Les militaires au pouvoir au Mali s’apprêtent à rencontrer les chefs d’État des pays voisins. Les présidents de la Cédéao se réunissent, ce mardi 15 septembre à Accra, au Ghana. L’organisation régionale avait donné à la junte jusqu’à cette date pour céder le pouvoir à un civil, mais les concertations nationales divergent de ces demandes.
Avec notre correspondant à Bamako, Serge Daniel, et notre envoyé spécial à Accra, Jean-Luc Aplogan
Le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, fait lui-même le déplacement, accompagné d’une délégation importante. C’est sa première sortie du territoire national depuis le coup d’État du 18 août dernier. Selon son entourage, ce déplacement est important : il n’est pas question d’aller affronter les présidents de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.
[Reportage]Que pensent les Bamakois des consultations?
À Accra, les militaires de Bamako ont d’abord l’intention d’écouter attentivement leurs interlocuteurs. Ensuite, ils reviendront sur les motivations du coup d’État – même s’ils n’apprécient pas trop cette expression – pour expliquer ce qui s’est passé le 18 août.
Selon le déroulé du sommet, ils auront 40 minutes pour convaincre. Ils devraient notamment présenter un schéma de la transition adopté le 12 septembre à Bamako, à savoir, 18 mois, un président civil ou militaire. Une source bien informée à Bamako renseigne que les putschistes présenteront un chronogramme bien rempli pour justifier une telle durée. Connaissant l’intransigeance de la Cédéao, la junte a élaboré, selon nos enquêtes, une feuille de route avec plusieurs options pour ne pas tout perdre à l’arrivée. Sur la question d’une éventuelle remise du pouvoir au civil, un interlocuteur plutôt proche de la junte explique : « Nous allons faire des propositions de sortie de crise. »
Les présidents Ouattara, Macky Sall, Issoufou, Buhari ou son représentant et d’autres sont annoncés. L’UA et la Minusma, deux institutions mandatées pour le suivi, ont fait le voyage.
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Par ailleurs, les résultats des journées de concertation qui se sont achevées ce week-end à Bamako sont contestés par le Mouvement du 5 juin qui a contribué à la chute de l’ancien président. Le M5 accuse la junte d’avoir « tripatouiller les résultats de la rencontre en sa faveur ». « Vous savez bien que pour d’autres participants, ça s’est bien passé, c’était un moment de démocratie », se défend le même interlocuteur tout en rajustant sa caquette.
Source: RFI