Au niveau mondial, cette journée dédiée aux réfugiés a été célébrée pour la première fois le 20 juin 2001 lors du 50e anniversaire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés. Le thème retenu par l’ONU pour l’édition 2022 est : « chacun, partout, tout le temps, toute personne a droit à la sécurité ». A l’instar des autres pays, le Mali l’a célébrée, lundi 20 juin. Organisée à l’hôtel Azalaï de Bamako, cette cérémonie commémorative a donné lieu à des prestations artistiques des réfugiés, la remise symbolique de certificat de nationalité et des prix aux réfugiés.
Les représentants des différentes structures présentes ont saisi l’occasion pour attirer l’attention sur la nécessité de protéger les personnes contraintes de fuir leurs localités à la recherche de sécurité. C’est dans ce cadre que le président de l’Union des réfugiés du Mali, Patrice Mvuama, a plaidé pour la cause des réfugiés forcés auprès des décideurs. Au cours de son intervention, il a sollicité une sécurité alimentaire, documentaire, d’habitation, physique pour tous les réfugiés dans le besoin.
Actions entreprises
À sa suite, le Représentant du HCR, Mouhamed Touré, a exprimé la gratitude de son organisation au gouvernement et au peuple du Mali, notamment pour leur hospitalité légendaire à l’égard des milliers de personnes réfugiées et demandeurs d’asile. Dont certains depuis plus de trois décennies. Parmi les actions entreprises par le HCR [Haut commissariat pour les réfugiés] en vertu de son mandat, l’on peut noter l’aménagement en cours de grandes surfaces dans les régions de Gao, Ménaka, Tombouctou et Mopti, pour accueillir les personnes déplacées de force.
« Ces sites d’une superficie de 10 hectares par site et en cours de réalisation offriront aux réfugiés et aux personnes déplacées internes des conditions de vie dignes, à travers des abris durables, des infrastructures hydrauliques, sanitaires et scolaires », estime-t-il. Selon ses dires, outre l’accès aux services sociaux de base, les bénéficiaires pourront y exercer des activités génératrices de revenus leur permettant de subvenir à leurs besoins et faciliter leur inclusion socioéconomique.
Autre action notable menée par le HCR : des initiatives numériques récemment mises en place pour permettre aux déracinés d’avoir une communication fluide et constante avec l’organisation afin de recevoir des réponses rapides à leurs besoins. Ces initiatives concernent entre autres l’ouverture d’une ligne téléphonique gratuite, la mise en place d’un projet pilote « un ménage, un téléphone » et l’ouverture des espaces vidéo directs communautaires, dotés de connexion internet.
Des chiffres
Le Coordinateur humanitaire Alain Noudéhou, aussi représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’ONU au Mali, s’est également prononcé sur le cas des réfugiés. Selon lui, compte tenu de la crise actuelle à l’échelle mondiale, le nombre des déplacements forcés en 2022 a atteint un chiffre record de « 100 millions de personnes » à travers le monde. Il poursuit son intervention en indiquant que les femmes et les enfants, les plus exposés aux violences et représentant l’écrasante majorité des personnes déplacées, ont droit à la « protection collective ».
Pour sa part, le ministre malien de la Justice et des droits de l’homme, Gardes des Sceaux, Mahamadou Kassogué, a évoqué l’engagement du gouvernement malien à « poursuivre ses efforts en vue d’offrir protection et assistance aux réfugiés de différentes nationalités » ayant choisi le Mali comme pays d’asile.
« À la date d’aujourd’hui, le Mali a accueilli environ 70 000 réfugiés sur son territoire, principalement dans les régions de Gao, Ménaka, Tombouctou et Kayes », a indiqué le premier responsable du département malien de la Justice. Ce chiffre, ajoute-t-il, risque de connaître une augmentation tant que la situation sécuritaire dans la sous-région reste précaire. Au nom du gouvernement, le ministre Kassogué a salué les efforts du HCR et ses partenaires. Lesquels efforts ont abouti au « rapatriement volontaire dans la sécurité et la dignité de plus de 84 000 réfugiés maliens et le retour d’environ 685 000 [personnes] déplacé(e)s internes [PDI] ».
« Les personnes ayant fui la guerre ou les persécutions doivent avoir la possibilité de se soigner, de se former, de travailler et de s’épanouir conformément à la Convention de Genève relative au statut des réfugiés et au Pacte mondial sur les réfugiés. », a plaidé le représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’ONU au Mali, Alain Noudéhou. Avant de remercier les acteurs engagés dans la cause des réfugiés dans le pays, notamment le HCR pour le soutien constant au gouvernement malien dans la réponse aux besoins des réfugiés et des demandeurs d’asile.
Cheickna Coulibaly