La crise prolongée opposant Barrick Gold au gouvernement malien continue d’ébranler le secteur minier national, avec des conséquences dramatiques pour les entreprises sous-traitantes opérant autour du complexe Loulo-Gounkoto.
Depuis la saisie de trois tonnes d’or en janvier dernier, le site est à l’arrêt. Bamako reproche au groupe canadien de ne pas s’être acquitté de ses obligations fiscales et a intensifié sa pression début avril en fermant le bureau de Barrick à Bamako. L’exécutif menace désormais de reprendre le contrôle du complexe, qualifié de « patrimoine stratégique ».
En attendant une issue, les sous-traitants paient un lourd tribut. BLY Mali, filiale de Boart Longyear, a annoncé sa liquidation après la suspension de son contrat par Barrick le 25 janvier, supprimant 98 emplois. La société ETASI, spécialisée dans la location d’équipements lourds, a mis 68 salariés au chômage technique, tandis qu’ATC, acteur de la construction métallique, a réduit ses effectifs de 45 à 4 avant de cesser ses activités. MAXAM, fournisseur d’explosifs, a suspendu ses opérations, affectant près de 120 travailleurs. SGS, basée à Genève, bénéficie d’un sursis de trois mois, sans garantie de renouvellement.
Près de 400 emplois directs sont ainsi supprimés ou suspendus, avec un impact en chaîne sur de nombreuses petites entreprises locales. Ce blocage mine profondément une économie déjà fragilisée, dans un pays où l’or représente plus de 70 % des exportations.
En 2024, la production industrielle d’or a chuté de 23 %, passant de 66,5 tonnes à 51,7 tonnes, même si les recettes fiscales du secteur ont bondi à 835 milliards de francs CFA (1,4 milliard de dollars) sous l’effet du nouveau code minier de 2023.
Un accord de principe, signé en février et portant sur un paiement de 438 millions de dollars par Barrick, tarde toujours à être entériné par les autorités. En attendant, la menace d’une expropriation plane, et dans les villages miniers, la précarité s’installe.
MD/ac/Sf/APA