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Mali : le gouvernement de transition enfin en place !

DÉSIGNATION. Dans l’attelage gouvernemental dirigé par Moctar Ouane sous l’autorité du président Bah N’daw, les militaires trustent quatre portefeuilles régaliens stratégiques.

Un peu plus d’une semaine après la désignation par le président de transition, Bah Ndaw, un colonel à la retraite, d’un ancien ministre des Affaires étrangères, Moctar Ouane, comme Premier ministre, le Mali entre de plein pied dans la transition. Les deux dirigeants intérimaires ont co-signé un décret actant la nomination d’un gouvernement de 25 membres. Le précédent avait été dissout, le 19 août dernier, suite à la démission d’Ibrahim Boubacar Keïta. En place depuis 2013, le régime du président Keïta était affaibli par des mois de contestation face à son incapacité à juguler les violences djihadistes et intercommunautaires ou à résoudre la grave crise économique et institutionnelle dans laquelle s’enfonce inexorablement le pays.

L’annonce de la désignation de ce nouveau gouvernement a été faite ce lundi 5 octobre en direct à la télévision publique, ORTM, par le secrétaire général de la présidence, Sékou Traoré.

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Des militaires à des postes régaliens stratégiques…

Premier constat : les militaires ont préempté pas moins de quatre portefeuilles stratégiques. Il s’agit de la Défense, la Sécurité, la Réconciliation nationale et l’Administration territoriale. Parmi les militaires qui entrent au gouvernement, on retient la personnalité du colonel Sadio Camara, un des dirigeants de l’ex-junte. Il devient ministre de la Défense. Il a notamment été directeur du Prytanée militaire de Kati, en périphérie de Bamako, où est situé le camp militaire d’où est parti le coup d’Etat. Un autre chef de l’ex-junte, le colonel Modibo Koné, décroche le ministère de la Sécurité et de la Protection civile. Le porte-parole de l’ex-junte, le colonel-major Ismaël Wagué, qui avait annoncé en pleine nuit à la télévision la prise du pouvoir par l’armée, obtient le portefeuille de la Réconciliation nationale. Un autre militaire, le colonel Abdoulaye Maïga, prend la tête de l’Administration territoriale.

… accompagnent des personnalités reconnues

Deux figures de l’ancien régime obtiennent des ministères régaliens, l’ancien procureur Mohamed Sidda Dicko est nommé à la Justice et l’ancien ambassadeur Zeïni Moulaye aux Affaires étrangères. Les groupes signataires de l’accord de paix de 2015 sont également représentés dans ce gouvernement de transition. L’ex-rébellion à dominante touareg du Nord s’adjuge l’Agriculture et la Pêche, ainsi que la Jeunesse et les Sports. Les ex-groupes armés pro-Bamako trustent les ministères des Maliens de l’Extérieur et du Travail ainsi que la fonction de porte-parole du gouvernement.

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La classe politique traditionnelle “oubliée”

En revanche, le M5, mouvement de contestation qui a participé à la chute de l’ancien régime et qui revendiquait selon les dernières tractations une place égale à celle des militaires dans la transition devra se contenter de trois maroquins. À noter, l’entrée dans ce nouveau gouvernement de proches de l’imam Dicko, l’autorité morale du M5. C’est aussi le cas de Mohamed Salia Touré nommé ministre de l’emploi.

En fait, les nouveaux dirigeants maliens ont fait le choix de tourner le dos à une bonne partie de l’ancien personnel politique. Faut-il pour autant hurler à la révolution dévoyée, voire au putsch en trompe-l’oeil ? Pour l’instant les Maliens observent et prennent le temps de comprendre les actes posés par l’ex-junte qui a précipité le départ du président IBK, lors d’un putsch réalisé officiellement sans effusion de sang. Quoiqu’il en soit, depuis le début, les militaires se sont engagés à rendre le pouvoir à des dirigeants civils élus au terme d’une période de transition d’une durée maximale de 18 mois. Il convient donc de voir la suite du déroulement de la transition.

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Les Malien(ne)s réagissent…

A lire les premières réactions des internautes, les Maliens fondent beaucoup d’espoirs sur les hommes et les femmes choisis pour intégrer ce gouvernement de transition. Même si les premières impatiences se font entendre. « Du coup ceux qui étaient dans le gouvernement au moment du putsch, mais qui reviennent dans la transition par la fenêtre, on les appelle comment ? », interroge un internaute malien. « La refondation du Mali ne peut se faire sur des incongruités : les militaires n’ont rien à faire dans un gouvernement. Leurs places sont connues en démocratie dans la République. Même l’Arabie Saoudite n’a pas de ministre militaire », dénonce un autre, toujours sur la toile. Mais le principal fait qui fait grincer les dents de bon nombre de Maliennes et Maliens est le faible nombre de femmes présentes dans ce nouveau gouvernement. Elles ne sont que quatre. Parmi elles, il y a Kadiatou Konaré, la fille de l’ancien président Alpha Oumar Konaré. Elle prend la tête du ministère de la Culture. « Il faut noter que ce gouvernement de transition n’a pas respecté la loi 052 qui accorde 30 % des postes électifs et nominatifs aux femmes », indique la radio Studio Tamani.

… en attendant la levée des sanctions de la Cédéao

Au-delà de ces premières réactions, la formation de ce gouvernement devrait permettre au Mali de se rapprocher d’une levée des sanctions imposées deux jours après le putsch par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). La junte avait déjà fait une concession importante aux exigences de la Cédéao en renonçant à ce que son chef, le colonel Assimi Goïta, vice-président de transition, puisse remplacer le président Bah N’daw en cas d’empêchement.

Après de nombreux appels à la publication de la version définitive de la “charte de la transition” adoptée le 12 septembre par l’ex-junte, le document a été publié officiellement le 1er octobre. Conformément à la volonté de la Cédéao, il n’y est pas question pour le vice-président, “chargé des questions de défense et de sécurité”, de la possibilité de remplacer le président. La charte assigne pour objectif à la transition le rétablissement de la sécurité sur tout le territoire, dont les deux tiers échappent au contrôle du pouvoir central, “le redressement de l’Etat” et l’organisation d’élections générales.

Toutes les exigences des pays voisins ne sont pourtant pas encore satisfaites, notamment la dissolution formelle de l’ex-junte et la libération des personnalités civiles et militaires arrêtées lors du putsch et toujours détenues.

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