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Mali : La France «gravement préoccupée» par de possibles «exactions» de militaires maliens «accompagnés de mercenaires russes»

La France est «gravement préoccupée» par de possibles exactions commises au Mali par des soldats maliens accompagnés de mercenaires du groupe privé russe Wagner, a indiqué lundi 4 avril son

L’armée malienne a affirmé vendredi soir avoir tué «203 combattants» de «groupes armés terroristes» lors d’une opération dans une zone sahélienne du centre du Mali menée du 23 au 31 mars. Cette opération «de grande envergure», qui s’est tenue «dans la zone de Moura à 17 kilomètres au nord-est de Kouakjourou dans le cercle de Djenné», a permis d’abattre «203 combattants» de «groupes armés terroristes», selon son communiqué.

 

La France «préoccupée»

L’AFP n’était pas en mesure de vérifier le moindre bilan. Vendredi, l’état-major invitait «les populations à la retenue contre les spéculations diffamatoires à l’encontre» des forces armées maliennes. Mais les réactions internationales, de Washington à Paris en passant par l’Union européenne et les Nations unies, témoignent que cette version des faits est vivement contestée. La France s’est ainsi dite «préoccupée par les informations faisant état d’exactions massives dans le village de Moura par des éléments des forces armées maliennes accompagnées de mercenaires russes du groupe Wagner, et qui auraient causé la mort de centaines de civils», a indiqué un communiqué du Quai d’Orsay.

Elle «appelle à l’ouverture rapide d’enquêtes nationales et internationales pour établir les responsabilités de ces actes et traduire en justice leurs auteurs» et «s’inquiète de la multiplication des exactions au centre du Mali depuis le début de l’année 2022 et de l’impunité dans laquelle celles-ci se déroulent». La diplomatie française souligne enfin que «la lutte contre les groupes terroristes qui opèrent au Sahel ne saurait en aucun cas justifier des violations des droits de l’Homme» qui «ne font que renforcer ces groupes». Ces déclarations interviennent dans un contexte où la force française antidjihadiste Barkhane est en train de se retirer du Mali après des mois de détérioration de ses relations avec Bamako.

Des «témoignages troublants»

À Bruxelles, le haut-représentant de l’Union européenne Josep Borrell a jugé lui aussi «très préoccupantes» lundi les informations sur «la mort de centaines de personnes dans le village de Moura». «Il est essentiel que la Minusma (Mission de l’ONU) puisse avoir accès aux lieux des événements afin d’épauler les autorités de transition dans leur enquête», a-t-il ajouté. «Le comportement exemplaire de l’État et de ses forces de sécurité dont le mandat premier est de protéger les populations civiles ne peut souffrir d’aucune exception». «La lumière doit être faite sur les conditions des opérations antiterroristes ces dernières semaines au Mali», a renchéri le président du Conseil européen Charles Michel, qualifiant de «troublants» les «témoignages sur les décès de centaines de personnes».

Dès samedi, la Minusma avait pour sa part indiqué être «informée des confrontations» entre l’armée malienne et des groupes extrémistes et reconnu être «très préoccupée par les allégations de violences» contre des civils. Idem du côté du département d’État américain, qui avait jugé dimanche «extrêmement dérangeantes» ces allégations, en citant elle aussi la société Wagner. «Ces informations contradictoires illustrent le besoin urgent pour les autorités de transition malienne de donner un accès libre, sûr et sans entrave aux enquêteurs dans la zone où ces évènements tragiques se sont déroulés». Les violences djihadistes ont fait des dizaines de morts civils au cours des dernières semaines dans le centre-est du Mali et la région dite des trois frontières (entre Mali, Niger et Burkina Faso), selon la Minusma.

Cette vaste étendue est le théâtre de violences et d’affrontements entre bon nombre des organisations armées (régulières et irrégulières) présentes sur le terrain, y compris entre groupes affiliés à al-Qaida et à l’organisation État islamique. Les djihadistes sont accusés de s’en prendre aux civils qu’ils soupçonnent de collaborer avec leurs ennemis ou de les renseigner. Parallèlement, des ONG et d’ex-rebelles incriminent les forces armées maliennes (FAMa) pour des exactions présumées. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé l’armée malienne et ses «partenaires bilatéraux», dans un rapport remis récemment au Conseil de sécurité, à respecter lors des opérations antiterroristes leurs «obligations internationales».

 

Source: senenews

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