Le pouvoir actuel malien « n’est pas à la hauteur des enjeux », a estimé lundi le président de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale française, Jean-Jacques Bridey, au lendemain d’une attaque contre des soldats français de l’opération Barkhane à Gao.
« Je pense le pouvoir actuel n’est pas à la hauteur des enjeux et de la gravité de la situation. Il faut ouvrir les yeux », a déclaré le député du parti présidentiel La République en marche sur la radio RFI.
« Il n’y a pas assez d’actions fortes de la part du pouvoir » du président Ibrahim Boubacar Keïta, a-t-il insisté, à quelques semaines de l’élection présidentielle du 29 juillet au Mali.
Quatre soldats français de la force Barkhane ont été blessés dimanche selon l’état-major français des armées. D’après les autorités maliennes, l’attaque a fait quatre morts et 23 blessés parmi des civils.
Un attentat a également frappé vendredi le QG de la force à Sévaré, et fait trois morts, dont deux militaires maliens. Deux des assaillants sont également morts, dont un kamikaze à bord d’une voiture piégée. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, a revendiqué l’attentat.
Le président Keïta a promis samedi de « traquer les terroristes jusque dans leurs derniers retranchements ».
Le président français Emmanuel Macron sera quant à lui de lundi à mercredi en Afrique, d’abord en Mauritanie pour participer au sommet de l’Union africaine (UA), puis au Nigeria. En marge du sommet de l’UA, M. Macron doit rencontrer à Nouakchott ses homologues du G5 Sahel, une organisation régionale regroupant le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la Mauritanie et le Tchad qui ont formé une force régionale anti-jihadistes.
« Il y a beaucoup de pays qui sont au côté du Mali, au côté de la population malienne, pour sortir de cette instabilité sécuritaire, mais il faut aussi qu’il y ait une visibilité dans la situation politique et aujourd’hui ce n’est pas le cas », a jugé M. Bridey.
« Nous sommes à quatre semaines d’élections présidentielle (au Mali, NDLR), on ne sait toujours pas si ce scrutin pourra se tenir », a regretté le député. « Nous souhaitons qu’il se tienne, (mais) il y a des retards dans l’acheminement des cartes électeurs, il y a un flou complet là-dessus. J’ai l’impression qu’il n’y a pas une véritable volonté de tenir ces élections présidentielles de la part du pouvoir malien », a-t-il dénoncé.