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MALI POST-CRISE : A la croisée des chemins !

Si l’Etat malien doit cibler ses priorités, certains de ses partenaires comme la France et la Mission de l’Onu au Mali (Minusma) doivent aussi changer leur fusil d’épaule.

Mahamat Saleh Annadif Representant Special Secrétaire General onu minusma soldat armee

Les effets de la crise multidimensionnelle du Mali sont toujours perceptibles. La raison commanderait que tous les acteurs, tant nationaux qu’internationaux, fassent leur autocritique pour mieux affronter  les challenges du Mali post-crise. Un exercice qui doit se faire sans complaisance et avec comme ultime objectif de relancer le « bateau Mali » après plusieurs années d’arrêt. Les rencontres sur le Mali se multiplient à l’intérieur et à l’extérieur du pays, mais peu parmi elles se focalisent sur les raisons de la faillite de l’Etat. L’identification des causes de l’effondrement de l’Etat est tellement importante qu’elle aiderait à tracer la voie pour un avenir serein. Chacun tirerait les leçons du passé et saurait dorénavant jouer son rôle dans un contexte bien défini. Mais, aujourd’hui, l’on a l’impression que les autorités maliennes et leurs partenaires étrangers nagent dans le vide, sans que l’on ne sache où ils veulent aller et les moyens qu’ils comptent se donner afin de réaliser leurs ambitions. A son niveau, chacun doit revoir son plan d’actions en l’adaptant aux réalités du moment. Un réajustement d’autant plus nécessaire que les mêmes procédés continueront de produire des résultats en deçà des attentes.

La France est l’un des partenaires clés du Mali qui devra revoir ses plans. Avec le déclenchement de l’opération Serval  le 11 janvier 2013, l’ex-puissance coloniale s’est retrouvée au cœur de la crise politico-sécuritaire de notre pays. Apres avoir débarrassé le septentrion malien du joug d’islamistes, qui avaient aussi des visées sur le sud du pays, la France a mélangé les pédales. Du rang de « sauveur » adulé, elle s’est retrouvée de nos jours à celui de « complice » des mouvements sécessionnistes du Nord-Mali, tant les incohérences françaises se sont multipliées. Entre temps, l’opération Serval a été remplacée par Barkhane, le traité de défense entre le Mali et la France a été signé, tout comme l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Quel rôle joue donc la France au Mali actuel? Il est difficile de répondre à cette question car très peu d’observateurs disent comprendre la politique de l’autruche de la France au Mali.

Désapprobation

Barkhane est censé renforcer la sécurité au Sahel et pourchasser les terroristes alors que les soldats de cette mission cohabitent dans le Nord-Mali avec les narco-djihadistes qui pullulent les rangs de groupes séparatistes comme le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Cette cacophonie est aussi valable pour l’accord de défense entre les deux nations. Depuis sa signature en 2014, ce deal est resté sans effet. Et du côté de Bamako, aucune autorité n’a osé lever le petit doigt pour éclaircir la lanterne de citoyens médusés par un accord jugé trop suspect. Même la toute récente visite présidentielle à Paris n’a pas pu permettre de voir clair dans l’application de cet accord de défense. Par contre, les autorités françaises ont promis au président IBK d’assister dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation. Une promesse vaine quand on sait que le processus est bloqué depuis plusieurs semaines alors que Paris peut bien faire plier les ex-rebelles.

Dans le même ordre d’idées, la Mission de l’Onu au Mali (Minusma) est très décriée dans notre pays. La Minusma dont le mandat est axé sur des tâches prioritaires telles que la sécurité, la stabilisation et la protection des civils, l’appui au dialogue politique national et à la réconciliation nationale ainsi qu’à l’appui au rétablissement de l’autorité de l’Etat dans tout le pays, est un maillon essentiel de la remise du Mali sur orbite. Mais, la Minusma a laissé une impression mitigée chez les Maliens depuis son arrivée. Non seulement les autorités l’ont à plusieurs reprises accusée de partialité, mais les citoyens l’ont aussi critiquée d’être souvent dans des mauvais coups. Ce qui fait la mission onusienne ne jouit pas d’une bonne réputation au Mali. La thèse de « complot contre le Mali » revient le plus souvient dans les discours de ceux qui voient d’un mauvais œil la présence de la Minusma au Mali. Une tendance que le nouveau patron de la Minusma veut inverser. Mahamat Saleh Annadif souhaite redorer le blason terni de la mission tout en la réconciliant avec son environnement direct. L’ancien chef de la diplomatie rattrapera le temps perdu s’il met fin à la duplicité désormais ancrée dans les habitudes au sein de la mission et met tout sur le tapis. Il en a intérêt parce que la Minusma fait elle aussi les frais de la recrudescence de l’insécurité.

Au demeurant, l’Etat doit jouer le premier rôle. Cela passera par une feuille de route claire et la définition des priorités. Les partenaires étrangers peuvent aider, mais comme l’avait souligné l’ex-ambassadeur de l’Union européenne au Mali, Richard Zink, « les défis sont nombreux et ce sont les Maliens qui vont les relever ». Les partenaires sont seulement là pour« appuyer les efforts des Maliens », avait conclu M. Zink. Il appartient aux autorités maliennes de montrer la voie à suivre par les amis du Mali.

 

Ogopémo Ouologuem

 

Source: lesechos

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