En réunion le 12 mai dans un hôtel de la place, la direction de campagne de l’Alliance pour la solidarité au Mali-Convergence des Forces Patriotiques (ASMA-CFP) a tiré le bilan de sa participation aux élections législatives dont le second tour s’est déroulé le 19 avril dernier.
Dans un communiqué daté du lundi 18 mai, la direction de campagne du parti dirigé par l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, critique vertement les décisions rendues par la Cour constitutionnelle.
L’Alliance pour la solidarité au Mali-Convergence des forces patriotiques (ASMA-CFP) ne digère toujours pas les résultats des élections législatives. Dans son viseur la Cour constitutionnelle, accusée de se dresser contre le parti. « Toutes les décisions rendues par la Cour Constitutionnelle (…) ont particulièrement visé notre Parti comme si l’objectif recherché était de l’affaiblir voire de l’anéantir », relève la formation de l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, dans un communiqué.
Le parti du Tigre s’était donné pour ambition d’être au moins la 2e force politique du pays au sortir des élections législatives de 2020. Le parti, qui avait obtenu 08 députés selon les résultats proclamés par le ministre de l’Administration territoriale, se retrouve avec 04 députés après l’arrêt de la Cour constitutionnelle. Ce qui a du mal à passer chez les partisans du Tigre de Badalabougou.
Ainsi, l’ASMA-CFP reproche à la Cour constitutionnelle d’avoir invalidé les résultats de toute une commune dans la circonscription électorale de Djenné, sur la base de simples affirmations et d’accusations non étayées mais aussi et surtout d’avoir modifié les résultats proclamés à Kati et Sikasso qui étaient en leur faveur lui et ses alliés.
Le parti du Tigre de Badalabougou accuse la Haute juridiction d’avoir validé et proclamé les résultats dans des circonscriptions dans lesquelles les voix obtenues par ses adversaires ont été soit fabriquées soit modifiées comme à Youwarou, Ansongo, Nara et Douentza.
Autre grief, le manque d’impartialité de la Cour constitutionnelle. Selon l’ASMA-CFP, l’institution dirigée par Dame Manassa Danioko a refusé, sous le prétexte de l’importance des écarts, d’examiner les recours de ses candidats à Ségou (où des centres de vote ont été attaqués et saccagés), Macina (où des hommes armés ont menacé les électeurs), Nara (où il n’y a pas eu de vote dans certaines communes), Kidal (où la majorité des électeurs n’a pas pu voter pour le motif que tous les électeurs ont été invités à accomplir leur devoir dans le seul chef-lieu) et Kolokani.
Pourtant, souligne le parti, elle ne s’est pas privée d’examiner «en notre défaveur les recours de la liste concurrente à Sikasso où notre liste, après avoir gagné au premier tour, avait une avance de plus de onze mille (11.000) voix au second tour».
La Cour a enfin, selon l’ASMA-CFP, opposé une fin de non-recevoir à son recours en rectification des erreurs matérielles constatées dans son arrêt dans lequel malgré ses annulations massives, nous conservons 171 voix d’avance à Sikasso, avec le risque qu’à l’avenir des erreurs de calcul délibérées bénéficient désormais de l’autorité de la chose jugée.
Selon l’ASMA-CFP, les décisions de la Cour n’ont pas été sans conséquence. Elles ont, d’une part, privé les citoyens de leur droit pour des fautes présumées dans lesquelles ils ne sont nullement impliqués, et d’autre part, créé surtout une défiance envers le processus électoral et la Cour constitutionnelle qui est une pièce essentielle de l’Etat de droit.
Il faut dire que l’arrêt de la Cour constitutionnelle a provoqué des manifestations spontanées dans plusieurs localités, notamment à Bougouni, Sikasso, Kati et en commune I de Bamako pour ne citer que celles-ci. Des manifestations qui ont été très souvent émaillées de violences comme à Sikasso. Le parti PRVM-FASOKO avait même invité la classe politique à rejeter les résultats proclamés par la Cour dont il dénonçait «le caractère autoritaire et inique».
Pour terminer, la Direction de campagne engage la Direction du parti à entreprendre des réflexions et actions en vue de la relecture des textes encadrant le processus électoral ainsi que ceux relatifs aux compétences de la Cour constitutionnelle.
L’institution dirigée par Dame Manassa Danioko est au cœur de nombreuses controverses. Le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), le principal regroupement de partis politiques d’opposition, appelle dans un communiqué à la démission pure et simple des membres de la Cour constitutionnelle.
Abdoul Madjid Sanogo
Nouvelle Libération