« Musulman du Mali, merci. Avec 77% de voix lors de la présidentielle, la majorité des musulmans a souhaité que je sois-là. Je resterais qui je suis. Dès que la date de la visite d’Etat au Sénégal est annoncée, je ne pouvais pas changer d’agenda c’est pour cela que j’ai souhaité si cela n’était pas un crime d’assister à ce congrès car je sais l’intérêt du Haut conseil islamique du Mali. Notre pays a de la chance. Ce n’est pas un pays de néophytes, c’est un pays d’hommes de savoir. Notre pays peut tanguer, mais il ne chavirera jamais. Inch’Allah, avec les croyants du Mali, nous saurons relever les défis », a déclaré le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta en avril 2014. Qu’en est-il en 2019 ?
Le divorce étant consommé entre le locataire du palais de Sébénikoro et le grand Chérif de Nioro, la question est de savoir si les attentes des « religieux » pouvaient être comblés par le candidat Soumaïla Cissé. En guise de rappel, Soumeylou Boubèye Maïga, Soumaïla Cissé, Ibrahim Boubacar Keita,… ne sont-ils pas les poulains de la même écurie : l’Adema Association ? Aucun de ces hommes politiques n’a quitté le Parti Africain pour la Solidarité et la Justice parce que cette formation politique a trahi les intérêts du Mali ? Chacun a créé son parti parce que son ambition politique personnelle ne pouvait plus être satisfaite au sein de la matrice Adema. Qui ne se rappelle pas encore de la guerre de positionnement dans la ruche entre ces trois hommes politiques lors du choix du candidat des abeilles à la veille de la présidentielle de 2002 ? Les « religieux » doivent comprendre que nous sommes en train de vivre le « remake » de cette guerre de positionnement en vue de la présidentielle de 2023. Puisque tout le monde semble unanime que les hommes politiques ont échoué. Si tel est vraiment le cas, pourquoi nous n’avons pas demandé à ces politiques lors de présidentielle de 2018 de s’aligner derrière un candidat religieux afin que nous puissions sortir de la crise politico-sécuritaire et de mal gouvernance? Si les “croyants” maliens sont intéressés par l’exercice du pouvoir politique, c’est le moment pour Mahmoud Dicko et ses soutiens de se défaire de leur carapace religieuse pour se positionner en vrai leader politique dans la conquête du fauteuil présidentiel en 2023. Si IBK n’a pas honoré ses engagements en 2013, ce n’est pas Soumaïla Cissé qui allait honorer les tiens en 2018 car comme on le dit : « les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient ».Le combat que les leaders religieux devront entreprendre aujourd’hui c’est d’adapter les principes de la démocratie représentative et de l’économie de marché aux préceptes de la religion musulmane. Notre problème n’est pas lié au fait que nous n’avons pas d’institutions crédibles, mais c’est parce que nos institutions ne sont pas conçues pour servir l’intérêt de l’Islam. En mars 1991, nous avons conquis dans le sang le pouvoir de glisser notre bulletin dans l’urne pour le candidat de notre choix ou de se porter candidat soi-même à une élection dans le cadre du multipartisme. Après trente ans, ce pouvoir a-t-il été suffisant pour donner le bonheur à toutes les Maliennes et à tous les Maliens ?
Sambou Sissoko
Source: Le Démocrate