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Mali : La fin de l’opération Barkhane est-elle une « menace » crédible ?

En deux temps, la France a fait pression sur les autorités maliennes pour qu’un gouvernement soit rapidement nommé et qu’il ne compte pas de proches des islamistes. « Après tout, l’intervention au Mali a été pensée pour lutter contre une offensive islamiste, si les islamistes devaient prendre le pouvoir, pourquoi Barkhane devrait-elle rester au Mali ? », résume Caroline Roussy, chercheuse à l’Iris responsable du programme Afrique. Pour elle, la menace de départ portée par Emmanuelle Macron n’est peut-être pas totalement une menace en l’air.

Ce « coup de pression » a néanmoins peut-être une autre vertu pour Emmanuel Macron. La campagne présidentielle française de 2022 commence doucement mais sûrement et la question des opérations extérieures, coûteuses en vies humaines et en argent, pourrait se poser. « Emmanuel Macron n’a pas fait ses annonces dans une interview sur France 24 ou sur RFI mais dans une interview au Journal du dimanche, donc surtout à destination d’un public français », analyse Caroline Roussy. En attendant, le risque de cette stratégie à deux bandes est de rendre la présence française au Mali de plus en plus impopulaire.

Que comprendre aux coups de pression français contre les militaires au pouvoir ?

La France, très engagée militairement contre la lutte contre les groupes djihadistes au Mali, fait les gros yeux au pouvoir malien après le deuxième coup d’Etat en quelques mois

Deux coups d’Etat en neuf mois au Mali et de la friture sur la ligne avec la France, son principal allié militaire : la lutte contre les groupes islamistes au Sahel connaît des ratés. Pendant ce temps, plusieurs attaques attribuées aux djihadistes ont fait des dizaines et des dizaines de morts au Mali et dans les environs : 160 décès pour la dernière attaque en date ce week-end au Burkina-Faso. 20 Minutes essaye d’y voir plus clair dans les batailles d’influences en cours au Mali.

Que s’est-il passé la semaine dernière au Mali ?
Neuf mois après le coup d’Etat militaire du 18 août 2020, le Mali en a connu un nouveau, le lundi 24 mai. Il y a neuf mois, les militaires avaient accepté de céder une partie du pouvoir à des civils pour organiser une transition démocratique. Ce sont ces civils qu’ils ont en quelque sorte déposés le 24 mai en arrêtant le président Bah Ndaw et le premier ministre Moctar Ouane. Ils ont démissionné deux jours plus tard avant d’être libérés.

Pour « justifier » ce coup de force, les militaires parlent de « différends profonds » et de « blocages » imputés à l’ex-président. Ils l’accusent de s’être ingéré personnellement dans la préparation des élections prévues début 2022, et d’avoir bloqué l’arrestation de responsables suspectés de « mauvaise gestion financière ». Ils n’étayent ces incriminations d’aucune preuve. Ils paraissent admettre que Bah Ndaw et Moctar Ouane ont suscité leur ire en écartant du gouvernement deux d’entre eux, acteurs du putsch de 2020 nommés ensuite ministres de la Défense et de la Sécurité. Le colonel Goïta, resté le véritable homme fort de la transition depuis cet été, s’est fait nommer président par la cour constitutionnelle.

Quelle est la position de la France ?
La France est militairement très présente au Mali depuis janvier 2013 et l’appel à l’aide du président Dioncounda Traoré. Le Mali fait alors face à une offensive de rebelles indépendantistes et islamistes du nord du pays. A ce moment-là, la capitale, Bamako, semble menacée. L’intervention française retourne la situation mais le problème de l’avenir du nord du Mali reste entier. Aujourd’hui, autour de 5.000 militaires étrangers sont toujours sur place, la plupart français. La France, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest et l’Union africaine notamment ont dénoncé un « coup d’Etat inacceptable ». Ces organisations avaient déjà fait pression sur le Mali lors du coup d’Etat de l’été dernier. Ainsi, les militaires avaient fait une place aux civils dans le dispositif de transition.

Rebelote cette fois encore et le Mali a de nouveau été suspendu de la plupart des organisations régionales. Emmanuel Macron a, dans une interview au Journal du dimanche, carrément menacé de quitter le Mali si le pays devait faire le choix de « l’islamisme radical ». Jeudi, la France a annoncé suspendre les opérations militaires conjointes avec le Mali. Les implications paraissent significatives pour une armée malienne notoirement sous-équipée et sous-entraînée. Elle a perdu des centaines de soldats face aux djihadistes. De facto, Barkhane ne sort plus de ses bases dans le nord du Mali pour des opérations sur le terrain, dit un diplomate occidental sous le couvert de l’anonymat. Ces mesures sont « conservatoires et temporaires », a déclaré le ministère français des Armées.
20minutes.fr

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