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Mali – Mahamadou Camara : « IBK incarne l’honneur du Mali »

ENTRETIEN. Au cœur de la campagne du président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, son porte-parole livre au Point Afrique la vision du candidat pour ce second tour.
PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER DUBOIS, À BAMAKO

Le Point Afrique : Quel regard portez-vous sur le premier tour de ces élections et sur la campagne ?

Mahamadou Camara : Un regard positif. Vous savez, beaucoup avaient parié sur la non-tenue de cette élection à cette date-là, compte tenu de la situation qui prévaut dans certaines parties du pays. Mais le Mali a prouvé aux yeux du monde qu’il peut relever tous les défis quand il s’agit de consolider notre démocratie, et d’aller plus loin dans le développement économique et social de nos populations.Quant à nous, notre candidat, Ibrahim Boubacar Keïta, il a conduit une campagne exaltante, à travers tout le pays, dans toutes les régions et à l’extérieur, au contact direct des Maliens. L’objectif était pour lui de présenter son bilan, qui est positif, et d’expliquer le projet pour le mandat à venir, qui est de consolider les acquis, amplifier les réussites, et corriger les manques. Les Maliens semblent l’avoir entendu.

18 candidats de l’opposition ont dénoncé de multiples irrégularités et Fraudes, pointées aussi par le rapport de la MOE. De nombreux recours ont été déposés à la Cour constitutionnelle, mais ont été, pour la plupart, « jugés irrecevables », car adressés après la période légale d’envoi. Seulement 3 millions de Maliens sont allés voter sur 8 millions d’électeurs, 245 000 n’ont pu s’exprimer dans 871 bureaux fermés. Dans ces conditions, ne trouvez-vous pas que le candidat qui l’emportera n’aura pas l’entière légitimité du peuple et sera en quelque sorte mal-élu ?

Vous le savez comme moi, aucune élection n’est parfaite, et dans tout pays, le processus démocratique est long et fastidieux. Au Mali, nous n’en sommes qu’à notre 26e année, mais ce que nous avons réussi à faire est déjà beaucoup. Nous continuerons à parfaire notre démocratie, ce qui n’enlève rien à la légitimité de nos élus. Pour ce qui est des irrégularités, l’ensemble des observateurs, nationaux, comme internationaux, à l’unanimité, a considéré que l’élection avait été transparente et crédible. Par conséquent, je m’oppose en faux contre les accusations de fraude, qui émanent malheureusement de ceux qui n’ayant pas eu les faveurs des urnes, voudraient accéder au pouvoir par des moyens dévoyés. Mais les Maliens ne sont pas dupes, ils ne tomberont pas dans le piège de ceux qui leur promettent chaos et déstabilisation. Notre pays revient de loin, il n’a pas besoin de cela.

Le ministre Ag Erlaf a refusé de publier les résultats du 1er tour, bureau de vote par bureau de vote, parce que la loi malienne ne l’impose pas. Puis, après la validation des scores par la Cour constitutionnelle, il y a eu un revirement et ils ont finalement été publiés. Pour quelle raison ?

Cette question mérite d’être posée directement au ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Cela dit, vous noterez que c’est le processus électoral le plus transparent de toute l’histoire démocratique du Mali. Toutes les demandes de l’opposition ont été acceptées : nouvelle loi électorale, fichier audité, nouvelles cartes d’électeur, présence d’observateurs nationaux et internationaux au niveau de la centralisation des votes, et publication des résultats de chaque bureau de vote. Je précise que pour ce dernier point, la loi électorale ne le prévoit pas.

Le second tour de l’élection présidentielle est fixé pour le 12 août. En seulement deux jours, pensez-vous pouvoir convaincre encore plus de Maliens à voter pour votre candidat ?

Oui, car la campagne du premier tour nous a permis déjà de toucher tous les Maliens. Ils connaissent notre bilan, ils ont compris notre projet. Pendant ces deux jours, nous ferons tout pour convaincre ceux qui doutent encore, en portant le message de notre candidat, et lui même se déploiera sur le terrain. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de lancer un appel à mes compatriotes, au nom du candidat Ibrahim Boubacar Keïta, pour sortir massivement voter le dimanche 12 août, en amplifiant le score du premier tour, pour lui donner une victoire éclatante.

Plus de 245 000 électeurs, répartis dans 871 bureaux, n’ont pu exercer leur droit de vote. Quelles mesures concrètes vont être prises pour leur permettre de se rendre aux urnes ? Et comment comptez-vous empêcher les irrégularités comme les bourrages d’urnes pointés par l’opposition ?

Sur la question des allégations de fraude, je me suis déjà exprimé, mais je rappelle quand même que toutes les exigences de l’opposition ont été acceptées pour créer un climat de confiance. Elle a ses représentants à tous les niveaux du processus électoral et crie malgré tout à la fraude et au bourrage des urnes, sans même en apporter la preuve. Cherchez l’erreur…
Quant aux citoyens qui n’ont pu exercer leur devoir civique, nous le regrettons sincèrement. Cela dit, je sais que tout est mis en œuvre par le Gouvernement pour prendre toutes les dispositions pour la bonne tenue du scrutin lors du second tour.

À 3 jours du second scrutin, les candidats non qualifiés pour le second tour vont devoir donner leurs consignes de vote, la seule candidate féminine, Mme Ndiaye, vous a déjà rejoints. Quels autres candidats vont rallier votre camp ?

