Le choc des atrocités du massacre d’Ogossagou ne s’est pas encore estompé. Mais l’on signale déjà de nouvelles attaques qui ont visé cette fois-ci la communauté dogon, celle-là même dont une milice d’autodéfense apparentée est pointée du doigt dans l’attaque samedi dernier du village peul qui a coûté la vie à 160 personnes dans le cercle de Bankass, situé dans la région de Mopti, au centre du Mali.
Six Dogons tués dans deux attaques
Dans la même région, six personnes ont perdu la vie, ce mardi 26 mars, dans l’attaque de deux villages dogon. La première attaque est signalée dans le village d’Ouadou, dans lequel des assaillants armés ont incendié des maisons et volé du bétail, causant la mort de quatre personnes, selon un bilan préliminaire cité dans un communiqué de la mission des Nations Unies au Mali (Minusma).
Le même jour, le village de Kere-Kere, dans le cercle de Bankass, a aussi été la cible d’une attaque qui a fait deux morts et une blessée. Ce qui porte à six, le nombre de personnes mortes dans deux attaques distinctes visant la même communauté.
«Les violences répétées commises dans le Centre du Mali sont extrêmement graves. Je condamne fermement ces crimes et appelle toutes les parties concernées à s’abstenir de recourir à la violence. La Minusma est en contact étroit avec les autorités maliennes et apportera tout le soutien nécessaire […] Il est primordial que ceux qui ont participé ou contribué à ces exactions fassent l’objet d’une enquête et de poursuites. Cette spirale de la violence doit cesser immédiatement», a réagi Mahamat Saleh Annadif, Représentant spécial du Secrétaire général au Mali et chef de la Minusma.
Une spirale de violences communautaires à stopper
Même si le bureau des droits de l’ONU basé à Genève appuie l’enquête sur les violences dans le centre du pays, les autorités maliennes se gardent bien de communiquer sur l’identité des assaillants contre ces communautés dogons visées.
Une situation qui risque de déclencher une flambée de violences intercommunautaires entre les Peuls-éleveurs d’un côté et les Bambaras et Dogons agriculteurs de l’autre. Des violences exacerbées depuis l’apparition de la Katiba Macina, un groupe jihadiste du prédicateur peul Amadou Kouffa.
La simultanéité des attaques en pays dogon avec le massacre du village d’Ogossagou fait monter la tension d’un cran. Malgré les appels au calme des institutions internationales et les mesures gouvernementales, l’interprétation de ces dernières attaques comme une «vendetta communautaire» des Peuls contre les Dogons en représailles après le massacre d’Ogossagou, pourrait créer un regain de crise. La région qui a déjà enregistré plus de 500 victimes civiles dans des affrontements intercommunautaires selon l’ONU risque de sombrer dans une spirale de violence que la Minusma appelle à stopper.
La Tribune Afrique