Les préoccupations liées aux charges de la fête qui avance à grandes enjambées ont eu raison de la désobéissance civile, lancée par le mouvement politique du M5. Une scène transmise en directe sur les réseaux sociaux résume parfaitement ce propos. Hier mardi, à Badalabougou, un motocycliste bute sur un barrage de jeunes surexcités.
« Descends de la moto et pousse-la pour passer ! », ordonne d’un ton de caporal un manifestant. Ce que fit le passant sans broncher. « Vous devriez vous joindre à nous pour paralyser la ville. C’est la désobéissance civile ! », renchérit le jeune contestataire. Courtois, le passant, poussant sa moto de toutes ses forces au milieu des pierres entassées sur la route, ne lui répondît qu’après s’être éloigné de la barricade.
« Oui. Tout à fait. Avant de vous rejoindre, permettez-moi d’abord d’aller chercher mon prix de mouton au marché », leur dit-il. Et il ajoute : « Dès que le mouton et les habits de fête des enfants sont prêts, rassurez-vous que je vous rejoins… ». Il s’en est suivi un éclat de rires…
Au-delà du sens de l’humour quelque peu décalé, le passant fait preuve d’une grande objectivité. Les mécontents, sans s’en apercevoir, ont dû se laisser convaincre par cet argument en béton avancé par ce passant.
Les leaders du M5-RFP ne seront pas les derniers à se rendre à l’évidence. Ventre vide n’a point d’oreilles, les habitants de la capitale n’ont qu’une seule préoccupation : satisfaire les besoins liés à la grande fête.
En tête de liste de ceux-ci : le mouton qui se vend à prix d’or, les habits de fête des enfants et accessoirement pour les femmes. Sans oublier le prix de condiments qui doivent être revus à la hausse pour une journée spéciale.
L’un des leaders les plus présents dans les médias, Issa Kaou Djim est passé aux aveux sur les ondes d’une radio étrangère lundi. Il confirme à notre confrère que son mouvement a stratégiquement opté pour une trêve pour permettre aux Maliens de vaquer à leurs affaires en cette période de pré fête. L’argument ne vaut pas son pesant d’or.
Mais tant mieux !
A. CISSÉ
Source : L’ESSOR