À ce jour nous avons été rejoints par Mme Djeneba N’Diaye, mais aussi Modibo Koné, Housseyni Amion Guindo, Harouna Sankaré, Yeah Samaké, Mamadou Oumar Sidibé. D’autres annonceront bientôt leur ralliement, mais le plus important ce sont les militants de tous les candidats qui viennent nous voir et sont déjà intégrés dans notre dispositif de campagne. Je pense en particulier à ceux qui sont arrivés 3e et 4e. Visiblement, ceux qui ne nous ont pas ralliés ne sont pas suivis par leur base. Notez que dans l’autre camp, aucun ralliement n’a été annoncé. Le front uni de l’opposition n’a pas existé avant le premier tour, et il n’existe toujours pas.

Quels enseignements tirez-vous du bilan du projet de société du président IBK qui malgré tout n’a pas comblé les attentes de nombre de Maliens ?

Vous savez on ne le rappellera jamais assez, le président IBK est arrivé au pouvoir dans un contexte exceptionnellement difficile pour le pays. Il a fallu à un moment donné mettre entre parenthèses certains sujets importants pour se consacrer entièrement à d’autres, encore plus prioritaires, comme le retour de la paix et de la cohésion sociale, la mise à niveau de notre outil de défense – l’armée est aujourd’hui mieux formée et mieux équipée – et la relance de l’économie, avec un taux de croissance moyen de 5 % ces cinq dernières années. Pour tous ces sujets, je crois que nul ne peut contester que beaucoup a été fait, même si le chantier reste encore vaste, notamment sur la question de la sécurité et de l’amélioration de la gouvernance. C’est justement ce que nous proposons pour le second mandat : aller plus loin encore. Au niveau des infrastructures, le Mali est en chantier, notre agriculture a connu un boom spectaculaire, les femmes sont mieux représentées dans la vie publique grâce à la loi genre, le pouvoir d’achat a progressé grâce aux hausses des salaires des fonctionnaires et du smic. La liste est encore longue… Honnêtement, nous sommes fiers de ce bilan, et au vu des résultats du premier tour, les Maliens semblent aussi l’avoir jugé positivement.

Les Maliens vont devoir se prononcer pour la « continuité » avec le projet de société du président-candidat ou le « changement » porté par le chef de file de l’opposition Soumaila Cissé, alors que globalement leurs programmes sont assez semblables. Qu’est-ce qui entre ces deux candidats peut faire la différence selon vous ? Et au fond, au-delà des projets respectifs de ces candidats, qui ont été un peu mis en arrière-plan durant la campagne, n’est-ce pas plutôt pour celui qui l’incarnera que les Maliens se prononceront ?

Le candidat IBK incarne l’honneur du Mali. Il a une vision d’un Mali rassemblé, dans lequel chaque citoyen trouve sa place, partout sur le territoire. D’autres sont dans une logique de clivage, d’affrontement et de vengeance. Je crois que les Maliens sauront faire le bon choix dans les urnes.

La sécurité, le retour à la paix et le développement sont des demandes fortes de la majorité des Maliens alors que ces 5 dernières années la situation sécuritaire s’est fortement dégradée, que l’accord de paix a pris un retard considérable et que malgré le bon taux de croissance, ce dernier n’est pas inclusif et ne bénéficie pas à nombre de citoyens maliens. Quelles seront les premières mesures fermes que prendra Ibrahim Boubacar Keïta dans les 100 jours, s’il était réélu au pouvoir ?

Je pense que certaines réformes fortes sont déjà en cours, il s’agira de poursuivre ce qui a été entamé et de consolider les acquis dans un premier temps. La poursuite de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation est une priorité. Il a été inclusif, puisque tous les groupes l’ont signé. Et reconnaissez qu’il a déjà commencé à porter ses fruits. Il n’y a aujourd’hui plus de belligérance entre groupes armés et FAMAs. Au contraire, nous sommes désormais tous unis contre ce fléau mondial qu’est le terrorisme, et qui touche particulièrement notre région.

Êtes-vous convaincu de la victoire de votre candidat pour ce deuxième tour ? Et comment votre camp réagira-t-il si Soumaila Cissé l’emporte lors de ce second scrutin ?

Nous sommes très confiants, compte tenu de notre score du premier tour, des ralliements officiels et ceux qui se font discrètement, mais aussi au vu de ce qu’incarne IBK dans ce pays. Il a fait une campagne digne et responsable, alors que d’autres ont passé leur temps à dénigrer, insulter, calomnier et crier à la fraude imaginaire, au lieu de faire campagne. Ce n’est pas comme cela que l’on gagne une campagne. Quant à l’acceptation des résultats, notre Candidat l’a toujours dit et répété, nous respecterons les résultats des urnes, quels qu’ils soient. Nous demandons à ce qu’il en soit autant pour tout le monde.

Craignez-vous, comme certains l’ont maintes fois évoqué, une crise postélectorale à la suite des résultats du second tour ?

Je ne pense pas que des responsables appelés à diriger un jour le pays auront à gagner à créer une crise postélectorale. J’en appelle donc aux politiques, aux activistes, aux journalistes et autres acteurs de la vie publique du Mali pour qu’ils œuvrent dans le sens de la stabilité au Mali. Chacun doit appeler au calme et à la sérénité. Aujourd’hui, l’Afrique, le monde et nos propres enfants nous regardent. Nous devons tous être à la hauteur.

lepoint.fr

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