentiment, eux qui demandaient l’extradition de Mimi Ould Baba chez eux, où il est poursuivi notamment pour l’assassinat d’un citoyen américain, Michael Riddering, lors de l’attaque de l’hôtel Splendid. La justice américaine le poursuit pour avoir «joué un rôle central dans les attentats visant le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire en 2016».
On peut craindre que les jihadistes libérés vont reprendre du service et poursuivre leurs forfaits. Et le plus inquiétant est qu’ils ont reçu, cerise sur le gâteau, de fortes sommes d’argent ! Tout Bamako sait que la libération des otages a été rendue possible, grâce à l’acceptation du versement d’une rançon de plus de 15 millions d’euros. De quoi requinquer, ragaillardir des hordes de terroristes !
Journal du Mali